5 mars 1886 - La bouteille d'acide prussique.
L’anarchiste Charles Gallo lance une bouteille d'acide prussique dans la Bourse de Paris le 5 mars 1886. Arrêté, il déclare avoir voulu "effrayer le bourgeois".
L'attentat à la Bourse de Paris, le 5 mars 1886 |
Ça s'est passé il y a cent trente-huit ans.
Il s’agit d’un acte de "propagande par le fait" caractéristique des méthodes utilisées par les anarchistes à la fin du XIXe siècle. La propagande par le fait proclame le "fait insurrectionnel" et encourage à passer d'une "période d’affirmation" à une " période d’action", de "révolte permanente". Les actions de propagande par le fait utilisent des moyens très divers, dans l'espoir de provoquer une prise de conscience populaire. Elles englobent les attentats, les actions de récupération et de reprise individuelle, les expéditions punitives, le sabotage, le boycott, voire certains actes de guérilla.
L’anarchiste Charles Gallo(*) fera usage de cette propagande par le fait dans un contexte où la république bourgeoise s’est désormais pleinement affirmée en France depuis sept ans.
Le dernier combat mené entre Républicains et Royalistes date en effet de 1879. En début d’année, le Sénat bascule dans la majorité républicaine. Mac Mahon, qui n’est plus qu’un président sans contrôle sur les parlementaires depuis la "crise du 16 mai 1877", en tire les conséquences en démissionnant de son mandat.
La question institutionnelle étant désormais tranchée depuis 1879, les bourgeoisies royaliste et républicaine se retrouvent sur l’essentiel : la recherche du profit. La Bourse de Paris en est le symbole.
Imaginé par Napoléon en 1808, la Bourse de Paris est finalement inaugurée par Charles X le 4 novembre 1826.
Haut lieu de la finance française, elle devient le porte-drapeau du capitalisme spéculatif honni par les mouvements d’extrême-gauche. L’attentat de Charles Gallo du 5 mars 1886 s’inscrit dans ce contexte.
Ce jour-là, A 14 h 30, Charles Gallo l’anarchiste français (maître adjoint dans une école, clerc d'huissier, avant de devenir anarchiste et d'être condamné pour fausse monnaie) pénètre dans la Bourse de Paris avec l’intention de commettre un attentat. Il lance tout d’abord une fiole remplie d’acide prussique (ou acide cyanhydrique), un poison très violent à base de cyanure. Mais le flacon n’explose pas, répandant juste une mauvaise odeur d’amandes. L’anarchiste tire alors 5 coups de revolver au hasard qui, heureusement, ne toucheront personne. L’attentat n’a fait aucune victime ! Aussitôt arrêté, Charles Gallo déclare avoir voulu "effrayer le bourgeois". Il est jugé le 26 juin suivant mais l'affaire est renvoyée au 15 juillet, à la suite de multiples incidents provoqués par l'accusé.
Finalement condamné à vingt ans de travaux forcés, pour son geste, il est de nouveau condamné, à la peine capitale, le 30 décembre 1887, pour s'être révolté contre un de ses geôliers. Sa peine sera finalement commuée en réclusion à perpétuité le 7 août 1888.
Le terrorisme anarchiste durera une dizaine d’année (1878-1888), pour s’éteindre de lui-même à la fin du XIXe siècle. La pertinence de la "propagande par le fait" est en effet contestée à l’intérieur même des mouvements anarchistes.
(*) Né le 7 février 1859 à Palais (Morbihan), mort le 23 septembre 1923 à l’infirmerie du camp Est de l’île Nou, au bagne de Nouvelle-Calédonie.
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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Jean-Jacques Lehmann, "Histoire de la Bourse de Paris", éditions FeniXX, 1997.
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