lundi 15 avril 2019

Madame de Maintenon

 

15 avril 1719 - De "Belle indienne" à presque Reine


L'histoire de Françoise d'Aubigné, épouse Scarron, puis marquise de Maintenon, évoque ces contes de fées où les bergères épousent des rois.
Françoise d’Aubigné 
par Pierre Mignard vers 1694 
(collections du musée de Versailles)
Françoise d’Aubigné (petite fille du poète Agrippa d’Aubigné) naît le 27 novembre 1635, à la prison de Niort, où son père Constant d’Aubigné, un aventurier protestant qui avait assassiné sa première femme et qui était familier de la détention, est incarcéré pour dettes, avec toute sa famille. Recueillie par sa tante paternelle protestante, Madame de Villette, elle est élevée avec tendresse au château de Murçay près de Niort.

Son père est libéré vers 1645 et emmène sa famille en Martinique où il développe une fortune considérable aussitôt perdue au jeu. Madame d’Aubigné et ses enfants reviennent en France sans ressources. À la mort de ses parents, Françoise est recueillie par sa marraine, Mme de Neuillant, qui la convertit aussitôt au catholicisme (1649).Elle fait la connaissance d'Antoine Gombaud dit le chevalier de Méré qui par affection pour elle lui donne le surnom de "Belle indienne" en référence à son voyage et au récit qu’elle en fit, puis de Paul Scarron, poète infirme, dont la compagnie et l’esprit sont prisés de la belle société. Il remarque les qualités de Françoise qui devient son élève prodigue.

A 17 ans, orpheline, sans famille et sans biens, Paul Scarron, de 22 ans son aîné, lui propose un marché : elle doit choisir entre l’entrée dans les ordres ou se marier avec lui. Elle choisit le mariage. Grâce à cette union, elle côtoie les intellectuels de l’époque, tels que Madame de Sévigné et Madame de La Fayette. Son mari meurt huit ans plus tard, en 1660 en la laissant dans la détresse. Femme d’esprit séduisante, vertueuse et inaccessible, elle trouve appui et réconfort au sein de la bonne société que fréquentait le poète défunt.

En 1669, Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, entre "au service de Madame de Montespan", favorite de Louis XIV, en tant que gouvernante de leurs enfants illégitimes. Elle vit à l’écart de la Cour et des regards indiscrets. Mais en 1673, les bâtards sont légitimés, Madame Scarron s’installe alors à la Cour.

Le 27 décembre 1674, suite à d’importantes gratifications pécuniaires du roi pour ses services, Madame Scarron achète la seigneurie de Maintenon et devient un an plus tard Madame de Maintenon. En 1680, elle est nommée dame d’atour de la dauphine. Elle entre progressivement dans l’intimité et le cœur du roi et renonce à un exil en ses terres.

En octobre 1683, quelques mois après la mort de la reine Marie-Thérèse d’Autriche, Madame de Maintenon épouse en secret Louis XIV. En 1698, sans descendance, elle lègue le domaine de Maintenon à sa nièce Françoise Amable d’Aubigné en vue de son mariage avec le maréchal Adrien-Maurice duc d’Ayen, puis duc de Noailles. En 1715, à la mort du roi, elle se retire à la Maison Royale de Saint Louis à Saint-Cyr, pensionnat pour jeunes filles nobles et pauvres qu’elle a créé en 1685. Elle y décède le 15 avril 1719 à l’âge de 84 ans.

Mme de Maintenon est inhumée dans le pensionnat pour jeunes filles de Saint-Cyr, site de la future école militaire fondée par Napoléon. Son corps est exhumé en 1793 par les révolutionnaires. Ses restes, retrouvés pendant la Seconde guerre mondiale dans les décombres de l’école bombardée, sont déposés dans la Chapelle royale du château de Versailles avant d’être replacés en 1969 sur le site de Saint-Cyr.


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