dimanche 26 février 2023

Evasion


26 février 1815 - Napoléon quitte l'île d'Elbe

Napoléon fait ses adieux aux habitants de l'Ile d'Elbe, le 26 février 1815
(Joseph Beaume, 1836, Château de Versailles)
Exilé selon les termes du traité de Fontainebleau signé le 11 avril 1814, Napoléon toujours Empereur ne règne plus que sur une petite île, située à l’est de la Corse, érigée pour l’occasion en principauté : l’île d’Elbe. Réduit à l’inactivité, il doit se contenter d’admirer la vue superbe depuis la maison de Portoferraio qui lui a été attribué. C’est là que les alliés vainqueurs l’ont assigné à résidence, sous contrôle étroit : une déchéance pour celui qui, hier encore, était le chef d’un des plus grands empires du monde.

Dix mois après son arrivée, après avoir mûrement réfléchi, Napoléon est bien décidé à quitter cette île, d’abord par exaspération, mais surtout il s’estime en danger, sur ce lopin de terre. On sait aujourd’hui que des complots étaient fomentés contre lui : Louis XVIII, le premier, n’aurait pas été fâché de le voir disparaître. Napoléon prépare donc son départ ; il est renseigné par des espions qui lui rapportent des nouvelles de France et le rassurent sur sa popularité. On sait aussi que lors de la visite de l'ancien ministre Hugues Bernard Maret venu pour le solliciter à revenir en France, il avait trouvé l'Empereur déjà prêt à tenter l'aventure : "le ridicule empire réduit à l'île d'Elbe sur lequel il régnait ne pouvait contenir bien longtemps ses ambitions demeurées intactes, d'autant qu'il avait perdu tout espoir d'y être rejoint par sa femme Marie-Louise et par son fils".

Loin d'être une fuite, son départ est organisé minutieusement depuis longtemps. Dès le 16 février 1815, il adresse une note au général comte Drouot, gouverneur de l’île d’Elbe : "Donnez l’ordre que le brick entre dans la darse, qu’il soit viré sur quille, qu’on revoie son cuivre, que les voies d’eau soient bouchées, qu’on refasse son carénage, et qu’on y fasse enfin tout ce qui est nécessaire pour qu’il puisse tenir la mer. Il sera peint comme un brick anglais. On fera de tout cela un devis que vous me présenterez demain. On réarmera le brick, on lui donnera du biscuit, du riz, des légumes, du fromage, moitié de l’approvisionnement en eau-de-vie et l’autre moitié en vin, et de l’eau pour 120 hommes pendant trois mois. Quant à la viande salée, on en donnera pour quinze jours. Vous aurez soin qu’il ait le bois, et enfin qu’il ne lui manque absolument rien. Je désire que, du 24 au 25 de ce mois, il soit en rade et prêt comme il est dit ci-dessus. Pour économiser, le vin sera fourni de ma cave; le riz, le biscuit et l’huile seront fournis des magasins. Faites-moi connaître le nombre de chaloupes qu’il peut porter. Je désire qu’il en ait autant que possible ". Le même jour une seconde note à Drouot : "Donnez l’ordre au sieur Pons de noliser par mois deux gros bâtiments , bricks ou chebecs de Rio, au-dessus de 90 tonneaux et les plus grands possible; un ira à la Marine de Giove embarquer le bois et l’apporter ici, l’autre ira à Porto-Longone évacuer tout ce qu’il y a, pour ici. Vous vous ferez donner les noms des patrons et les rôles d’équipages".

Il lui faut trouver le bon moment... ce sera le 26 février 1815.

______________________________



jeudi 23 février 2023

Stanislas Leszczynski


23 février 1766 – La Lorraine devient Française


Le 23 février 1766, le vieux duc Stanislas Leszczynski meurt dans des conditions atroces, suite aux brûlures qui lui sont advenues lors d'une chute près de sa cheminée, dans son château de Lunéville. Il a 87 ans.

Portrait du roi Stanislas Leszczynski par Jean Girardet XVIIIe siècle
Deux fois roi de Pologne (1704-1709, 1733-1736), duc de Lorraine et de Bar (1737-1766).

Père de la reine Marie Leszczynska, il est l’arrière-grand-père de trois rois de France: Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

Stanislas naît le 20 octobre 1677 à Léopol / Lwów en République des Deux Nations, aujourd’hui Lviv, ville de l’actuelle Ukraine. Il appartient à une puissante famille polonaise, les Leszczynski. Après avoir été élevé auprès de sa mère Anna, il part à Leszno en Pologne et suit un enseignement fondé sur les sciences, les mathématiques, la littérature et les langues. Il entreprend ensuite un voyage à travers toute l’Europe.
Catherine Opalinska, épouse du duc Stanisla
A son retour, il épouse en 1698 Catherine Opalinska, issue de la grande noblesse. En 1704, il est élu roi de Pologne, mais le contexte politique tendu l’oblige dès 1709 à renoncer au pouvoir.

