lundi 14 janvier 2019

Napoléon III frôle la mort

 

14 janvier 1858 - L'attentat d'Orsini contre Napoléon III


L'attentat d'Orsini, le 14 janvier 1858,
par H. Vittori, musée Carnavalet, Paris
Ça s'est passé un 14 janvier, il y a de cela cent soixante et un ans …
C'est en criant: " Vive l'Italie! Vive la France! " qu'Orsini et Pieri, condamnés pour attentat contre Napoléon III, montèrent à l'échafaud le 13 mars 1858. Devant l'Opéra, le soir du 14 janvier 1858, trois bombes avaient été lancées contre la voiture impériale où se trouvaient l'empereur, l'impératrice et le général Roguet. Il y eut huit morts et cent cinquante blessés. Le couple impérial, lui, était miraculeusement indemne, mais la voiture avait reçu quelque qua­tre-vingts éclats et le général Roguet, blessé au cou, saignait.
Le 14 janvier 1858, Napoléon III échappa à l'attentat d'Orsini, un parmi une dizaine d'autres dont il fut la cible pendant son règne. Napoléon Ier avait écrit: " Quand on veut se mêler de gouverner, il faut savoir se faire assassiner ". Son successeur ne manquait pas de courage, non plus que l'impératrice Eugénie, qui avait coutume de dire: " Si nous pensions à tout cela, nous ne dormirions pas. Ce qu'il y a de mieux, c'est de n'y pas songer et de se fier à la Providence ".
A 20 h 35, l'empereur arrivait à l'Opéra, venant de la rue Le Peletier, précédé par un peloton de lanciers. La voiture ralentit quand retentit une violente explosion. Le cocher essaye d'enlever ses chevaux, mais celui de droite tombe mort, le poitrail déchiré. La voiture, entraînée dans un dernier sursaut du cheval de gauche, vient heurter le mur de l'Opéra et son timon se brise. A dix secondes d'intervalle, deux autres explosions, et les candélabres s'éteignent. Dans la semi-obscurité, c'est un indescriptible désordre, une fuite éperdue de la foule. On relèvera huit morts et cent cinquante-six blessés.
Un agent de la sécurité, le visage en sang, se jette devant la portière, le poignard levé pour frapper tout agresseur. L'empereur lui demande froidement de baisser le marchepied et, accompagné de l'impératrice, gagne sa loge.
A minuit, le couple regagne les Tuileries sous les vivats de la foule, et reçoit les membres du corps législatif et les dignitaires du régime, venus les congratuler. On dit qu'en se retirant, ils passèrent dans la chambre du prince qui n'avait pas deux ans, et qu'à la vue de l'enfant endormi, ils furent secoués de sanglots.
La police n'avait pu empêcher l'attentat, mais, dans les heures qui suivirent, elle arrêtait les conjurés. Les auteurs étaient quatre révolutionnaires, disciples de Mazzini. Seul son instigateur et organisateur, Felice Orsini, né en 1819, conspirateur de longue date, membre de l'Assemblée républicaine de Rome en 1848, suscita une certaine sympathie à cause de la sincérité de ses convictions. Pieri était un personnage douteux. Les deux autres, Gomez, homme de main, et Rudio, très jeune, ne furent pas con­damnés à mort. 
Orsini avait voulu élimi­ner Napoléon III parce qu’il le considé­rait, depuis l’intervention des troupes françaises en 1849 contre la République romaine, comme un obstacle aux pro­grès de l’unité italienne, ce en quoi il se trompait du tout au tout. Les républi­cains français furent aussitôt accusés de complicité, d’autant qu’Orsini fut défen­du par un député partageant leurs idées, l’éloquent avocat Jules Favre. Le gou­vernement fit voter une loi de sûreté gé­nérale (19 février 1858) organisant la répression. Plusieurs républicains furent déportés en Algérie. 
En réalité, Napoléon III, qui avait autre­fois combattu aux côtés des carbonari, avait toujours été favorable à l’unité de «sa seconde patrie». Il avait permis aux Piémontais de prendre part à la guerre de Crimée, puis de poser la «question italienne» aux congrès de Paris. Toute­fois, il hésitait à s’engager davantage pour soutenir le Piémont contre l’Autri­che, craignant une guerre difficile et l’hostilité des milieux catholiques fran­çais, favorables aux Habsbourg et au pape. 
L’attentat eut l’effet parado­xal de pousser l’empereur à prendre par­ti. Il laissa publier dans Le Moniteur une lettre d’Orsini où l’on trouvait cette adjuration: " Que Votre Majesté ne repousse pas ce vœu suprême d’un patriote sur les marches de l’échafaud, qu’elle délivre ma patrie et les bénédic­tions de 25 millions de citoyens le sui­vront dans la postérité ". Le 21 juillet 1858, une entrevue, à Plombières, entre Napoléon III et Cavour fixa les modalités de l’intervention française. Le 27 avril 1859, l’Autriche, sûre de sa force, engagea les hostilités et, une semaine plus tard, la France se rangea aux côtés du Piémont.
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