18 janvier 1650 - Arrestation du Grand Condé
Le prince de Condé, qui avait couvert de lauriers le trône du jeune monarque et ramené à Paris la cour triomphante, trouva qu’on ne payait pas assez ses services; il se mit à braver la reine Anne d’Autriche régente du royaume et à se moquer du cardinal de Mazarin, cet " usurpateur étranger ", ce " faquin écarlate ", qui
avait été maintenu dans ses fonctions après la Fronde parlementaire et la paix de Rueil.
On
assure que la reine mère se retira dans son oratoire pendant qu’on se
saisissait des princes, qu’elle fit mettre à genoux le roi son fils, âgé de
onze ans, et qu’ils prièrent Dieu dévotement ensemble pour le succès de cette
expédition.
Les
trois princes furent arrêtés en même temps dans une galerie du Palais-Royal, où
on les avait attirés sous divers prétextes. On les fit descendre par un petit
escalier obscur ; le prince de
Condé dit alors : « Voudrait-on
renouveler ici la scène de Blois ? » On les conduisit au château
de Vincennes ; en route la voiture cassa, il fallut marcher dans la boue.
En arrivant, on ne trouva rien de prêt, ni logis, ni souper ; le prince de Condé prit deux œufs frais,
et dormit deux heures sur une botte de paille. C’était le seul des trois qui
conservât son sang-froid et sa gaieté : le duc de Longueville était abattu ; le duc de Conti versait des larmes, et ne quittait pas le lit. Il
demanda au gouverneur une Imitation de Jésus-Christ : « Et moi, monsieur, dit le prince de Condé, je vous demande une imitation de monsieur de Beaufort ». Deux
ans auparavant, le 1er juin 1648, ce duc s’était sauvé du château de Vincennes.
Les
princes étaient confiés à la garde d’un certain Bar, homme dur et ignorant, qui voulait forcer l’aumônier de la
prison à leur dire la messe en français, parce que ne sachant pas le latin, il
avait peur que le prêtre ne profitât de la cérémonie pour leur donner quelque
avis. De Vincennes, ils furent conduits au château de Montagu à Marcoussy. Cette arrestation avait fait grand bruit
dans les provinces gouvernées par les trois détenus. La duchesse de Longueville, outrée, se rapprocha alors de Turenne, afin de faire échapper les
prisonniers. Mazarin, averti du
complot fit transférer les détenus au fort du Havre.
Leur
emprisonnement dura treize mois. Le peuple avait célébré leur arrestation par
des feux de joie ; il célébra de même leur retour. Ce fut le début de la Fronde des princes. La Bourgogne, la Normandie et l'Aquitaine
rallumèrent la guerre civile. Fréderic-Maurice de la Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, décida d’agiter le Poitou et le Limousin
avant de rejoindre Bordeaux. Il faudra attendre octobre 1652 et la contribution de l'armée royale pour mettre un terme à tous ces affrontements.
Dans
un âge plus avancé, et se remémorant les temps de la Fronde, le Grand Condé méditait : " Je suis entré dans cette prison le plus
innocent de tous les hommes, et j’en suis sorti le plus coupable. "
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