mardi 5 novembre 2024

La conspiration des poudres !


5 novembre 1605 - Le Gunpowder's plot ou Bonfire Night.


Cet événement majeur s’est déroulé en Angleterre, le 5 novembre 1605. Il est, au départ, un attentat manqué contre le roi Jacques 1er d’Angleterre et le Parlement anglais par un groupe de catholiques provinciaux anglais conduits par Robert Catesby.

Conspiration des poudres (Angleterre, 1605)

Ça s'est passé il y a quatre cent dix-neuf ans.

Le 25 mars 1603, la reine d'Angleterre et d'Irlande, Élisabeth 1ere, alias the Virgin Queen, meurt sans enfant. Son trône revient alors au fils de sa cousine –qui n'est autre que Marie Stuart. Mettant fin à la dynastie Tudor, Jacques VI unit les couronnes d'Écosse et d'Angleterre et prend le nom de Jacques 1er, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande.

Comme sa prédécesseure, l'Écossais est un monarque protestant. C'est en effet sous le règne d'Henri VIII, à partir de 1533, que l'Église d'Angleterre rompt avec Rome et le catholicisme. À peine soixante-dix ans plus tard, comme ailleurs en Europe, les tensions entre groupes religieux sont encore vives. En 1589, le roi de France Henri III est assassiné à Saint-Cloud.

En Angleterre, nombreux sont ceux qui échafaudèrent des plans visant à ce que Jacques 1er connaisse le même sort. Celui dont le grand public se souvient encore est connu sous le nom de Gunpowder Plot, la conspiration des Poudres de 1605. "Parce que c'était de loin le complot le plus audacieux," commente Jim Sharpe, professeur d'histoire à l'Université d'York et auteur de Remember, Remember the Fifth of November: Guy Fawkes and the Gunpowder Plot (non traduit). "Ils voulaient assassiner le roi en faisant sauter le parlement un jour où il s'y trouverait. C'est l'équivalent d'alors d'envoyer des avions dans les Twin Towers. Et, en plus, ils ont failli réussir."

À l'étranger, beaucoup connaissent le 5 novembre sous l'appellation de "Guy Fawkes Night", nom d'un vétéran de la guerre de Quatre-Vingts Ans souvent présenté comme le leader du commando. En réalité, les conspirateurs sont menés par Robert Catesby, un influent et charismatique catholique, qui s'est entouré de douze hommes. Ensemble, ils parviennent à placer de la poudre à canon sous le parlement, en vue de tout faire sauter..

"Sauf que le 26 octobre, William Parker, 5e baron Monteagle, un élu, reçoit une lettre anonyme le prévenant qu'il ne devait pas se rendre au parlement parce que quelque chose de dramatique allait s'y tramer. On ne saura jamais qui l'a envoyée. Ce que l'on sait, en revanche, c'est que Lord Monteagle communique tout de suite la missive au cabinet privé du roi, qui ordonne une fouille du périmètre. Il n'y avait aucune sécurité, à l'époque. Les immeubles autour de Westminster avaient des celliers et les conspirateurs avaient réussi à obtenir l'accès à celui qui se situait juste en-dessous du parlement, où ils avaient placé trente-six barils de poudre."

Le soir du 4 novembre, les forces de l'ordre fouillent la cave sans rien trouver. "Puis ils se sont souvenu d'un homme assez grincheux qui gardait un amoncellement conséquent de bois pour le feu. Ils y sont retournés et ont trouvé Guy Fawkes avec les 36 tonneaux de poudre à canon – assez pour réduire la Chambre des Lords à un tas de cendres." À minuit, Guy Fawkes, fut tout de suite arrêté. La plupart des conspirateurs fuirent Londres dès qu’ils comprirent que le complot avait été déjoué, mais beaucoup d’entre eux (y compris Robert Catesby) furent tués, tandis que les autres furent arrêtés. Ils sont tous jugés pour trahison, et condamnés à être pendus, traînés, puis écartelés. La tête de Robert Catesby est montée sur une pique devant le bâtiment qu'il a échoué à faire voler en éclats.

