30 janvier 1879 - Le "Président sagesse"
Jules Grévy (1807-1891)
Président de la République de 1879 à 1887
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Le président Patrice de Mac-Mahon, ne bénéficiant plus d'aucun soutien de la part des deux chambres du parlement à la suite des élections sénatoriales remportées par les républicains le 5 janvier 1879, préfère démissionner après avoir refusé de
signer la destitution de certains généraux.
Le 30 janvier, les parlementaires de la Chambre des députés et du Sénat, se réunissent en Congrès,
(collège de grands électeurs) à Versailles. Président de la Chambre des députés et candidat malheureux en 1873, Jules Grévy (71 ans), républicain modéré, partit dès la réunion des deux chambres comme le grand favori. Il décida de poser sa candidature et après huit heures de débat, fut élu à la présidence de la République avec une très grande majorité de suffrages. Son opposant le plus sérieux, le militaire Alfred Chanzy,
rassembla une centaine de suffrages.
Le populaire et remuant député Léon Gambetta, candidat malheureux, arrivé troisième derrière
Chanzy, lui succéda au "perchoir ".
Après un bonapartiste en la personne de Louis-Napoléon Bonaparte, un bourgeois conservateur et monarchiste opportuniste avec Adolphe Thiers et un monarchiste convaincu avec Patrice de Mac-Mahon, arrivait
à la tête de l’Etat un homme aux convictions républicaines : Jules Grévy !
Originaire d’une famille modeste du Jura, il commence sa vie professionnelle par une solide carrière d’avocats à Paris. Sa carrière politique débute avec la révolution de 1848. Elu commissaire de la République pour le département du Jura, il résume à la fois sa position et sa détermination dans la formule " Je ne veux pas que la république fasse peur ".
Il se rend célèbre, lors des débats relatifs à l'élaboration de la Constitution, par son opposition à l'élection du président de la République au suffrage universel. Mais "l'amendement Grévy" est repoussé.
Défenseur de la liberté de la presse, il fait un court séjour en prison suite au coup d’Etat de 1852, mais réintègre le Corps législatif en 1868 où il siège dans l’opposition. Hostile à la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1870, il se range après la défaite parmi les républicains modérés. Il est député à l’Assemblée nationale réfugiée à Bordeaux en février 1871, il en prend la présidence en 1876 mais doit en démissionner en 1873 lors du vote sur le septennat en déclarant : " en réalité vous voulez la monarchie et vous ne parvenez pas à la faire. Vous pouvez faire la république et vous ne la voulez pas. Voilà pourquoi vous ne voulez point sortir du provisoire pour rentrer dans le définitif. "
Elu président Jules Grévy fera un mandat apaisant rassurant aussi bien la droite que la gauche, renonçant de lui-même en 1879 à son droit de dissolution, organisant peu de réceptions leur préférant des soirées en famille. Homme de l’ombre, Jules Grévy gouverna discrètement malgré son autoritarisme, en évitant de confier la présidence du conseil à des personnalités trop affirmées. Il repoussa ainsi jusqu’à qu’il n’ait plus le choix d’appeler au pouvoir Gambetta qu’il détestait. Ce faisant il empêcha l’instauration d’un véritable régime parlementaire en donnant leur chance à des personnalités de second plan aux majorités fragiles.
Sous ses deux mandats (de 1879 et réélu en 1885), des lois fondatrices seront promulguées et des symboles seront érigés pour marquer la pérennité du régime républicain. Ainsi, la Marseillaise est adoptée comme hymne national le 15 février 1879. Sous le même gouvernement Gambetta, les communards sont amnistiés en juillet 1880. A partir de cette année 1880, le 14 juillet est officiellement célébré comme fête nationale. Le 29 juillet 1881 est promulguée la loi sur la liberté de la presse. Le 28 mars 1882, sous le gouvernement Ferry, la loi sur l’enseignement obligatoire et la laïcité de l’enseignement voit le jour le 29 mars 1882, pour ne citer que les lois les plus symboliques, au fondement de la République française. En 1885, on ouvre les portes du Panthéon à Victor Hugo.
Suite à l'engagement du pays avec Savorgnan de Brazza et d'autres dans les aventures coloniales au nom de la " mission civilisatrice " de la France, le camp républicain se divise. Georges Clemenceau, chef de file de la "gauche radicale", s'oppose aux "républicains opportunistes" en dénonçant les conquêtes coloniales qui font selon lui le jeu de l'Allemagne. Jules Ferry est contraint à la démission l'année suivante.
