dimanche 31 mars 2024

Rambouillet, 31 mars 1547


31 mars 1547  -  "Jésus ! Jésus !".


Après un règne d’une exceptionnelle longévité, François 1er meurt le 31 mars 1547 au château de Rambouillet. Il repose à la basilique Saint-Denis au côté de sa première épouse, Claude de France.

François 1er (1494-1547)

Ça s'est passé il y a quatre cent soixante-dix-sept ans.

... "Le roi de France, le mardi 29 mars de l'an 1547, a su qu'il allait mourir, que ses jours étaient comptés, que Dieu ne lui accordait point de sursis.

Depuis le mois de février et les premiers jours de mars, il avait cru, en dépit de la maladie, que Dieu ne l'appellerait pas encore en son royaume. Et il priait pour obtenir ces quelques mois de vie terrestre, se fiant aux dires de ses chirurgiens et de ses médecins.

Les chirurgiens avaient une nouvelle fois crevé l'abcès. Et le roi avait cru les praticiens qui lui avaient assuré qu'il n'était plus en péril de mort. C'est alors qu'il avait déclaré ne vouloir plus qu'une vie calme, enveloppée par la paix et le repos.

Il avait convoqué le dauphin Henri et lui avait recommandé quand il accéderait au trône, de protéger ses sujets de toutes les injustices. Puis il avait vu sa fille Marguerite et l'émotion avait été si forte qu'il avait pu garder longuement la main de Marguerite entre les siennes. "Sa tendreté de coeur paternel fut si grande qu'il fut contraint de tourner de l'autre côté de son lit."

Il avait écouté son aumônier, l'évêque de Mâcon, Pierre Duchâtel, et les paroles du prête l'avait réconforté. Mais le mardi 29 la fièvre avait été si forte, l'épuisement si profond qu'il avait compris que chaque partie de son corps était envahie par les armées funestes de le mort.

Il avait demandé l'extrême-onction. Il désirait être prêt à comparaître devant le grand tribunal de Dieu.Il ne voulait "point partir de ce monde sans avoir tous les caractères et enseignes d'un chevalier sous l'étendard et conduite de Jésus-Christ". Il s'était confessé.

Et il avait entendu une femme crier devant la porte de la chambre du roi : "Terre, engloutis-moi !" Il avait reconnu la voix de la duchesse d'Etampes à laquelle on ordonnait de quitter le château de Rambouillet, qui allait être la dernière demeure du roi de France. Et le roi devait se présenter devant Dieu blanchi de ses péchés. Et la duchesse d'Etampes pendant vingt ans avait été l'amour illégitime du roi. Elle avait encore crié "Terre engloutis-moi !" et elle s'était jetée sur le sol. Puis on l'avait entrainée Et elle avait gagné l'un de ses petits châteaux, présents du roi.

Le roi avait reçu ses proches et ses familiers. "Mon fils, avait-il dit au dauphin Henri, vous m'avez été un bon fils et je m'en contente..." Il avait béni son fils, mais le roi reconnaissait-il encore ceux qui s'approchaient de son lit d'agonie ? Le mercredi matin 30 mars de l'an 1547, il avait recouvré sa conscience et dit à son fils : "Mon fils faites-vous encore votre devoir ? Dieu vous le rendra !" Il le bénit pour la troisième fois.

C'est le grand jeu de la mort et de la vie qui se livre ainsi dans la nuit du mercredi 30 mars de l'an 1547. Le roi reconnait ses serviteurs puis son regard se dérobe et n'est plus qu'un brouillard qui lui ternit tout le visage. Il prononce des propos incohérents puis il revient à la raison et, le jeudi 31 mars de l'an 1547, il entend la messe.

C'est l'alternance de la brève clarté à l'ombre dense.
Il pardonne, il embrasse, il réconforte.
On a glissé une croix entre ses mains à la peau grise, il la porte à ses lèvres, et la garde serrée contre sa poitrine.

Il dit "Jésus." - C'est un souffle. - "Je l'ai dit, je l'ai dit Jésus." - Il se signe.

Le roi de France se meurt. Il est deux heures de l'après-midi, le jeudi 31 mars de l'an 1547."


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Source : Texte de Max Gallo de l'Académie française : François 1er, Roi de France, Roi-chevalier, Prince de la Renaissance française - (Chapitre 87 pages 366-368) - Editions XO, 2014.
Pour les curieux : "François 1er" par Didier Le Fur, éditions Perrin, collection Tempus (format poche), août 2018,

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dimanche 24 mars 2024

Un roi mal-aimé


24 mars 1603 - L'Écosse et l'Angleterre, réunies.


Mort d'Elizabeth 1ère et avènement de Jacques 1er

Jacques VI et 1er par Daniel Mytens l'Ancien (1621).

Ça s'est passé il y a 421 ans.

Le 24 mars 1603 meurt la reine Elizabeth 1ère, plus grand souverain qu'ait jamais eu l'Angleterre. Avant de mourir, la "reine vierge" a clairement désigné pour successeur son plus proche héritier, le roi d'Écosse Jacques VI Stuart. Celui-ci monte donc sur le trône d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er d'Angleterre.

Le nouveau souverain est le fils de Marie Stuart, décapitée sur ordre d'Elizabeth, et de lord Darnley, lui-même exécuté par sa femme Marie. Ses droits sur le trône d'Angleterre viennent de ce qu'il est par sa mère l'arrière-arrière-petit-fils du roi Henri VII Tudor, tandis qu'Elizabeth 1ère était sa petite-fille.

Le nouveau souverain a été proclamé roi d'Écosse sous le nom de Jacques VI par les nobles en révolte contre sa mère quand il n'avait encore qu'un an, en 1567.

Enfant, Jacques VI a d'abord vécu dans l'ombre de plusieurs régents. Intelligent et dissimulateur, il a bénéficié d'une excellente éducation grâce à son précepteur George Buchanan et il est arrivé à se maintenir en-dehors des conflits entre catholiques pro-français et protestants pro-anglais.

Adulte, il s'est montré indifférent au sort de sa mère emprisonnée en Angleterre et s'est rapproché de la reine Elizabeth. C'est donc tout naturellement qu'il lui succède sur le trône d'Angleterre.

À 37 ans, le nouveau souverain inaugure l'union personnelle de l'Écosse et de l'Angleterre, les deux pays conservant leur indépendance. Sa volonté de conciliation se manifeste dans l'inhumation à Westminster, à quelques mètres de distance, des deux reines ennemies, Marie et Elizabeth.

En Écosse, Jacques VI Stuart a été élevé dans la religion calviniste. Cette variante du protestantisme se distingue de la religion presbytérienne, majoritaire en Écosse, comme de l'Église épiscopale anglicane, majoritaire en Angleterre.

En succédant à Elizabeth 1ère, le roi se convertit à la religion anglicane et devient le chef de cette Église, majoritaire en Angleterre.

Le roi Jacques 1er dissipe très vite le capital de sympathie dont il a hérité à son avènement. Il cache mal son goût pour l'absolutisme et la monarchie de droit divin, sujets sur lesquels il a écrit des traités.