L'exécution des conjurés (gravure de Claes Jansz Visscher, date inconnue).

Dès le soir du 5 novembre 1605, la nouvelle de l'échec de la conspiration déclenche dans Londres des effusions de joie. Il était alors normal dans les fêtes en tous genres d'allumer des bûchers, et c'est donc le cas ce soir-là, dans le cadre de ce que l'on peut considérer comme la toute première Bonfire Night.

En janvier 1606, le Parlement vote une loi, l'"Observance of 5th November Act 1605", faisant de chaque anniversaire de la tentative d'attentat une journée de "reconnaissance" envers Dieu, qui aurait à lui seul empêché «la ruine totale de tout le Royaume».

En 1588, quand l'Espagne catholique avait lancé son Invincible Armada sur les côtes anglaises, "on aimait déjà dire qu'une intervention divine l'avait stoppée, reprend Sharpe. On raconta la même chose à propos de la conspiration des Poudres. Instaurer une messe dans toutes les paroisses du pays chaque 5 novembre permettait de rappeler que la conspiration avait échoué, tout en célébrant le fait que Dieu était du côté de l'Angleterre.»

Même si le texte de loi ne le prévoit pas, les célébrations religieuses s'accompagnent de célébrations civiques. "Avec parades, orchestres, distribution de vin et de bière au public,...

Le 5 novembre - L'anniversaire de la Conspiration des Poudres.

Aujourd'hui, le 5 novembre, en angleterre, est le Bonfire Night, une journée de célébration juste pour le plaisir de la célébration et ce n'est pas une mauvaise chose, avec pétards et feux d'artifices.



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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : J. A. Sharpe, Remember, Remember : A Cultural History of Guy Fawkes Day, Harvard University Press, 2008, 230 p.

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lundi 14 octobre 2024

La bataille d'Hastings


14 octobre 1066 - Quand Guillaume de Normandie devient Guillaume le Conquérant.


Après une journée de combats intenses, la cavalerie normande s'avéra plus efficace que l'infanterie anglo-saxonne.

Bataille d'Hastings, Tapisserie de Bayeux (détail).

Ça s'est passé il y a 958 ans.

À l'origine de cette confrontation, la mort sans enfant du roi d'Angleterre Édouard le Confesseur, en janvier 1066, a déclenché une querelle entre plusieurs prétendants au trône. Harold est couronné le lendemain de la mort d'Édouard, mais dans les mois qui suivent, il doit faire face aux invasions de l'île par Guillaume, son propre frère Tostig et le roi norvégien Harald Hardrada. Ces deux derniers se sont alliés et ont débarqué dans le nord de l'Angleterre à la tête d'une armée viking, avec laquelle ils ont vaincu une armée anglaise recrutée à la hâte à la bataille de Fulford le 20 septembre 1066, bien que tous deux aient été vaincus cinq jours plus tard par le roi Harald à la bataille de Stamford Bridge. La mort au combat de Hardrada et Tostig laisse le roi anglais et le duc Guillaume comme seuls prétendants à la couronne. Alors que les soldats d'Harold se remettent de la bataille, le duc de Normandie débarque le 28 septembre 1066 à Pevensey, dans le sud de l'Angleterre, et établit une tête de pont d'où il pourra lancer sa conquête du royaume. Harold a été contraint de marcher rapidement vers le sud et a dû recruter des troupes en cours de route.

Le nombre exact de troupes impliquées dans la bataille est inconnu, bien que les estimations modernes indiquent qu'il y avait environ 10 000 hommes de Guillaume et environ 7 000 d'Harold. La composition des armées est claire : les Anglais étaient presque entièrement des fantassins et quelques archers. La composition des armées est claire : l'armée anglaise était presque entièrement composée d'infanterie et de quelques archers, tandis que la moitié de la force d'invasion était composée d'infanterie et le reste était également réparti entre cavalerie et archers. Il semble qu'Harold ait tenté de surprendre Guillaume, mais les éclaireurs ont signalé son arrivée au duc, qui a marché depuis Hastings pour rencontrer le roi.