La montée du nationalisme porté par le Général Boulanger, et surtout le scandale provoqué par "l’affaire des décorations" organisées par son gendre Daniel Wilson contribuent à affaiblir sa présidence.
Réélu en décembre 1885, Jules Grévy présente sa démission avant le terme de son second septennat, le 2 décembre 1887.
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- "En quittant le pouvoir, j’ai la consolation de penser que, durant les cinquante-trois années que j’ai consacrées au service de mon pays, comme soldat et comme citoyen, je n’ai jamais été guidé par d’autres sentiments que ceux de l’honneur et du devoir, et par un dévouement absolu à la patrie."
Extrait de la lettre de démission de Jules Grévy
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Il se rend célèbre, lors des débats relatifs à l'élaboration de la Constitution, par son opposition à l'élection du président de la République au suffrage universel. Mais "l'amendement Grévy" est repoussé.
Défenseur de la liberté de la presse, il fait un court séjour en prison suite au coup d’Etat de 1852, mais réintègre le Corps législatif en 1868 où il siège dans l’opposition. Hostile à la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1870, il se range après la défaite parmi les républicains modérés. Il est député à l’Assemblée nationale réfugiée à Bordeaux en février 1871, il en prend la présidence en 1876 mais doit en démissionner en 1873 lors du vote sur le septennat en déclarant : " en réalité vous voulez la monarchie et vous ne parvenez pas à la faire. Vous pouvez faire la république et vous ne la voulez pas. Voilà pourquoi vous ne voulez point sortir du provisoire pour rentrer dans le définitif. "
Elu président Jules Grévy fera un mandat apaisant rassurant aussi bien la droite que la gauche, renonçant de lui-même en 1879 à son droit de dissolution, organisant peu de réceptions leur préférant des soirées en famille. Homme de l’ombre, Jules Grévy gouverna discrètement malgré son autoritarisme, en évitant de confier la présidence du conseil à des personnalités trop affirmées. Il repoussa ainsi jusqu’à qu’il n’ait plus le choix d’appeler au pouvoir Gambetta qu’il détestait. Ce faisant il empêcha l’instauration d’un véritable régime parlementaire en donnant leur chance à des personnalités de second plan aux majorités fragiles.
Sous ses deux mandats (de 1879 et réélu en 1885), des lois fondatrices seront promulguées et des symboles seront érigés pour marquer la pérennité du régime républicain. Ainsi, la Marseillaise est adoptée comme hymne national le 15 février 1879. Sous le même gouvernement Gambetta, les communards sont amnistiés en juillet 1880. A partir de cette année 1880, le 14 juillet est officiellement célébré comme fête nationale. Le 29 juillet 1881 est promulguée la loi sur la liberté de la presse. Le 28 mars 1882, sous le gouvernement Ferry, la loi sur l’enseignement obligatoire et la laïcité de l’enseignement voit le jour le 29 mars 1882, pour ne citer que les lois les plus symboliques, au fondement de la République française. En 1885, on ouvre les portes du Panthéon à Victor Hugo.
Suite à l'engagement du pays avec Savorgnan de Brazza et d'autres dans les aventures coloniales au nom de la " mission civilisatrice " de la France, le camp républicain se divise. Georges Clemenceau, chef de file de la "gauche radicale", s'oppose aux "républicains opportunistes" en dénonçant les conquêtes coloniales qui font selon lui le jeu de l'Allemagne. Jules Ferry est contraint à la démission l'année suivante.
La montée du nationalisme porté par le Général Boulanger, et surtout le scandale provoqué par "l’affaire des décorations" organisées par son gendre Daniel Wilson contribuent à affaiblir sa présidence.
Réélu en décembre 1885, Jules Grévy présente sa démission avant le terme de son second septennat, le 2 décembre 1887.
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- "En quittant le pouvoir, j’ai la consolation de penser que, durant les cinquante-trois années que j’ai consacrées au service de mon pays, comme soldat et comme citoyen, je n’ai jamais été guidé par d’autres sentiments que ceux de l’honneur et du devoir, et par un dévouement absolu à la patrie."
Extrait de la lettre de démission de Jules Grévy
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