Dans les dix dernières années de son règne, Jacques 1er accroît les haines contre sa personne en accordant sa confiance à un courtisan, le beau George Villiers. Le favori accède aux plus hautes dignités de la cour (grand amiral, grand écuyer...), acquiert en 1623 le prestigieux titre de duc de Buckingham et s'enrichit au-delà de toute mesure.

Chargé de négocier le mariage du prince de Galles, le futur Charles 1er, avec une infante espagnole, Buckingham scandalise la cour de Madrid par son comportement, fait échouer le projet de mariage et, qui plus est, entraîne son pays dans un conflit avec l'Espagne.

Il souhaite également réunir tous ses sujets dans la foi anglicane, ce qui ne tarde pas à exciter contre lui les catholiques. Ceux-ci montent le 5 novembre 1605, contre lui la "Conspiration des Poudres"(*). Les puritains protestants, pour leur part, choisissent l'exil de l'autre côté de l'Atlantique.

Débuté sous les meilleurs auspices, c'est dans ce climat délétère que se termine le règne du roi Jacques 1er, qui meurt le 27 mars 1625. Les Anglais reportent sur son fils, Charles 1er, l'espoir d'un redressement de la monarchie. Ils vont aller de déception en déception. Un quart de siècle plus tard, Charles 1er monte sur l'échafaud.


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(*) La conspiration des Poudres (actuellement appelée en anglais Gunpowder Plot, auparavant Gunpowder Treason Plot) est un attentat manqué contre le roi Jacques 1er d'Angleterre et le Parlement anglais par un groupe de catholiques provinciaux anglais conduits par Robert Catesby. Aujourd'hui, le 5 novembre, en angleterre, est le Bonfire Night, une journée de célébration juste pour le plaisir de la célébration, avec pétards et feux d'artifices..


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Alan Stewart, The Cradle King : A Life of James VI & I, 2003. (en anglais)

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samedi 23 mars 2024

Mort d'Archimède de Syracuse


212 av. J.-C. - "Ne dérange pas mes cercles".


l'auteur du célèbre principe : "Tout corps plongé dans un liquide subit, de la part de celui-ci, une poussée exercée du bas vers le haut et égale, en intensité, au poids du volume de liquide déplacé", meurt d'un simple et idiot coup d'épée.

Archimède de Syracuse (287 av. J.-C. - 212 av. J.-C.)

Ça s'est passé il y a 2236 ans.

Archimède de Syracuse fut un savant universel de l'antiquité et l'un des plus grands mathématiciens ayant jamais existé. Il serait né vers les années 287 av. J.-C en grèce. Son père Phidias fut un éminent astronome, comme tous les pères il voulait que son fils reçoive la meilleure éducation, il l'inscriva donc à la très prestigieuse école d'Alexandrie.

Eminent scientifique, il a contribuér à l'élaboration de l'hydrostatique, découvert une force mystérieuse qui existe pour tous les corps plongé dans un fluide. Force qu'on appelle aujourd'hui poussée d'Archimède. Et nous lui devons la fameuse et celebre expression "eurêka", "J'ai trouvé".

Ses travaux en géométrie et en mécanique sont inégalables. Il est surnommé le père de la mécanique statique. Hormis ses différents travaux scientifiques, il a été surtout reconnu comme étant un ingénieur millitaire hors pair. À lui seul il a inventé diverses machines de guerre telle que la griffe d'Archimède.

Malheureusement pour Archimède, en l'an 212 av. J.-C., la ville de Syracuse allait tomber aux mains des Romains. À ce moment là, le vieux Archimède âgé de 75 ans était en train de faire de la géométrie sur le sol. Trop pris par ses travaux, il était inconscient de l'arrivée des soldats Romains, il n'a pas eu le temps de s'échapper.

Un soldat romain croisa Archimède alors que celui-ci traçait des figures géométriques sur le sol. Troublé dans sa concentration par le soldat, Archimède lui aurait lancé "Ne dérange pas mes cercles". Le soldat se sentant offensé par le mépris dont faisait preuve Archimède à son égard, sans hésiter, sorti son épée et lui transperça l'abdomen. C'est ainsi qu'Archimède mourut.

La mort d'Archimède par Edouard Vimont (1846-1930).


Le général consul Marcus Claudius Marcellus qui dirigeait l'armée romaine, et qui avait en haute estime le savant, ne désirait pas sa mort et fut navré d'apprendre son décès. Il fit organiser des funérailles grandioses, et sur le tombeau du savant, il fit graver... une sphère et son cylindre circonscrit et, pour inscription, le rapport du solide contenant au solide contenu.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.

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jeudi 21 mars 2024

Bataille de Vincy (ou Vinchy)


21 mars 717 - Charles Martel devient maître de l’Austrasie


Charles Martel, écarté du pouvoir après le décès de Pépin de Herstal, cherche à retrouver la charge de maire du palais des deux royaumes détenue par son père, la Neustrie et l'Austrasie.

Charles Martel par Jean Baptiste Joseph De Bay père (1779-1863),
Galerie du château de Versailles.

Ça s'est passé il y a mille trois cent sept ans.

Au moment de cette bataille, Charles Martel est maire du palais d’Austrasie — partie du royaume des Francs correspondant au nord-est de la France actuelle, et dont la capitale est alors Metz —, cependant que l’officiel roi des Francs depuis 715, Chilpéric II, ne règne dans les faits que sur le seul royaume de Neustrie — partie du royaume des Francs dont l’étendue correspond au nord-ouest de la France actuelle, et dont la capitale est Soissons.

La Gaule à l'avènement de Charles Martel en 714.

A la mort en 714 de Pépin de Herstal (dit aussi Pépin le Gros ou Pépin d’Héristal), père de Charles Martel et lui aussi maire du palais d’Austrasie, les Neustriens se soulevèrent pour reprendre leur indépendance ; ils battirent les Austrasiens, élurent pour maire Rainfroi (Ragenfried), tirèrent du cloître un descendant incertain des rois mérovingiens et le firent roi sous le nom de Chilpéric II. Puis ils s’allièrent avec les Frisons — peuple germanique —, pour que ceux-ci attaquassent l’Austrasie par le nord, et eux-mêmes s’avancèrent jusqu’à la Meuse.

"Il y eut alors de grands troubles et de terribles persécutions dans les royaumes des Francs ", peut-on lire sous la plume du deuxième continuateur de la Chronique de Frédégaire. Un fils naturel de Pépin d’Herstal, Charles Martel, homme fait et déjà célèbre par sa valeur, avait été, au désir de l’épouse de Pépin, Plectrude, emprisonné quelque temps avant la mort de son père, sans que la cause en soit connue. Il s’échappe de sa prison, se présente aux Austrasiens découragés d’avoir pour chefs une femme (Plectrude) et un enfant (Théodebald, petit-fils de Pépin alors âgé de 6 ans), et se met à leur tête, en 715. Il court au-devant des Frisons, qui allaient se joindre aux Neustriens ; mais il est battu. Alors les Neustriens traversent les Ardennes sans obstacle, se joignent aux Frisons devant Cologne, forcent Plectrude, qui s’était renfermée dans cette ville, à leur livrer une partie de ses trésors, et reprennent le chemin de leur pays, en 717.

