mardi 17 septembre 2019

Paix de Bergerac

 

14-17 septembre 1577 - Edit de Poitiers ou Paix de Bergerac


Dès le début, l’édit de Beaulieu, signé le 6 mai 1576, est difficile à appliquer et suscite des résistances. 

François d'Anjou ou d'Alençon (1555-1584)
par Etienne Dumontiers vers 1580
La légitimité du roi qui est considérée comme ayant cédé beaucoup trop aux protestants, est remise en cause. La cupidité des princes, les sommes énormes distribuées en compensation, en particulier au duc François d’Alençon, frère du roi, et au duc Jean Casimir, cousin d’Henri III, asséchant le Trésor et augmentant la pression fiscale, indignent le petit peuple. L’insécurité et la misère du peuple sont récupérées par le clergé. Les catholiques, exaspérés, se regroupent en ligues défensives.

Les états généraux convoqués à Blois (novembre 1576) se déroulent dans un climat très défavorable aux huguenots, la quasi-totalité des représentants étant catholiques. Le retour à une religion unique est exigé. Malgré l’opposition de certains pour lesquels le roi ne doit pas prendre parti pour une religion, l’État étant supérieur aux religions, la majorité des cahiers de doléances exige l’interdiction des cultes protestants, l’expulsion des pasteurs, l’obligation d’assister aux cultes catholiques. L’édit de Beaulieu est aboli.

Jacques d'Humières (1520-1579)
Gouverneur de Péronne, Montdidier et Roye
Lieutenant général du roi en Picardie
Pour le parti des Guise, la monarchie s’étant montrée incapable de lutter contre l’hérésie, une Ligue unissant seigneurs et cités doit se créer pour rétablir la paix. L’initiative est prise par le gouverneur de la Picardie, Jacques d’Humières, à qui la paix de Beaulieu enlève cette province pour la donner à Henri de Condé : c’est la première ligue dite de Péronne. Son but est de revenir à l’ancienne monarchie, et de restaurer les privilèges de l’Église de France. Le retour au passé est affirmé, l’idée de réformer l’État et le clergé est rejetée. Les catholiques sont mis en demeure d’entrer dans la Ligue. Les ligueurs se prêtent serment de fidélité. Henri III menacé, prend la tête des ligueurs, et déclare devant son conseil qu’il n’accepte dans son royaume qu’une seule religion.

L’abolition de l’édit de Beaulieu provoque la reprise des conflits, surtout en Dauphiné et en Provence. Le parti catholique semble avoir la possibilité de l’emporter. Le duc François d’Anjou, revenu à la Cour, chef de l’armée royale, reprend La Charité-sur-Loire, point stratégique pour le franchissement de la Loire, et se dirige vers l’Auvergne. Le siège d’Issoire, place de sûreté protestante, commence le 20 mai, et sa chute s’accompagne de scènes d’une extrême violence, une bonne partie de la population étant exterminée.

Dans le Languedoc, Henri de Montmorency-Damville, qui se rallie au roi, s’oppose à François de Coligny, fils de l’amiral, et tente de reprendre Montpellier quand la nouvelle d’un accord de paix est connue et la négociation s’impose, les députés refusant au roi tout nouveau moyen financier.

Maison Doublet, rue des Conférences à Bergerac.
La lassitude est générale, il faut trouver un compromis. Alors s'ouvrent à Bergerac, sous la présidence d'Henri III de Navarre (futur Henri IV de France), les conférences de la Paix. Installées dans la maison de la famille Doublet, (auj. rue des Conférences), Henri de Navarre était accompagné du Prince de Montpensier, de l'archevêque de Vienne, du duc Charles de Gontaut-Biron, de Villeroy, Richelieu, Merveille, Lamothe, Fénelon, Turenne et autres seigneurs de marque. C'est au cours de ces conférences que furent jetées les bases du fameux Édit de Nantes. Commencées le 15 mai 1577 ces conférences devaient se terminer le 20 du même mois. Les négociations, conduites selon les instructions directes du roi de France devaient aboutir à une convention, d'abord signée par les plénipotentiaires d'Henri III et des princes protestants : la paix de Bergerac du 17 septembre 1577, ratifié par le roi lui-même le 5 octobre suivant, à Poitiers, là où il avait transféré sa cour. L’édit de pacification porte le nom de cette ville. Il restreint les concessions précédentes de 1576, sans revenir à la sévérité de l’édit de Boulogne de 1573 : limitation du culte dans les faubourgs d’une ville par bailliage, même dans les villes où les protestants dominent, réduction des tribunaux mixtes.

Henri III roi de France de 1574 à 1589
par François Quesnel, vers 1588
Les protestants conservent les huit places de sûreté (la ville de Bergerac était une de ces places), pour une durée limitée à 6 ans. Quant aux ligues, elles sont dissoutes, car non seulement Henri III redoute le duc de Guise, mais beaucoup pensent que le souverain ne peut être à la tête d’une ligue sans remettre en cause le principe de l’autorité royale qui doit être au-dessus des partis. Une fois de plus, ces accords, qui ne donnent satisfaction à aucun des deux camps, ne peuvent être que des trêves.

C'est la fin de la sixième guerre de religion.


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