La bataille a duré de 9 heures du matin jusqu'au coucher du soleil. Les premières tentatives des envahisseurs pour percer les lignes anglaises ont eu peu d'effet, et les Normands ont ensuite adopté la tactique consistant à feindre une retraite puis à se retourner contre les défenseurs. La mort d'Harold, qui a dû se produire vers la fin de la journée, a entraîné la retraite et la défaite de la majeure partie de son armée. Il est difficile de connaître le nombre exact de victimes de la bataille, mais certains historiens l'estiment à environ 2 000 chez les envahisseurs et à deux fois plus chez les Anglais.

Après une longue marche et quelques escarmouches dans le sud de l'Angleterre, Guillaume gagne la soumission du royaume et est couronné roi le jour de Noël 1066. Au cours des années suivantes, il y a eu plusieurs rébellions et résistances au pouvoir du nouveau roi, mais l'issue de l'affrontement à Hastings a marqué le point culminant de la conquête normande de l'Angleterre. Guillaume a fondé une abbaye sur le site de la bataille, dont le maître-autel de l'église est censé marquer l'endroit où Harold est tombé mort. L'Angleterre et le duché de Normandie ont été politiquement liés pendant une grande partie du Moyen Âge. En effet, les différends concernant la domination de la Normandie, annexée par le royaume de France en 1204, seront à l'origine de la guerre de Cent Ans (1337-1453) entre les couronnes de France et d'Angleterre.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.

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vendredi 11 octobre 2024

Un Parlement à Toulouse


11 octobre 1443 - L'Edit de Saumur


Le 11 octobre 1443, avec l'édit de Saumur, Charles VII rétablit définitivement le Parlement de Toulouse et le stabilise dans cette ville.

Xylographie représentant la tenue d'un lit de justice
au parlement de Toulouse,
(Bibliothèque de la cour d'appel de Toulouse)

Vouloir retracer l’histoire de la création du parlement de Toulouse c’est se lancer dans une très longue histoire. Une très longue histoire parce que les circonstances qui ont rendu possible et même nécessaire la création de cette cour supérieure de justice remontent à près de deux siècles en arrière.

Sur le modèle du Parlement de Paris, Charles VII décide de créer, par l’édit de Saumur, le Parlement de Toulouse, le premier parlement de province. Sa Majesté a cédé aux demandes des États du Languedoc désireux de disposer d’une cour de Justice capable de statuer au nom du roi de France mais tenant compte des particularités du droit méridional. Le Parlement de Toulouse dont les attributions s’étendent du Rhône aux côtes atlantiques et du massif central aux Pyrénées, a siégé pour la première fois, le 4 juin 1444, dans "la salle neuve " au château Narbonnais*, puis déménagea dans la "Grand’Chambre "**, une fois celle-ci achevée en 1492.

Le 4ème sceau municipal de Toulouse
montrant le Château Narbonnais et Saint Sernin

Il y avait longtemps que l'on réclamait un parlement pour les pays de Languedoc. Les dernières phases de la guerre de Cent ans et la réorganisation du royaume par Charles VII allaient permettre son installation. L'action des états de Languedoc a été déterminante. Charles n'était encore que régent lorsque, présidant les états tenus à Carcassonne en mars 1420, il institua un parlement pour le Languedoc et le Duché de Guyenne deçà la Dordogne. La cour siège très irrégulièrement à Toulouse, à Béziers. Mais cette première expérience est éphémère ; elle est interrompue le 7 octobre 1428.

Charles VII roi de France 1422 à 1461
surnommé "le Victorieux" ou "le Bien Servi"

Dès 1430, les états interviennent auprès du Roi pour le rétablissement de la cour ; leur action est inlassable, ils invoquent constamment que "ou pays de Languedoc doit avoir un Parlement". Ils finissent par obtenir satisfaction ; le 11 octobre 1443, Charles VII, par un édit signé à Saumur, restitue à Toulouse son parlement. Il est solennellement installé le 4 juin 1444, en présence de celui qui allait devenir son premier président, Aynard de Bletterens, (jusqu’en 1449) mais aussi des délégués envoyés par le Roi, Tanneguy Du Châtel, lieutenant général en Languedoc, Pierre Dumoulin, archevêque de Toulouse, Jean d'Etampes, maître des requêtes de l'hôtel du roi, et Jacques Cœur, son argentier. Mais l'entrée solennelle du parlement de Toulouse n'eut lieu qu'en novembre 1444.