Mais Charles épiait leur retour : il les attaque et les bat complètement à Vincy(*), le 21 mars 717, près de Cambrai, les poursuit jusqu’à Paris, et il les aurait entièrement détruits si une irruption de Saxons ne l’eût forcé de revenir sur le Rhin. Il repoussa les Barbares, jeta, à l’exemple de son père, des troupes de moines sur leur pays, puis se tourna sur Cologne et s’empara de cette ville. Plectrude, dont le petit-fils venait de mourir, "lui rendit les trésors de son père et remit tout en son pouvoir", nous apprennent les Annales d’Éghinard. Alors il se donna un roi de la famille mérovingienne nommé Clotaire (Clotaire IV), et gouverna tout l’empire avec le simple titre de chef ou duc des Francs.

Remarquons qu’il plane une incertitude quant au Vincy mentionné par les anciennes chroniques. Selon Maximilien Melleville, érudit qui consacra plusieurs ouvrages à sa ville natale de Laon, beaucoup d’auteurs placent le lieu de la bataille livrée par Charles Martel, à Vincy-Reuil-et-Magny, petit village de l’ancienne Thiérache, situé sur la rive droite de la Serre, à 45 km au nord-est de Laon. Melleville précise que dom Lelong, qui rédigea notamment une Histoire du diocèse de Laon, place quant à lui le lieu de cette bataille à Vincy, près de Crèvecœur-sur-l’ Escaut — à 8 km au sud de Cambrai.

Quoi qu’il en soit, après cette bataille, les Neustriens n’étaient pas entièrement abattus ; ils cherchaient partout des ennemis aux Austrasiens, et demandèrent des secours à Eudes d’Aquitaine "en lui envoyant des présents et la royauté" (Chronique de Frédégaire). Les Aquitains regardaient les Francs du Rhin comme bien plus barbares que ceux de la Seine ; ils avaient à craindre que les bandes de Charles ne voulussent, comme celles de Clovis, goûter des fruits et des richesses du midi : ils se réunirent donc aux Neustriens et marchèrent contre Charles, en 718. Celui-ci les battit près de Soissons, et les poursuivit jusqu’à Orléans. Eudes revint à grand-peine dans son pays, emmenant avec lui Chilpéric II, et il n’obtint la paix et la possession paisible de ses États qu’en livrant ce roi et ses trésors (719). Charles Martel, dont le roi Clotaire IV venait de mourir, fit reconnaître Chilpéric par les trois royaumes — Austrasie, Neustrie, Aquitaine —, et régna seul comme son père.

Ce fut le dernier effort des Neustriens, qui désormais ne furent plus distingués de l’ancienne population gauloise et suivirent ses destinées. Le siège de l’empire des Francs se trouva alors transporté vers la Meuse et le Rhin, au centre de leur ancienne patrie. C’est ce qui doit arrêter les invasions du Nord, auxquelles avaient succombé les Neustriens, après les Romains, et auxquelles auraient succombé à leur tour les Austrasiens si, au lieu de rester armés sur les bords du Rhin, ils s’étaient éparpillés dans la Gaule.

Après cette bataille le pouvoir passa définitivement des mains des Mérovingiens à celles des Carolingiens.


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(*) Vincy ou Vinchy ou Vinciac, aujourd'hui : Les Rues-des-Vignes, commune française située dans le département du Nord (59), dans la vallée du Haut-Escaut aussi appelée vallée de Vinchy, à douze kilomètres au sud de Cambrai, en région Hauts-de-France.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de l'article paru sur le site La France Pittoresque, d’après "Histoire des Français depuis le temps des Gaulois jusqu’en 1848" (tome 1), édition de 1868 et "Dictionnaire historique, généalogique et géographique du département de l’Aisne " (tome 2), paru en 1857.
Pour les curieux : Jean Deviosse, Charles Martel, Tallandier, 1978

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dimanche 17 mars 2024

Amboise, le tumulte


15-17 mars 1560 - L’enlèvement avorté du Roi.


Le parti réformé tente de s’emparer de la personne du roi pour le soustraire à l’influence des Guise. L’échec de cette conspiration et la brutalité de sa répression préfigure les guerres de Religion dans le royaume de France.

17 mars 1560 : l'échec de la Conjuration d'Amboise.

C'était il y a quatre cent soixante-quatre ans.

Après la mort d’Henri II en 1559, Catherine de Médicis est régente pour son fils le roi François II. Le pouvoir effectif est exercé par la régente et par les Guise : le François de Lorraine, duc de Guise est lieutenant général du royaume. Les protestants se sentent menacés après l’exécution du conseiller au parlement de Paris Anne du Bourg.

Le parti réformé décide alors de s’emparer de la personne du roi pour le soustraire à l’influence des Guise.

La reine Élisabeth d’Angleterre, chef de l’Église anglicane, accorde une subvention à la conjuration.

Antoine de Bourbon refuse de diriger la conjuration. On pense alors à Louis de Bourbon, prince de Condé. Calvin et Théodore de Bèze, et la plupart des Églises réformées désavouent la préparation.

Le chef du complot, Jean du Barry, seigneur de La Renaudie, un petit noble périgourdin, réunit une troupe d’environ 200 hommes qui arrive par la Loire et assiège Amboise où la cour est installée. Mais il y a des fuites, les Guise parviennent à capturer les conjurés et dès le 17 mars 1560, la répression commence.

La Renaudie est tué, son corps est écartelé. Les autres chefs de la conjuration sont exécutés à Amboise devant la cour et des notables, spécialement invités pour assister au supplice. Le Maréchal de Vieilleville raconte la scène dans ses Mémoires: "Le sang ruisselait à travers les rues de la ville et les bourreaux ne pouvaient suffire. Sans jugement préalable on jetait les hommes pieds et mains liés dans la Loire. Celle-ci resta plusieurs jours couverte de cadavres."

Le prince de Condé désavoue ses partisans. La répression suscite en divers lieux des soulèvements de protestants qui s’emparent d’églises pour y célébrer leur culte.

La Cour de France s'éloigne alors de la ville où les corps en putréfaction diffusent une odeur pestilentielle. C'est à la suite de cet épisode que les Rois de France cessèrent de venir au Château d'Amboise.



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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : ROMIER Lucien, La conjuration d’Amboise, Perrin, Paris

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vendredi 15 mars 2024

"Tu quoque, mi fili !"


15 mars 44 av. J.-C. -  L'assassinat de César.


Cerné par une mêlée confuse de conjurés fébriles, le dictateur succombe sous les coups de poignard. L'assassinat de César était censé rétablir la République. Il contribuera au contraire à instaurer l'Empire.

La mort de César, un meurtre fondateur.

Ça s'est passé il y a deux mille soixante-huit ans.

