28 janvier 814 - Charles 1er le Grand est mort
Statue équestre de Charlemagne,
Louis Jehotte 1867, boulevard d'Avroy, à Liège
|
Le 22 janvier 814, en sortant du bain, Charlemagne est pris par un violent accès de fièvre. "Il dut s'aliter. Tout de suite, comme il le faisait habituellement en cas de fièvre, il se mit à la diète, pensant pouvoir ainsi écarter la maladie ou tout du moins l'atténuer. Mais la fièvre se compliqua d'une douleur de côté", note Eginhard. Souffrant de pleurésie (ou d'une pneumonie aiguë?), l'Empereur convoque son archichapelain, l'archevêque de Cologne Hildebald, et se fait administrer les derniers sacrements. Le 28 janvier, "à la troisième heure du jour", Charlemagne se signe et prononce dans un souffle les paroles rituelles : "Seigneur, je mets mon âme entre tes mains…". Peu après il ferme les yeux, et s'éteint à près de 72 ans, après avoir régné pendant pratiquement 46 années.
Charlemagne n'a laissé aucune indication concernant ses funérailles. Revêtu des ornements royaux et portant une croix d'or autour du cou, le défunt est déposé dans un sarcophage antique de marbre blanc, orné d'une sculpture représentant l'enlèvement de Proserpine par Pluton, puis porté à la chapelle palatine, "au milieu de la désolation du peuple entier ". Il ne peut y avoir meilleure sépulture que cette basilique d'Aix la Chapelle que l'Empereur a fait édifier. C'est là, dans la crypte, que, le jour même, le vieux souverain est enseveli. La cérémonie, très sobre, se déroule conformément aux prescriptions du nouveau sacramentaire, qui stipule que les grands comme les humbles doivent être enterrés selon un rituel identique.
Un mois plus tard, Louis 1er le Pieux fait dresser sur le tombeau de son père, un arc doré, portant l'effigie de l'Empereur et l'inscription : " Sous cette pierre repose le corps de Charles, grand et orthodoxe Empereur, qui noblement accrut le royaume des Francs et le gouverna heureusement pendant quarante six années. Mort septuagénaire l'an du Seigneur 814 ". Aujourd'hui, la sépulture de Charlemagne n'existe plus. Elle a disparu lors des invasions normandes et, depuis, nul n'a pu retrouver son emplacement.
La mort de Charlemagne plonge l'Empire tout entier dans une grande stupeur. Les nombreux hommages rendus par les historiens, les chroniqueurs et même les poètes, insistent sur le caractère universel du deuil qui affecte les peuples d'Occident. "Hélas! Depuis les lieux où le soleil se lève jusqu'au couchant, une même plainte s'échappe de toutes les bouches… Les Francs, les Romains et tous les croyants sont plongés dans le deuil… Le glorieux Empereur Charles est maintenant sous la terre, enseveli dans son tombeau…", souligne ainsi un chroniqueur anonyme. "Des régions où naît le soleil jusqu'aux rives occidentales de la mer… pleure l'Italie, s'attristent les Francs, pleurent l'Aquitaine et également la Germanie…", renchérit un moine de l'abbaye italienne de Bobbio.
Quelques années plus tard, l'historien Nithard, l'un des petits-fils de Charlemagne, saluera en son grand-père celui qui "laissa l'Europe entière remplie de félicité ". Et c'est sans doute cette Europe, dont il a su rassembler les peuples et les territoires sous son Gouvernement, qui constitue l'héritage le plus considérable de ce souverain hors du commun.
______________________________