La création de la cour toulousaine a ainsi été essentiellement due à deux facteurs : la volonté du roi Charles VII d’une part, l’action continue des états de Languedoc de l’autre. On ne peut pas ne pas remarquer que c’est au cours des trois seuls séjours que Charles VII fit lors de son règne dans les terres languedociennes, à Carcassonne en mars 1420, à Montpellier en 1437, à Toulouse en mars 1443, que le roi a par trois fois et, semble-t-il, contre l’avis d’une partie de son entourage, décidé d’ériger à Toulouse une cour souveraine. C’est aux réclamations répétées des états, qui ont usé pour le convaincre de tous les moyens en leur possession, au premier rang desquels figure l’argument financier (les états ont pris en charge les gages de la cour en octroyant un supplément de six mille livres à l’aide qu’ils étaient appelés à voter régulièrement chaque année), que le monarque s’est finalement rendu.

Sa décision devait être lourde de conséquence pour l’organisation future de l’administration judiciaire du royaume, puisque sur le modèle de la cour toulousaine va apparaître dans les siècles suivants tout un ensemble de parlements provinciaux.


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* Château narbonnais : forteresse construite au XIe siècle à l'extérieur du rempart romain, le Château narbonnais est l'ancienne résidence des comtes de Toulouse, possession du roi de France depuis 1229. C'est dans la "salle neuve", édifiée au XIIIe siècle, que le Parlement décide de siéger. Menaçant de tomber en ruine, le château sera démoli en 1549.

** La Grand’Chambre, édifiée à l’extérieur du château Narbonnais, est achevée le 8 octobre 1492. François 1er et Charles IX y ont tenu un lit de justice. Cette salle est aujourd’hui la première chambre de la cour d’appel de Toulouse.

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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia. Pour les curieux :

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mercredi 9 octobre 2024

La troisième épouse de Louis XII


9 octobre 1514 - une Anglaise devient reine de France !


Fille cadette d'Henri VII Tudor et d'Élisabeth d'York. Elle est la sœur cadette du roi Henri VIII.

Marie d’Angleterre (1496-1533)

Ça s'est passé il y a cinq cent dix ans.

Originaire de la dynastie des Tudor, Marie a dix-huit ans en 1514. D'abord promise en mariage à Charles Quint, futur empereur du Saint-Empire romain germanique, elle épouse finalement un vieux roi de France, Louis XII ayant l’âge (canonique pour l’époque) de cinquante-trois ans.

Le roi de France a déjà étrenné deux épouses. La première est Jeanne de France, dont il s’est séparé en 1498 pour épouser Anne de Bretagne et ainsi assurer le rattachement du Duché au domaine royal. Anne de Bretagne meurt le 9 janvier 1514 à trente-sept ans de la gravelle (une maladie des voies urinaires due à ses nombreuses maternités et fausses couches).

Après un deuil de neuf mois, Louis XII épouse à Abbeville la jeune anglaise Marie Tudor, le 9 octobre 1514. Ele est la sœur cadette d’Henri VIII, il s’agit alors de sceller la réconciliation entre les deux monarques et de donner au roi de France un héritier mâle pour lui succéder et empêcher la montée sur le trône de son cousin un Valois d'Angoulême. Mais Louis XII ne profitera pas longtemps de son mariage, il meurt moins de trois mois après, le 1er janvier 1515, laissant la France à François 1er.

Une Anglaise, qui n’aura été reine de France que deux mois et demi !


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Nicole Hochner, "Louis XII : les dérèglements de l'image royale, 1498-1515", Seyssel, éditions Champ Vallon, collection "Époques", 2006.

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jeudi 19 septembre 2024

Le désastre de Poitiers


19 septembre 1356 - Le nombre de fait rien à l'affaire.


Le 19 septembre 1356, l'armée française est écrasée par les archers anglais au nord de Poitiers.
Le roi Jean II le Bon est lui-même fait prisonnier.