César a une soif de pouvoir sans limites. Ses nombreuses conquêtes militaires (guerre des Gaules, bataille de Pharsale, Thapsus en Afrique, etc.) et la prospérité de Rome lui valent la confiance du peuple et des sénateurs. En 48 av. J.-C., de consul de Rome il devient dictateur, fonction qui ne peut en principe être exercée que pendant les périodes de catastrophes nationales, puis dictateur à vie, en 44 av. J.-C. Son ambition démesurée inquiète les défenseurs de la République.

Le dictateur est trahi par des sénateurs. Le cerveau de l’opération est Caius Cassius Longinus qui va solliciter l’aide de Brutus. Tous deux étaient des anciens partisans de Pompée, l’adversaire de César pendant la guerre civile de 49 av. J.-C. Le troisième homme de l’opération est Decimus Brutus Albinus, lieutenant et ami proche de César. Autour d’eux, ils réunissent une soixantaine de conspirateurs.

Les comploteurs retiennent le scénario de l’assassinat en pleine séance du Sénat, le jour des festivités des ides de Mars. Car le temps presse. César doit partir en expédition trois jours plus tard contre les Parthes, dans la Perse antique. Et les conjurés veulent absolument empêcher une nouvelle guerre, surtout contre ce peuple de redoutables guerriers. Le 15 mars 44 av. J.-C., alors que la ville est en fête, les assassins attendent leur proie à l’entrée de la curie de Pompée, sur le Champ de Mars, où doit se dérouler la réunion.

César arrive vers 11 heures à la réunion. La mine pâle, il est transporté sur une litière. Le tyran a été malade dans la nuit. À son entrée, les sénateurs se lèvent en son honneur. L’un d’eux, Lucius Tillius Cimber, lui présente une supplique de la part de son frère en exil. César lui répond par un geste dédaigneux de la main. Le ton monte entre les deux hommes. Tillius saisit César par le col à deux mains. C’est le signal de l’attaque. Cassius tire son poignard et vise le cou du dictateur. Tous les hommes se mettent à frapper.

César reçoit 23 coups de couteau. Il pousse, dit-on, des hurlements de fauve. Dans le groupe de ses assassins, César voit Brutus, le fils de sa maîtresse Servilia, qu’il a vu grandir. L’historien Suétone rapporte que César lui aurait alors dit en grec : "Kai su teknon !" ("Toi aussi, mon petit !"). Traduit en latin par "Tu quoque mi fili !" (littéralement "Toi aussi, mon fils"), ces derniers mots alimenteront la fausse rumeur que Brutus était le fils de César.

Quelques semaines avant sa mort, l’haruspice Spurinna, un devin étrusque, avertit César de " prendre garde à un péril qui ne serait pas reculé au-delà des ides de Mars". Mais le tyran ne se doute pas qu’il s’agit de sa mort. L’historien Appien raconte que, la veille de l’assassinat, César dîne chez son maître de la cavalerie, Lépide, en compagnie de son ami Decimus Brutus Albinus (l’un des traîtres). Ivre, il lance comme sujet de conversation : "Quelle est pour l’homme la meilleure mort ? " Et d’argumenter qu’il préférerait une mort soudaine et inattendue…

À l’entrée de la curie, César décide de reporter la réunion. Comme le veut la coutume, avant un événement important, un prêtre examine les entrailles d’un animal sacrifié pour avoir l’assentiment des dieux. Ce jour-là, on tue trois bêtes et on n’y voit que des mauvais présages. Mais Decimus Brutus Albinus convainc César de maintenir la réunion. En chemin, le rhéteur Artémidore lui remet un billet, dans lequel il lui révèle le complot. "Lis ceci, César, seul et tout de suite, il s’agit d’affaires d’une extrême importance pour toi", insiste-t-il. César le tient encore dans sa main quand il est tué, sans avoir pu le lire.

À la sortie de la curie, la vue de ces hommes ensanglantés, un poignard à la main, sème la panique. On verrouille les portes des maisons, les volets claquent, les échoppes sont désertées. Brutus et les conjurés se réfugient au Capitole pour se mettre à l’abri.

Les conspirateurs avaient prévu de jeter le corps de César dans le Tibre, sans cérémonie. Mais Marc Antoine, qui se retrouve au pouvoir, insiste pour qu’aient lieu des funérailles publiques. Le 20 mars, on dresse le bûcher sur le Champ de Mars. La lecture du testament galvanise l’assistance : César lègue trois pièces d’or à chaque citoyen romain ! Dans un accès de frénésie, les vétérans jettent leurs armes dans le bûcher et les femmes leurs bijoux pour manifester leur douleur.

Les conjurés ne sont pas jugés. Mais peu de temps après les funérailles, Cassius et Brutus s’exilent par peur de la vindicte populaire.



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Source : Texte inspiré de l'article écrit par Julia Zimmerlich de l'équipe "Ça m'intéresse", le 27/09/2021.
Pour les curieux : Barry Strauss, La mort de César, Albin Michel, 2018, 334 p. Traduit de l'anglais par Clotilde Meyer.

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mercredi 13 mars 2024

L'exécution de Louis de Bourbon


13 mars 1569 - Bataille de Jarnac.


Louis 1er de Condé, descendant de Louis IX (saint Louis), est le chef des protestants lors des trois premières guerres de religion jusqu’à la bataille de Jarnac. Blessé, il y meurt assassiné.

Louis 1er de Bourbon, prince de Condé,
duc d'Enghien (1530-1569)

C'était il y a quatre cent cinquante-cinq ans.

Il y a quatre cent cinquante cinq ans, le 13 mars 1569, Louis de Bourbon, prince de Condé trouvait une mort misérable au cours d'un combat mal engagé.

A la bataille de Jarnac, épisode de la Troisième guerre de Religion, s’oppose la cavalerie protestante de Coligny et du prince de Condé à l’armée Royale commandée par le duc d’Anjou, frère cadet de Charles IX et futur Henri III.

Bataille sans panache, ce jour de mars 1569 reste dans les mémoires, d'abord à cause de cette mort, ensuite à cause du résultat de cette rencontre, résultat qui modifia profondement les plans des armées huguenotes.

Pendant la trêve qui suit la paix de Longjumeau, Louis de Bourbon, prince de Condé se retire à Noyers. Il s’en échappe le 23 août, menacé par les troupes royales, et rejoint La Rochelle avec Coligny le 19 septembre. Ils y retrouvent Jeanne d'Albret et ses Gascons, accompagnée du sieur de Piles, de ses gentilshommes périgourdins, des cavaliers du sénéchal de Poitou Fonteraille, puis plus tard par Jacques II de Crussol dit le baron d’Acier.

Des les premiers jours de mars 1569, les huguenots ressemblent leurs troupes dans le quadrilatère : Saint-Jean-d'Angély, Saintes, Martha et Cognac. Un peu plus à l'est ils pensent être proteger par le fleuve la Charente, qui coule du nord au sud, de Montignac à Angoulême.

