25 janvier 1515 - Sacre à Reims de François 1er
Sacre de François 1er, 25 janvier 1515 |
A vingt ans, le comte François d'Angoulême accède au trône sous le nom de François 1er succédant à son cousin Louis XII, décédé sans héritier mâle le 1er janvier 1515 et qui l'a désigné, plusieurs années auparavant, comme son successeur. Impatient de ceindre la Couronne, le jeune homme décide de raccourcir la période de deuil et de se faire sacrer dès le 25 janvier1515.
Tandis que les préparatifs vont bon train, qu'on forge une nouvelle couronne pour ceindre son large front, qu'on taille un manteau fleurdelisé à sa mesure, le souverain quitte Paris le 18 janvier pour se rendre à Reims. Il est accompagné par sa mère, Louise de Savoie, par sa sœur, Marguerite d'Angoulême, duchesse d'Alençon, par Anne de France, duchesse douairière de Bourbon, ainsi que par les princes du sang et la noblesse accourue de toutes les provinces. La reine Claude n'est pas du voyage, car elle attend un enfant. La veille de la cérémonie, il se présente sur le parvis de la cathédrale Notre Dame de Reims, où il est accueilli par l'archevêque Robert de Lenoncourt et les pairs de l'Eglise. Le soir, il reste longtemps en prière, demandant à Dieu de bénir son règne et son royaume.
François 1er n'étant pas "né" roi, le sacre revêt, en dehors de sa dimension liturgique, une importante signification politique : issu de la branche cadette des Valois, le nouveau souverain va ainsi mettre ses pas dans ceux de Clovis, de Saint Louis et de Charles V, qui ont inauguré, puis fixé, chacun en leur temps, les détails de la cérémonie. Le 25 janvier, il rejoint la cathédrale en cortège. Vêtu de la dalmatique, la longue chemise de soie blanche à fermoir d'argent marquant l'entrée du roi dans l'ordre des clercs, il gagne l'autel, où a été dressé un trône sur lequel il prend place.
Pendant ce temps, sur le parvis, l'archevêque reçoit la Sainte Ampoule apportée par l'abbé de Saint Rémy, qui en est le gardien habituel, ses religieux et quatre gentilshommes, choisis par Sa Majesté pour être les "otages de la Sainte Ampoule"
Puis le roi prononce les quatre serments traditionnels, jurant de défendre l'Eglise, de faire régner la paix, d'empêcher ses sujets de tout rang de commettre des iniquités et de chasser les hérétiques du royaume. L'archevêque bénit "Joyeuse", l'épée de Charlemagne, puis procède au rite de l'unctio, en appliquant l'onction sacrée au sommet de la tête de François 1er, sur la poitrine, entre les épaules, sur l'épaule droite, sur l'épaule gauche et à la jointure des bras; ponctuant chacun de ses gestes d'un "Je t'oins de l'huile sainte au nom du Père et Fils et du Saint Esprit".
Le duc de Longueville, grand chambellan, remet ensuite au souverain la robe royale et agrafe sur ses épaules le grand manteau fleurdelisé qui symbolise la voûte céleste et la puissance universelle. Après quoi, François 1er reçoit l'anneau royal, par lequel il devient un roi-prêtre, puis le sceptre dans la main gauche, et la main de justice dans la main droite. Suit le rite de la coronation : entouré par les douze pairs du royaume, l'archevêque ceint le front du roi de la couronne d'or incrustée de quatre fleurs de lys et de pierres précieuses, donne au souverain le baiser de paix et s'exclame par trois fois : "Vive le roi pour l'éternité!"
Alors que l'assistance reprend ce cri de ferveur et d'espérance, les trompettes sonnent, les orgues tonnent, les cloches carillonnent et les oiseleurs lâchent sous les voûtes de la cathédrale des centaines de colombes.
Ayant ceint une couronne plus légère et revêtu en majesté, François 1er, précédé par les pairs et le connétable Charles de Bourbon, quitte les lieux sous les acclamations de la foule en liesse. Il s'en va présider à l'archevêché un grand banquet de cour, tandis que des pièces de monnaie, gravées pour la circonstance afin de propager les récits du sacre autant que la réputation de générosité du nouveau souverain, sont distribuées au peuple.
Deux jours plus tard, comme tous ses prédécesseurs, le roi se rend à quelques lieues de Reims, à l'abbaye de Corbeny, où il touche les écrouelles en prononçant les paroles traditionnelles : "Le roi te touche, Dieu te guérit", accomplissant ainsi le "miracle" spécifique à la monarchie française.
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Le serment du Sacre : Comme tous ses prédécesseurs, François 1er est invité par l'archevêque de Reims à prêter le serment du sacre. Toujours le même. Toutefois depuis le règne de Charles V, pour que le royaume ne soit pas menacé de démembrement, le souverain s'engage à en maintenir l'inaliénabilité.
"Je promets, au nom de Jésus Christ, au peuple chrétien, à mes sujets les choses qui s'ensuivent : premièrement qu'à notre pouvoir tout le peuple chrétien garde en tout temps à l'Eglise de Dieu vraie paix. Item, que j'interdirai à tous degrés et toutes manières de gens toutes rapacités et iniquités. Item, que je commanderai et ordonnerai en tous jugements, équité et miséricorde. Item que de bonne foi et de ma force et puissance, j'étudierai à exterminer et à chasser de ma terre et juridiction à mes sujets tous les hérétiques qui seront dénoncés et déclarés par l'Eglise. Toutes choses dessus dites, je jure et affirme tenir et accomplir".
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