Capture du roi Jean II le Bon
à la bataille de Poitiers en 1356 (miniature médiévale)

Ça s'est passé il y a 668 ans.

Profitant d'une querelle domestique entre le roi Jean II le Bon et son gendre Charles le Mauvais, roi de Navarre (voir Traités de Mantes et de Valognes), le roi anglais Édouard III rompt la trêve consécutive à la victoire de Crécy. Son fils, le prince de Galles Édouard de Woodstock, débarque à Bordeaux avec des troupes en septembre 1355. Plus tard surnommé le Prince Noir en raison de son armure, il se lance dans de grandes expéditions ou "chevauchées" à travers le royaume de France. Les Anglais pillent les villages et les bourgs et tuent les manants qui font mine de leur résister.

Le roi de France cherche désespérément des subsides pour faire face à ce nouveau malheur. Il réunit en décembre 1355 les états généraux. La bourgeoisie est excédée par les gaspillages de la cour. Conduite par le nouveau prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, un riche marchand drapier membre de la confrérie Notre-Dame et des pèlerins de Saint-Jacques, elle concède des subsides en échange de promesses formelles de réformes.

Tandis que les Anglais remontent de leur possession de Bordeaux vers la Loire pour une nouvelle chevauchée, le roi de France peut enfin lever une armée pour se porter à leur rencontre.

L'armée anglaise est commandée par le Prince Noir. Elle compte à peine 7 000 hommes mais elle est solidement retranchée sur le plateau de Maupertuis. Le roi de France, de son côté, aligne pas moins de 15 000 hommes. Malgré la charge folle des chevaliers, la bataille tourne très vite à la déroute française. Beaucoup de chevaliers sont faits prisonniers. D'autres se replient lâchement et abandonnent leur roi à son sort.

Fidèle à sa réputation, Jean le Bon se lance à la poursuite du Prince Noir. Mais Jean le Bon est bientôt encerclé. Anglais et Gascons se disputent sa capture. Une mêlée confuse s'ensuit au cours de laquelle le roi est ballotté, agrippé et fort malmené par une vingtaine de candidats à la prime. Il ne doit la vie qu'à l'arrivée opportune de Warwick, dépêché par le Prince Noir, qui met un terme à la rixe moyennant la promesse d'un substantiel dédommagement.Son plus jeune fils, Philippe le Hardi, qui l'avait, selon la chronique, encouragé de ses paroles dans le combat : "Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche !" est fait prisonnier à son tour. Le connétable Gauthier VI de Brienne et le porte-oriflamme Geoffroy de Charny tombent en défendant le roi.

La bataille de Poitiers s'achève sur un désastre. Seule consolation d'amour-propre pour le souverain français : il n'a pas fui comme son père, Philippe VI de Valois, au soir de la bataille de Crécy. Sans doute, mais sa reddition marque le début d'une période d'anarchie et de révoltes qui vont mettre la monarchie en péril.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Fayard, 1980, 678 p.

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lundi 16 septembre 2024

Mort du "Roi-fauteuil"


16 septembre 1824 - Mort de Louis XVIII


Perclus de goutte, obèse et incapable de marcher, le vieux roi Louis XVIII, qui se surnomme lui-même le "Roi-fauteuil", meurt d'une gangrène infectieuse à près de 69 ans, sans avoir réussi à réconcilier la Révolution et l'Ancien Régime.

Louis XVIII 

Ça s'est passé il y a 200 ans.

À 68 ans, le roi Louis XVIII s'éteint le 16 septembre 1824 à quatre heures du matin, dans sa chambre du palais des Tuileries. Sans descendance, c'est alors son dernier frère, le comte d'Artois, qui lui succède sur le trône à l'âge de 67 ans, devenant le roi Charles X. Louis XVIII est le dernier roi de France à être autopsié et embaumé : le pharmacien Labarraque doit asperger le corps d'une solution de chlorure de chaux afin d'arrêter la marche de la putréfaction.