Dans la nuit précédant la bataille, le duc d’Anjou fait élargir et consolider un pont afin de franchir le fleuve et ainsi surprendre l’armée protestante. Surpris, Coligny et Condé peinent à rassembler leur troupe éparpillée.

Après une escarmouche autour du village de Bassac, le prince de Condé décide de lancer ses 300 cavaliers sur l’armée royale composée de quelques centaines de reîtres du Rhingrave et de quelques centaines de lansquenets allemands.

Condé et ses 300 cavaliers s’enfoncent dans les lignes ennemies mais à force d’y pénétrer ils s’y retrouvent prisonniers et cernés de toutes parts : c’est la curée, les protestants sont décimés et Condé blessé, immobilisé sous son cheval mort, la jambe brisée durant le combat, se rend. Faisant fi de tous les usages qui auraient voulu qu’il soit capturé et mis à rançon, Joseph-François de Montesquiou, un capitaine des gardes du duc d’Anjou, le tue de sang-froid d’un coup de pistolet. Promené sur une ânesse en signe d’ultime humiliation, son cadavre est l'objet des quolibets de l'armée catholique avant d'être exposé pendant deux jours sur une table au château de Jarnac. Son corps fut ensuite remis au duc de Longueville qui le fit inhumer à Vendôme, dans la nécropole de ses ancêtres Bourbon.

bataille de Jarnac.
Au premier plan, le cadavre de Condé juché sur un âne.
(Enluminure, Bibliothèque municipale de Lyon)

Cette mort précipite l’entrée en scène du jeune Henri de Navarre, promu alors commandant en chef des armées protestantes.

La bataille de Jarnac n’a été qu’une simple virgule de la Troisième guerre de Religion, un léger affrontement de faible ampleur et la victoire catholique sera peu décisive pour la suite des événements même si, côté huguenot, la perte du prince de Condé est vécue comme un coup terrible.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : LE ROUX Nicolas, Les Guerres de religion 1559/1629, Belin, 2009

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dimanche 10 mars 2024

Qui a tué Marc-Antoine ?


10 mars 1762 - Exécution de Jean Calas.


L'affaire Calas : un innocent, implorant justice, condamné sans preuves, un procès instruit au mépris des lois, et le plus mystérieux : personne n'a jamais su qui avait tué Marc-Antoine Calas.

Jean Calas condamné au supplice de la roue
sur l'actuelle place Saint-Georges à Toulouse.

Ça s'est passé il y a deux cent soixante-deux ans.

Sur les registres de police du 13 d'octobre 1761, c'est la découverte d'un cadavre, qui retient l'attention. Ce soir-là, à 22 heures, le jeune Marc-Antoine Calas, 28 ans, est découvert mort "pendu ou étranglé ", dans le magasin de ses parents, marchands d'indiennes au 16 de la rue des Filatiers, au cœur de la ville.

Nous sommes à Toulouse, le capitoul du quartier, David de Beaudrigue, est chargé de l'affaire. Pour ce catholique fervent, la solution de l'énigme est toute trouvée. Marc-Antoine était désireux de se convertir au catholicisme et le coupable est tout désigné : "C'est le père qui a fait le coup !" Ce huguenot, d'autant plus farouche qu'ils sont de plus en plus minoritaires à Toulouse, n'a pas supporté ce projet de conversion et a donc assassiné son propre fils.

Il faut noter que l’édit de Nantes de 1598 est révoqué. L'édit de tolérance reconnaissant la liberté de culte aux protestants, n’est plus. Louis XIV l’a révoqué le 18 octobre 1685 et que depuis les dragonnades se multiplient pour convertir de force les protestants. Bien que les conséquences de cette politique se révéleront négatives pour le royaume, tant sur le plan économique que sur le plan diplomatique, Louis XV décide de la pérenniser.

Bien que ne reposant sur aucune preuve, l'affirmation du capitoul apparaît comme particulièrement séduisante en cette période de reconquête des âmes par les catholiques. Elle est immédiatement acceptée. Singulièrement par ce parlement ultra-papiste, réputé les comme "le plus aristocratique et réactionnaire de France". Mais aussi par la population toulousaine (50 00 habitants) dont les chefs de file entretiennent savamment la peur et la haine des protestants aux cris de "calvinistes vendus à l'étranger".

C'est dans ce climat d'exaltation, d'exclusion et d'intolérance religieuse que va se dérouler l'instruction du procès. Et que, le 9 mars 1762, sera rendu un verdict sans surprise. le Parlement de Toulouse condamne Jean Calas à la peine de mort par 8 voix contre 5, pour avoir assassiné son fils Marc-Antoine. Il sera également soumis préalablement à la question ordinaire et extraordinaire afin qu’il avoue son crime puisque le dossier est vide. Le Parlement est sursis à statuer sur le cas des autres accusés, Gaubert Lavaysse, un ami des fils de la famille, présent sur les lieux le jour du crime et Jeanne Viguière, servante au service des Calas depuis plus de vingt cinq ans. Les juges attendent les aveux de Jean Calas.

Le 10 mars 1762 au matin, le capitoul David de Beaudrigue soumet le condamné à un dernier interrogatoire. Jean Calas exténué, ne variera pas et confirmera qu’il est innocent ainsi que son entourage. Il subit donc la question ordinaire puis extraordinaire sans rien avouer.
L’après-midi, il endure le supplice de la roue sur l'actuelle place Saint-Georges. L’arrêt du Parlement de Toulouse a prévu que le bourreau "lui rompra et brisera bras, jambes, cuisses et reins, ensuite l'exposera sur une roue qui sera dressée tout auprès du dit échafaud, la face tournée vers le ciel pour y vivre en peine et repentance des dits crimes et méfaits, (et servir d'exemple et donner de la terreur aux méchants) tout autant qu'il plaira à Dieu lui donner de la vie". Durant l’épreuve, Jean Calas est resté digne et ferme, "il ne jeta qu'un seul cri à chaque coup" et ne confessa rien au Père Bourges
Après deux heures passées sur la roue, le bourreau l'étrangle puis jette son corps dans un bûcher ardent. ses cendres sont dispersées au vent.
Le 17 mars, les juges décident de bannir Pierre Calas à perpétuité et d’acquitter Madame Calas, Lavaysse et la servante Jeanne Viguière.

Commence alors ce qui demeure dans l'histoire comme "l'affaire Calas". Les humanistes s'indignent, et à leur tête Voltaire qui se déclare bouleversé par le fanatisme qui a conduit Calas à la mort. Plus d'un siècle avant le "J'accuse" de Zola, il entame une véritable campagne d'opinion à l'échelle européenne et parvient à arracher la réhabilitation de Calas. Le 9 mars 1765, les magistrats de la Cour royale, à Versailles, rétablissent la veuve de Jean Calas dans ses droits, et réhabilitent la mémoire de son défunt époux devenu le symbole du combat des Lumières pour la tolérance et contre le fanatisme…

La seule arme de Voltaire aura été sa plume. Et sa raison. En 1763, il publie son "Traité de la tolérance", directement inspiré de l'affaire Calas.

