24 janvier 1732 - Naissance de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) par Jean-Marc Nattier (1755), Londres |
Brillant, dilettante, insolent, impécunieux et intrigant, Beaumarchais est, à l'image de son Figaro, « ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ! orateur selon le danger ; poète par délassement ; musicien par occasion… » et ce qui reste de son œuvre, dramatique ou polémique, est essentiellement cette étonnante liberté d'esprit, qui ne vieillit pas, car elle est de tous les temps. Chacun retiendra les répliques devenues devises : "Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus" ou "sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur" ou encore "il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits".
Fils d'horloger, inventeur à vingt ans d'un échappement de montre dont il est obligé de disputer l'invention au célèbre Lepaute, Pierre-Augustin Caron connait une enfance heureuse dans l'aisance matérielle d'une famille où l'on lisait et écoutait de la musique. En novembre 1756, il se marie une première fois avec Madeleine-Catherine Aubertin, veuve Franquet de dix ans son ainée. Il se fait dès lors appeler «de Beaumarchais», nom d’une terre qui appartient à son épouse.
Après la mort de sa femme, il entre dans le domaine des spéculations commerciales et acquiert une grande fortune pour acheter une charge de secrétaire du roi qui lui confère la noblesse. Ensuite, il donne des leçons de harpe aux quatre filles du roi Louis XV. Il commence à écrire de petites parades pour des théâtres privés, et épouse, en 1768, Geneviève-Madeleine Wattebled, une veuve très riche, qui meurt deux ans après, à l'âge de trente-neuf ans, lui laissant une grande fortune en viager.
Il entre en littérature par la petite porte, fournit à Le Normant d'Étiolles, mari de la Pompadour, des Parades dans le genre poissard (1757-1763). Le théâtre l'intéresse cependant d'une manière plus sérieuse, et, suivant les idées développées par Diderot sur le drame bourgeois, il donne à la Comédie-Française Eugénie (1767), demi-échec suivi de la publication d'un ouvrage théorique, Essai sur le genre dramatique sérieux, et les Deux Amis (1770), échec total.
Sa vie devient après une succession de procès (l’affaire du juge Goëzman) et d'aventures, travaillant comme agent secret, qu'il s'agisse de mission secrète à Londres avec le Chevalier d'Éon en 1775, de l'aide aux Insurgents d'Amérique en 1776, ou de l'achat de fusils en Hollande pour l'armée républicaine, en 1792. Il prend la tête des auteurs dramatiques trop longtemps abusés par les Comédiens-Français, qui profitent de leur monopole pour ne pas rétribuer les auteurs comme il conviendrait. De ce conflit qu'il mène tambour battant, exigeant des comptes exacts, et peu avare en déclarations tonitruantes, naît la Société des auteurs dramatiques (1777-1780).
Ses premiers drames n'ont pas un grand retentissement, mais sa comédie "Le Barbier de Séville" (1774) qui est sévèrement censurée puis modifiée suscite un vif enthousiasme en 1775 (en 1785, Marie-Antoinette, en personne, jouera le rôle de Rosine). Sa suite "Le Mariage de Figaro", également soumise à la censure et jugée dangereuse est un triomphe à sa première (1784). En 1792, il crée le dernier volet de la trilogie de Figaro, "La Mère coupable", drame larmoyant et moralisateur contaminé par l'atmosphère révolutionnaire. En 1786, il épouse Marie-Thérèse Willer-Mawlaz.
En 1790 il se rallie à la Révolution française qui le nomme membre provisoire de la commune de Paris. Mais il quitte bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations ; il se ruine néanmoins en voulant fournir des armes aux troupes de la République. Ensuite, Il devient suspect sous la Convention et doit s'exiler à Hambourg, après s'être fait prisonnier et ne revient en France qu'en 1796.
Il écrit ses "Mémoires", chef-d’œuvre de pamphlet, et meurt d’apoplexie pendant son sommeil, à Paris, à l'âge de 67 ans, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.
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"Le Mariage de Figaro" sera adapté en 1786 en opéra bouffe (Le Nozze di Figaro) par Mozart, quant au "Barbier de Séville" (Il barbiere di Siviglia), il servira de livret pour Rossini en 1816.
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