Louis XVIII souffrait d’une goutte qui empira avec les années et lui rendait tout déplacement extrêmement difficile à la fin de son règne. Dans ses dernières années, le roi podagre (malade souffrant de la goutte) devait se déplacer en béquilles et utilisait un fauteuil roulant dans ses appartements, lui-même se baptisant "le roi fauteuil" alors que les plus virulents des bonapartistes, puis le petit peuple, l'affublaient du quolibet de "gros cochon" ou "Cochon Louis XVIII". Vers la fin de sa vie, il était atteint d'artériosclérose généralisée, en outre la gangrène rongeait son corps devenu impotent et appesanti par l'hydropisie (œdèmes généralisés). 

À la fin du mois d'août 1824, la maladie avait provoqué une large plaie suppurante en bas du dos et l'avait rendu méconnaissable. Fièrement, il refusait de s'aliter, reprenant les propos de Vespasien: "Un empereur doit mourir debout".

Mais, le 12 septembre 1824, sa terrible souffrance l'obligea à se coucher. Il se décomposait vivant et dégageait une odeur si nauséabonde que sa famille ne pouvait rester à son chevet. Un de ses yeux avait fondu; le valet de chambre, en voulant déplacer le corps, arracha des lambeaux du pied droit; les os d'une jambe étaient cariés, l'autre jambe n'était qu'une plaie, le visage était noir et jaune.

Le 13 septembre, Louis XVIII reçoit les derniers sacrements du grand aumônier de France, Monseigneur de Croÿ, archevêque de Rouen.

Louis XVIII n'a pas été sacré roi de France, bien que le sacre fût prévu dans l'article 74 de la Charte de 1814. Son frère, Charles X, qui lui succéda, renoua avec la tradition du sacre le 29 mai 1825 dans la cathédrale de Reims. De plus, un roi sacré devait avoir des pouvoirs divins (le roi de France, par exemple, guérissait les écrouelles), et montrer une image d'homme puissant valide, en bonne santé, ce qui n'était pas le cas pour ce roi, qui pour espérer être populaire de son peuple renonça au sacre pour éviter de montrer sa maladie au grand jour. Cependant, une sculpture de Louis XVIII, en costume de sacre, fut commandée par ses soins en 1815 au sculpteur Cortot. Elle est exposée dans la gypsothèque de la villa Médicis à Rome.

Le 25 octobre 1824, le roi Louis XVIII, dernier monarque de France mort au pouvoir, est inhumé dans la basilique de Saint-Denis. Il est le dernier monarque français à recevoir ce privilège, et également le dernier mort sur le trône, les deux suivants ayant été renversés.

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Petit rappel

Louis XVIII (né le 17 novembre 1755 à Versailles sous le nom de Louis Stanislas Xavier de France, titré comte de Provence (1755-1795)) est roi de France et de Navarre du 6 avril 1814 au 20 mars 1815 puis du 8 juillet 1815 à sa mort, le 16 septembre 1824, à Paris.

Louis XVIII (1755-1824)

Issu de la Maison de Bourbon, quatrième fils du dauphin Louis et frère cadet de Louis XVI, il est appelé "Monsieur" quand ce dernier devient roi. Exilé sous la Révolution française et le Premier Empire, il adopte de jure en tant que prétendant au trône le nom de Louis XVIII, l'ordre dynastique incluant son neveu Louis XVII mort en prison en 1795 (à l'âge de 10 ans) sans avoir jamais régné. Surnommé "le Désiré" par les royalistes, il revient en France lors de la Restauration qui suit la chute de l'empereur Napoléon 1er. Il est renversé durant les Cent-Jours, puis revient à nouveau au pouvoir après la bataille de Waterloo.

Durant son règne, considérant l'évolution de la France entre 1789 et 1814, Louis XVIII s'attelle à composer avec les acquis de la Révolution et de l'Empire. Ayant quitté la France, le même jour que son frère (qui est reconnu et arrêté à Varennes), à 35 ans, il en a 58 quand son règne commence effectivement, après avoir passé 23 ans en exil. Il "octroie" au peuple une constitution utilisant un terme d'Ancien Régime, la Charte constitutionnelle de 1814, tout en menant une politique de réconciliation et d'oubli concernant les violences révolutionnaires en tentant de calmer la Terreur blanche. Il compose dans un premier temps avec une chambre parlementaire "plus royaliste que le roi", la Chambre introuvable. Mais en 1820, après l'assassinat de son neveu Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, troisième dans l'ordre de succession au trône, la Restauration prend un tournant plus dur, voire réactionnaire, que le roi laisse mener par le président du conseil Villèle. Son règne est aussi marqué par l'expédition d'Espagne (1823).