Dans ce texte fondateur qui sera repris dans le souffle de 1789, l’auteur à succès de Candide jette les bases de la lutte contre l'obscurantisme et le fanatisme., deux dévoiements de l'esprit qu'il rassemble sous un mot "l'Infâme". Il fait un parallèle entre la mort de Socrate et de Jésus et lance la phrase capitale "Puissent les hommes se rappeler qu'ils sont tous frères."

L’affaire Calas n’eut aucune conséquence immédiate sur la législation antiprotestante. Ce fut en 1787 que Louis XVI se décida à signer l’édit de Versailles, édit de tolérance restituant aux protestants uniquement leur état civil. Deux ans plus tard, la Révolution est en marche et bouleverse l’ancien ordre : la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 proclame, dans ses articles 10 et 11, la liberté de conscience et la liberté d’opinion.


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Sources : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia, d'un article de la Dépêche, publié le 11/03/2012 ainsi que le site internet : https://www.justice.gouv.fr/actualites/actualite/laffaire-calas#proces
Pour les curieux : Voltaire, L'Affaire Calas et autres affaires, préface de Jacques Van den Heuvel Folio Folio classique
mais aussi : de Jack Thomas "1762. L'affaire Calas, religion et intolérance au siècle des Lumières" Editions Midi-Pyrénéennes.

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samedi 9 mars 2024

Napoléon épouse Joséphine


9 mars 1796 - ..."mariez-nous vite !”.


L'histoire se souvient d'un mariage expéditif organisée à la va-vite. le 19 ventose an IV (9 mars 1796) Napolione Bonaparte, général en chef de l'armée d'intérieur, épouse Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie.

Bonaparte et sa bien aimée épouse Joséphine, née de la Pagerie.

Ça s'est passé il y a deux cent vingt-huit ans.

C’est à 20h, le 9 mars 1796, au 3 rue d’Antin, dans l’annexe de la mairie du 2e arrondissement de Paris, l’Hôtel Mandragon, qu’est programmé le mariage civil de Napolione Buonaparte et de Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, ex-vicomtesse de Beauharnais, veuve du Général Alexandre de Beauharnais, guillotiné pendant la Terreur et mère de deux enfants.

Bien qu'elle se prénome Marie Josèphe Rose, Napoléon est le seul à l’appeller Joséphine. Il vient d’être nommé général en chef de l’Armée d’Italie, et doit repartir quelques jours plus tard. Il ne connait sa future épouse que depuis moins de 6 mois.

Bonaparte est l'homme providentiel choisi par Barras, l'homme fort du Directoire, pour remettre de l'ordre dans la République menacée par les monarchies européennes. Joséphine de Beauharnais est la reine de Paris. Barras, toujours lui, en a fait sa maîtresse. Joséphine est volage, mais elle possède un charme et un entregent qui sont utiles à l'ambitieux général, qui est plus à l'aise sur les champs de bataille que dans les salons parisiens. L'intérêt n'est pourtant pas le ciment de cette union. Ils s'aiment.

À 20h, trois témoins, Paul Barras, Jean-Lambert Tallien et Étienne-Jacques-Jérôme Calmelet sont là à attendre avec Joséphine l’arrivée de ce jeune général et de son témoin, son aide de camp le capitaine Jean Lemarois, qui n’a pas encore 21 ans, et normalement ne pourrait rien signer. L’attente est bien longue, l’officier d’état-civil, Leclercq, fatigué, se retire et laisse place au commissaire du directoire Collin-Lacombe qui est habilité pour célébrer un mariage.

Acte mariage Napoléon Bonaparte Joséphine de Beauharnais.

Enfin, à 22h, dans le couloir, des bruits de bottes résonnent, c’est l’arrivée de Bonaparte, accompagné de son aide de camp. Bonaparte lance un "mariez-nous vite !” . Cette précipitation donnera quelques irrégularités dans le contrat de mariage. Notamment : Napoléon et Joséphine se déclarent âgés de vingt-huit an. En vérité vingt-six et trente-deux ans, l'officier d'état civil, ferme les yeux et saura le vieillir d'un an… et la rajeunir de quatre. Les apparences sont sauves; Napoléon se donne comme titre “Général en chef de l’Armée de l’intérieur”, il vient (seulement) d’être nommé “Général en chef de l’Armée d’Italie”, ce qui n’est pas tout à fait pareil; mais le pompon revient à la présence sur place et sur l’acte, du nom du général Alexandre de Beauharnais, qui est mort guillotiné deux ans plus tôt !

Et moins de 30 minutes après la lecture et la signature de l’acte de ce mariage civil, chacun s’en retourne chez soi. Pas de fête, ni même minime, pas de banquet, rien du tout. Napoléon raccompagne Joséphine dans l’hôtel qu’elle loue depuis 1795, rue Chantereine, qui sera, en 1797, rebaptisée en l’honneur de la victorieuse campagne d’Italie “rue de la Victoire”, et il y reste dormir pour la nuit. Ce mariage civil ne sera pas suivi d’un mariage religieux.

On raconte que, lors de la nuit de noces, Fortuné, le petit chien carlin de Joséphine, n’appréciant pas de voir le nouveau marié dans le lit de sa maîtresse, aurait mordu Bonaparte au mollet...

Le mariage durera 13 ans. Elle ne peut lui donner l'héritier tant attendu et doit se résoudre à accepter le divorce en 1809.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : André Castelot, Joséphine, Librairie Académique Perrin, 1964.

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mardi 5 mars 2024

De la IIIe République


5 mars 1876 - Enfin une chambre républicaine !


Suite au désastre de Sedan, la République est proclamée à l’hôtel de ville de Paris le 4 septembre 1870. Il faudra attendre plus de cinq ans pour une première majorité républicaine à la chambre des députés

Adolphe Thiers, "Le libérateur du territoire",
tableau peint par Jules-Arsène Garnier en 1878 (Assemblée-nationale)

Ça s'est passé il y a cent quarante-huit ans.

Dans les premiers mois de son existence, on parlera de "République des Jules". Les institutions sont en effet tenues par Jules Favre, Jules Grévy, Jules Simon et Jules Ferry. Ils sont tous partisans d’une République bourgeoise, par opposition à la République sociale attendue par une partie des Parisiens.

Les élections législatives du 8 février 1871 écartent nettement le projet de République sociale en portant à la chambre des députés une "chambre introuvable" composée à 62% de monarchistes.

Tout le monde s’attend à voir Henri d'Artois, comte de Chambord, à la tête du courant légitimiste, ceindre alors la couronne de France tombée en désuétude depuis 1848. Néanmoins les oppositions entre légitimistes et orléanistes et l’attentisme d’Henri d’Artois freinent les ambitions royalistes.

Le 30 janvier 1875, dans le cadre des lois constitutionnelles, les Républicains avancent prudemment leurs pions. Le jour même, le député Henri Wallon fait voter un amendement mentionnant expressément le caractère républicain du régime. Le pouvoir exécutif est bicéphale : le président de la République, élu par les deux chambres réunies en Assemblée nationale à la majorité absolue, irresponsable, dispose de pouvoirs importants, mais ses actes doivent être contresignés par les ministres ; ces derniers sont solidairement responsables devant les chambres de la politique générale du gouvernement, et individuellement de leurs actes personnels.