Commence alors une période aventureuse, parcourant toute l’Europe, qui le mène même jusqu’en territoire turc. Il s’installe finalement à Wissembourg (Alsace) en 1720.

Stanislas ne retrouve une situation stable qu’avec le mariage de sa fille Marie Leszczynska avec Louis XV en 1725.
Le mariage de Louis XV et de Marie Leszczynska à Fontainebleau, le 5 septembre 1725
Après ce mariage royal, Stanislas et Catherina Leszczynski résident à Chambord. Après s’être établi à Nancy, Stanislas continue de voir sa fille à Versailles. Il ne sera jamais apprécié par son gendre, mais demeurera proche de la reine Marie et de ses petits-enfants. "Mesdames" Adélaïde et Victoire, séjourneront quelques semaines chez leur grand-père en 1761 et 1762.

En 1733, il se rend secrètement à Varsovie où il est de nouveau proclamé roi de Pologne. Confronté à une situation politique extrêmement complexe, il regagne la France. En 1737 un compromis est trouvé. Stanislas renonce définitivement au trône de Pologne, en échange du duché de Lorraine et du Bar, que vient d'abandonner son souverain légitime François III.

Stanislas ne détient en réalité qu’une apparence de pouvoir. S’il possède dans ses appartements de Lunéville une salle du trône, il ne prend pas les décisions politiques. Cette mission revient à son chancelier : Chaumont de La Galaizière.
La Galaizière est créé Chancelier par Stanislas Leszczynski,
par François-André Vincent 1778, (musée de lorrain de Nancy)
La Galaizière est créé Chancelier par Stanislas Leszczynski, par François-André Vincent 1778, (musée de lorrain de Nancy) Stanislas saura se faire apprécier des Lorrains grâce à sa générosité et à l'établissement de fondations charitables.

Grand amateur d’art et d’architecture, Stanislas entreprend de grands travaux au château de Lunéville – jardins, kiosques exotiques, automates – tout cela embellit sa vie et celle de sa cour. Le Roi y reçoit les visites de philosophes (Voltaire, entre autres, en 1748), d’artistes, et d’hommes de lettres.
Place Stanislas à Nancy
A Nancy, son architecte favori, Emmanuel Heré, réalise un ensemble urbanistique splendide composé de bâtiments et places dont la fameuse Place Stanislas.

Lui-même philosophe et écrivain, Stanislas fonde la Bibliothèque publique de Nancy, la Société Royale des Sciences et Belles Lettres, et le Collège Royal de Médecine.
Stanislas Leszczynski devant sa cheminée (musée de lorrain de Nancy)
En 1766, âgé et très imposant, il est grièvement brûlé le 5 février lorsque sa robe de chambre prend feu accidentellement devant la cheminée de sa chambre, au moment où il veut raviver la braise. C’est à la suite de ces blessures qu’il meurt le 23 février 1766.
Mausolée de Stanislas en l'église Notre-Dame-de-Bonsecours de Nancy.
La Lorraine devient française et le château de Lunéville une caserne.


______________________________



samedi 18 février 2023

Assassinat du "Balafré"


18 février 1563 – Assassinat de François de Guise


Alors qu’il assiège la ville d’Orléans, le duc de Guise, dit "le Balafré", est assassiné par un protestant répondant au nom de Jean de Poltrot de Méré.

François de Lorraine, duc de Guise (1519-1563)

C'était il y a 460 ans.

Lieutenant général du royaume, le duc François de Guise, dit le Balafré, a repris Calais aux Anglais cinq ans plus tôt, ce qui l'a rendu immensément populaire auprès des catholiques français.

Alors que débutent les guerres de religion, un gentilhomme protestant de l'Angoumois, Jean de Poltrot de Méré (26 ans), décide pour cette raison de le tuer. Il lui tend une embuscade et le tue d'un coup d'arquebuse le 18 février 1563 dans les environs d'Orléans, alors que les troupes du duc font le siège de la ville.

Capturé, le tueur déclare sous la torture avoir agi sur ordre des chefs protestants, dont l'amiral de Coligny et le théologien Théodore de Bèze. Il est écartelé un mois plus tard, le 18 mars 1563, en place de Grève, à Paris.

Cet attentat est le premier d'une longue série, jusqu'à la mort d'Henri IV. Il illustre la faveur dont jouit à cette époque le "tyrannicide", présenté comme légitime par des penseurs catholiques espagnols. Poltrot de Méré en avait lui-même eu connaissance lors d'un séjour en Espagne.


______________________________.

______________________________.