Son frère cadet, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X. La Restauration prend fin avec la révolution de 1830, qui met sur le trône Louis-Philippe, roi des Français.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Georges Bordonove, Louis XVIII le Désiré, Paris, France Loisirs, 1991, 318 p.

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samedi 17 août 2024

Drame à la cour d'Orthez


Août 1380 - L'Ange de Foix ne sera jamais Gaston IV


Que s'est-il donc passé au château Moncade d'Orthez entre le 16 juillet et le 17 août 1380 ?
Gaston Fébus, prince solaire, à la fois stratège et lettré, aurait tué de ses propres mains son fils,
unique héritier, le jeune Gaston surnommé l'Ange de Foix.

Le drame d'Orthez selon Froissart, Bruxelles

Ça s'est passé il y a 644 ans.

Le "jeune Gaston" est le fils que Gaston III de Foix-Béarn, dit Fébus a eu avec Agnès de Navarre, petite-fille du roi de France, Louis X le Hutin et sœur de Charles II, roi consort de Navarre.

Au départ, Gaston Fébus et son beau-frère s'entendent comme larrons en foire. Signe de leur proximité : ils complotent ensemble contre le roi de France.

Mais en septembre 1362 de retour chez lui en Béarn, après plusieurs campagnes militaires, Gaston Fébus répudie sa femme, la pauvre Agnès qui venait de mettre au monde un héritier, un fils, sous prétexte d'une dot non payée. Suite à cette manière peu élégante, et il se met à dos son beau-frère, Charles de Navarre.

Agnès de Navarre rejoint sa famille à Pampelune, en Espagne. Il semble que Fébus éprouve quelques regrets après cette séparation : il rédige alors la célèbre "canso": "Se canto" où un oiseau sous sa fenêtre chante pour sa mie qui est loin de lui et où ces fières montagnes si hautes l’empêchent de voir son amour.

Charles II, mécontent du sort fait à sa sœur, réfugiée à sa cour de Pampelune, aurait donc retourné son goût du complot contre Fébus, aidé en cela de l'évêque de Lescar, Odon de Mendousse. Allant jusqu'à manipuler le jeune Gaston et l'accueillant en Navarre, ils remettent au garçon une bourse censée contenir un "filtre d'amour". S'il l'administre à Fébus à son insu, il aimera à nouveau sa mère, promet-t-on au jeune homme.(*)

De retour en Béarn, l'innocent s'exécute. Mais Fébus, prévenu par un fils bâtard de ce que le jeune Gaston s’apprêtait à faire lui arrache, lors d’un repas, la bourse qu’il avait autour du cou, en fait goûter le contenu à son chien. La quadrupède trépasse sur le champ.

Le complot navarrais est démasqué. Pour le jeune Gaston, c'est le cachot, immédiat et sans aucun procès. Il est emprisonné au château de Moncade d’Orthez entre fin juillet et début août 1380, tandis qu'Odon de Mendousse et le baron d'Andoins partent en exil auprès de Charles II.

Le Jeune Gaston, dit l'Ange de Foix, tableau de Claudius Jacquand (1838)

C'est alors que survient le drame. La suite des événements ne peut être racontée avec certitude, mais le jeune Gaston décède probablement mi-août 1380 sous la main de son père Fébus. La tragédie bouleverse Fébus qui dit : "Jamais je n'aurai de joie aussi parfaite qu'avant". Il rédige son Livre des oraisons, accréditant la thèse du geste involontaire, et quitte Orthez pour Pau, ne revenant au château de Moncade que quatre ans plus tard.