Aux législatives des 20 février et 5 mars 1876,
les républicains deviennent majoritaires à la chambre des députés, à 55%.

Le Sénat reste le dernier carré royaliste dans un cadre institutionnel qui penche inexorablement vers la République. Un nouveau bras de fer entre royalistes et républicains débouche sur la "crise du 16 mai 1877". Cette crise oppose les partisans d’un régime parlementaire aux partisans d’un régime faisant primer le pouvoir exécutif.

Marchant dans les pas des premiers Capétiens, Mac Mahon, alors chef d’état, en appelle au peuple en revenant aux urnes. Dans le cadre des élections législatives d’octobre 1877, le courant royaliste et bonapartiste progresse mais pas suffisamment pour être majoritaire. Ils sont surtout profondément divisés alors que les républicains font bloc.

Deux ans plus tard en janvier 1879, le Sénat bascule à son tour dans le camp républicain. Les deux chambres ne retrouveront jamais de majorité royaliste, actant ainsi de son décès en tant que courant politique de gouvernement.

Le 30 janvier 1879, Mac Mahon en tire les conséquences et démissionne de son mandat de président de la République.

Le régime sera définitivement républicain et fera primer le parlementarisme sur le pouvoir exécutif.

La parenthèse du parlementarisme en France durera soixante-dix-neuf ans, ce mode de gouvernement traversera plusieurs crises, dont une seule avec succès : la Grande Guerre. Mais la campagne de France de 1940 marquera la fin de la IIIe République.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : le site internet officiel de l'Assemblée nationale.

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Attentat à la Bourse de Paris


5 mars 1886 - La bouteille d'acide prussique.


L’anarchiste Charles Gallo lance une bouteille d'acide prussique dans la Bourse de Paris le 5 mars 1886. Arrêté, il déclare avoir voulu "effrayer le bourgeois".

L'attentat à la Bourse de Paris, le 5 mars 1886

Ça s'est passé il y a cent trente-huit ans.

Il s’agit d’un acte de "propagande par le fait" caractéristique des méthodes utilisées par les anarchistes à la fin du XIXe siècle. La propagande par le fait proclame le "fait insurrectionnel" et encourage à passer d'une "période d’affirmation" à une " période d’action", de "révolte permanente". Les actions de propagande par le fait utilisent des moyens très divers, dans l'espoir de provoquer une prise de conscience populaire. Elles englobent les attentats, les actions de récupération et de reprise individuelle, les expéditions punitives, le sabotage, le boycott, voire certains actes de guérilla.

L’anarchiste Charles Gallo(*) fera usage de cette propagande par le fait dans un contexte où la république bourgeoise s’est désormais pleinement affirmée en France depuis sept ans.

Le dernier combat mené entre Républicains et Royalistes date en effet de 1879. En début d’année, le Sénat bascule dans la majorité républicaine. Mac Mahon, qui n’est plus qu’un président sans contrôle sur les parlementaires depuis la "crise du 16 mai 1877", en tire les conséquences en démissionnant de son mandat.

La question institutionnelle étant désormais tranchée depuis 1879, les bourgeoisies royaliste et républicaine se retrouvent sur l’essentiel : la recherche du profit. La Bourse de Paris en est le symbole.

Imaginé par Napoléon en 1808, la Bourse de Paris est finalement inaugurée par Charles X le 4 novembre 1826.

Haut lieu de la finance française, elle devient le porte-drapeau du capitalisme spéculatif honni par les mouvements d’extrême-gauche. L’attentat de Charles Gallo du 5 mars 1886 s’inscrit dans ce contexte.

Ce jour-là, A 14 h 30, Charles Gallo l’anarchiste français (maître adjoint dans une école, clerc d'huissier, avant de devenir anarchiste et d'être condamné pour fausse monnaie) pénètre dans la Bourse de Paris avec l’intention de commettre un attentat. Il lance tout d’abord une fiole remplie d’acide prussique (ou acide cyanhydrique), un poison très violent à base de cyanure. Mais le flacon n’explose pas, répandant juste une mauvaise odeur d’amandes. L’anarchiste tire alors 5 coups de revolver au hasard qui, heureusement, ne toucheront personne. L’attentat n’a fait aucune victime ! Aussitôt arrêté, Charles Gallo déclare avoir voulu "effrayer le bourgeois". Il est jugé le 26 juin suivant mais l'affaire est renvoyée au 15 juillet, à la suite de multiples incidents provoqués par l'accusé.

Finalement condamné à vingt ans de travaux forcés, pour son geste, il est de nouveau condamné, à la peine capitale, le 30 décembre 1887, pour s'être révolté contre un de ses geôliers. Sa peine sera finalement commuée en réclusion à perpétuité le 7 août 1888.

Le terrorisme anarchiste durera une dizaine d’année (1878-1888), pour s’éteindre de lui-même à la fin du XIXe siècle. La pertinence de la "propagande par le fait" est en effet contestée à l’intérieur même des mouvements anarchistes.


(*) Né le 7 février 1859 à Palais (Morbihan), mort le 23 septembre 1923 à l’infirmerie du camp Est de l’île Nou, au bagne de Nouvelle-Calédonie.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Jean-Jacques Lehmann, "Histoire de la Bourse de Paris", éditions FeniXX, 1997.

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samedi 2 mars 2024

Bourguignons vs Confédérés suisses


2 mars 1476 - Bataille de Grandson


Bataille inscrite dans le cadre des guerres de Bourgogne opposant Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, déjà en guerre avec le roi de France, à la Confédération suisse des VIII cantons et au duché de Lorraine, alliés de Louis XI.

La bataille de Grandson par Diebold Schilling le Jeune (1513)

Ça s'est passé il y a 548 ans.

La bataille de Grandson est la quatrième rencontre dans le cadre de la Guerre de Bourgogne. Après Héricourt en 1474, La Planta en 1475 et Nancy en 1475, c'est à Grandson sur le sol suisse, le 2 mars 1476 que les belligérants bourguignons et suisses se retrouvent face à face. Cette bataille est une victoire Suisses.

En 1369, le duc Philippe II de Bourgogne épouse Marguerite III de Flandre dont la dot et l'héritage à venir (Franche-Comté, comté de Flandre et comté d'Artois) agrandissent considérablement les possessions du duc. Dès lors, les héritiers de Philippe le Hardi n'auront de cesse de relier la Bourgogne aux provinces du nord, si possible de manière pacifique, par mariage, héritage ou acquisition. C'est ainsi que se formèrent les Pays-Bas bourguignons.

Charles le Téméraire, lui, voulut ou dut utiliser la manière forte, car Louis XI, roi de France, sentant la menace de cet État concurrent tenta de s'opposer à son développement. À l'est, les Confédérés suisses, en particulier les Bernois, ne voyaient pas d'un bon œil la création de ce vaste territoire qui risquait de les priver de leur relations commerciales entre les "pays d'en-bas" et l'Italie.

L'année 1474 représente une ouverture pour les Confédérés qui ratifient l'accord de "Paix perpétuelle" avec l'archiduc Sigismond d'Autriche. Simultanément, un accord anti-bourguignon est passé avec Louis XI qui finance richement les Suisses. L'ennemi héréditaire ayant disparu, leurs Excellences de Berne se lancent, au printemps 1475, dans une conquête de territoires à l'ouest, s'emparant du pays de Vaud et d'une partie de la Savoie. Le Duc de Bourgogne se doit de réagir…

Charles le Téméraire

En janvier 1476, Charles le Téméraire qui vient de prendre Nancy tourne son armée pour marcher sur Berne. Il emprunte la voie longeant le sud du Jura. Dès le 19 février 1476, son armée met le siège de la petite ville de Grandson dont l'imposant château dispose d'une solide garnison. Entretemps, l'appel à l'aide de Berne a été entendu par le reste des Confédérés. Une armée est rassemblée à Neuchâtel et s'ébranle le 1er mars pour porter secours aux assiégés. Soumise à la puissante artillerie bourguignonne, la garnison grandsonnoise capitule, pour son plus grand malheur, le 28 février. Une controverse existe à propos de cette reddition. En se rendant, les 400 soldats auraient reçu l'assurance d'avoir la vie sauve mais le duc de Bourgogne les fit pendre aux arbres alentour ou noyer dans le lac de Neuchâtel. Cet acte provoque la colère des Suisses qui, aux cris de "Grandson !, Grandson !", rassemblent 20 000 hommes sous le commandement de Nicolas de Scharnachthal (Berne), Hans Waldmann (Zurich) et Heinrich Hassfurter (Lucerne).

Charles le Téméraire lance ses hommes depuis Grandson jusqu'au château de Vaumarcus par un chemin rocailleux, où la neige vient à peine de fondre.

Au matin du 2 mars, des éclaireurs suisses attaquent un camp avancé bourguignon déclenchant la bataille. À l'artillerie et aux archers bourguignons répondent les couleuvrines de Berne. Lorsque la cavalerie bourguignonne charge, les Suisses se disposent en carré avec des piques de 6 m de long que les lances de 4 m de leurs adversaires ne peuvent atteindre.

Après 3 heures de combats, alors que les Suisses faiblissent, Charles le Téméraire décide de faire reculer ses troupes pour attirer les Suisses en plaine. Cependant les Bourguignons se méprenant sur les choix de leur commandement, croient à la retraite et paniquent. Au même moment de nouvelles forces suisses arrivent en prenant les forces bourguignonnes à revers. Les mugissements des cors des Alpes, la "Vache d'Unterwald", le "Taureau d'Uri", remplissent les Bourguignons d'une terreur irraisonnée.

On compte environ 300 Bourguignons et 200 Confédérés morts, auxquels s'ajoutent de nombreux blessés notamment par les flèches et carreaux.

Les Suisses trouvent alors un riche butin dans le camp abandonné par les Bourguignons, s'émerveillant de son pavillon de velours rouge, de ses armes enrichies de joyaux, et prendront 400 pièces d'artillerie. Mais le partage du butin provoque des dissensions entre villes et campagnes. La guerre civile est évitée de justesse au Convenant de Stans (traité signé le 22 décembre 1481) grâce à la médiation de l'ermite Nicolas de Flue. Candidement, les rudes montagnards vendent pour quelques sols les diamants du Téméraire qu'ils ont reçus à des brocanteurs juifs ou lombards. Ils découvrent aussi dans le butin la tapisserie aux Mille-fleurs, tapisserie célèbre fabriquée par Jean de Haze en 1466, composée de huit pièces de tapisserie de verdures.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Henri Dubois, Charles le Téméraire, Paris, Fayard, 2004, 543 p.
et Dumas raconte... https://www.dumaspere.com/pages/bibliotheque/sommaire.php?lid=v8 (En Suisse, Chapitres LXII et LXIII)

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vendredi 1 mars 2024

Benjamin Delessert (1773-1847)


1er mars 1847 - Disparition d'un philanthrope en sucre


Benjamin Delessert fut l’un des hommes les plus brillants de son époque. Doué d’une vive intelligence, d’une grande curiosité et d’un altruisme remarquable, il fut tour à tour industriel, inventeur, banquier et collectionneur.

Jules Paul Benjamin Delessert (1773-1847)

Ça s'est passé il y a 177 ans.

Issu d'une famille protestante de soyeux d'origine suisse, Jules Paul Benjamin Delessert, né à Lyon le 14 février 1773, s'est rendu célèbre sous le Premier Empire en développant la méthode d'extraction du sucre de la betterave inventée par Jean-Baptiste Quéruel et reçoit le titre de baron d'Empire.

Formé en Grande-Bretagne, le pays le plus en avance de son époque, aux techniques industrielles (la machine à vapeur de Watt) il a également suivi les cours du fondateur de l'économie politique, Adam Smith en personne.

En 1795, tandis que la France se remet avec peine des désordres de la Terreur, il crée un bureau de bienfaisance à Paris puis, en 1800, le premier "fourneau économique Rumford". C'est l'ancêtre des soupes populaires.

Mais cet infatigable entrepreneur, plutôt que de faire la charité aux travailleurs nécessiteux, préfère leur apporter un soutien actif et les aider à se prendre en charge, selon le principe que développera bien plus tard l'abbé Pierre ! En 1801, il crée la Société d'encouragement pour l'enseignement industriel et, l'année suivante, la Société philanthropique, dont le but est de promouvoir toutes inventions ou innovations sociales susceptibles d'aider les pauvres : création de dispensaires, patronage de sociétés de secours mutuels etc.

"C’est le propre du vrai talent de faire de très belles choses d’une manière simple." Benjamin Delessert ; Le guide du bonheur (1839)

Dans les heures sombres de l'Empire, il met sa fortune et son génie au service du pays en industrialisant le procédé d'extraction du sucre de betterave. Cela lui vaut les félicitations de l'Empereur, la Légion d'Honneur et le titre de baron.

Sous la Restauration, il consacrera sa fortune à la constitution de grandes collections de botanique, en relation avec les naturalistes de l'époque comme Alexander von Humbolt. En 1818, il couronnera son œuvre philanthropique avec la création de la Caisse d'Épargne de Paris, la première d'une nombreuse progéniture.

Un boulevard à son nom dans Paris

Il meurt le 1er mars 1847 à Paris, à 74 ans d'une maladie du cœur. Il est inhumé au cimetière familial de la rue Lekain puis au cimetière de Passy, dans le tombeau de la famille Delessert. A sa demande, sur sa tombe fut inscrit : "Ci-gît l’un des co-fondateurs des Caisses d’Epargne"


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia. Pour les curieux une visite sur le site de l'Institut Benjamin Delessert (https://institut-benjamin-delessert.net › institut)

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