* Il est à noter qu'en 1380, le jeune Gaston a 18 ans. Il est marié depuis 1379 à Béatrice d'Armagnac, fille de Jean II d'Armagnac. C'est donc un homme, plus un enfant, selon les critères médiévaux.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.

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vendredi 2 août 2024

Mort d'Henri III


2 août 1589 - Le poignard de Jacques Clément.


Le 1er août 1589, tandis que l'armée royale assiège Paris, aux mains de la Sainte Ligue catholique et de ses alliés espagnols, un moine dominicain, Jacques Clément (22 ans), sollicite une audience auprès du roi Henri III (38 ans).

Assassinat d'Henri III par Jacques Clément (BnF)

Ça s'est passé il y a quatre cent trente-cinq ans.

Ce matin du 1er août, Henri III se réveille tranquillement dans son château de Saint-Cloud. Depuis quelques jours, un moine demande à le voir.

Ce moine, appelé Jacques Clément, natif du village de Sorbonne, près de Sens, était un jeune homme d’environ vingt-deux ans, sans lettres, vivant dans le libertinage et l’oisiveté, et toujours mêlé avec la canaille ; les déclamations furieuses des prédicateurs de la ligue exaltèrent l’imagination de cet esprit faible, et lui donnèrent l’idée du plus horrible projet : aller tuer le tyran accusé d’inversion sexuelle.

Aujourd’hui, Henri III consent à le rencontrer alors qu’il n’est pas encore habillé. C’est surtout qu’il ne veut pas que dans toute la ville, on s’écrie que "le roi ne veut pas recevoir des prêtres"…

Assis sur sa chaise percée, le roi tient la lettre, que venait de lui remettre le moine et qu'il disait écrite par le premier président Achille de Harlay. Soudain, alors que le roi remonte ses chausses, le moine sort un couteau de sa manche et frappe le bas-ventre du roi. Le roi, étourdi sur le coup, "Ah ! le méchant moine, il m'a tué", gémit-il. Puis retirant lui-même le couteau qui était resté dans la plaie le retourne contre Jacques Clément, le blessant au dessus de l’œil gauche. En même temps, les seigneurs qui étaient dans la chambre, se jettent sur le monstre qui levait les mains et les yeux vers le ciel, et le font expirer sous mille coups.

Les médecins du roi, après avoir observé la blessure, la juge bénigne et la pansent. Ils vont aussi lui faire un lavement. Par.. précaution ? En réalité, Henri III fait une hémorragie externe, car le péritoine a été sectionné, et une hémorragie interne, car ce même péritoine est en train de s’infecter.

Le roi est conscient, il écrit des courriers à sa femme pour lui annoncer que ce n’est rien de grave. Mais dans le doute, sur ce qui va être son lit de mort, Henri III convoque en urgence son cousin et héritier légitime, le roi Henri III de Navarre (36 ans). Il ordonne aux nobles de son entourage de lui prêter serment de fidélité. dans une dernière déclaration  :

"Je vous prie comme mes amis et vous ordonne comme votre roi, que vous reconnaissiez après ma mort mon frère que voilà, et que pour ma satisfaction et votre propre devoir, vous lui prêtiez le serment en ma présence".

Pendant toute l’après-midi, le roi se vide de son sang et la fièvre commence à le gagner. Il s’endort et meurt, le 2 août, vers 3 h du matin à l’âge de 38 ans.

Le jugement de Clément ne peut être que posthume, aussi, on décide de faire écarteler le cadavre par quatre chevaux, puis on le brûle, et enfin, ses cendres sont jetées dans la Seine. Mais s’il avait été vivant, ça aurait été la même chose.

On dit que le régicide a été commandité par le père Edme Bourgoing, qui lui conseilla de prier et de jeûner pour connaître la volonté de Dieu. On lui fit entendre pendant les nuits précédentes une voix qui semblait venir du ciel, et qui lui ordonnait de tuer le tyran. Le prieurl sera aussi écartelé aussi. La duchesse de Montpensier, sœur du duc de Guise, acheva de le déterminer, en l’assurant, que s’il échappait, le pape le ferait cardinal, et que s’il périssait, il serait canonisé . On dit même qu’elle en vint jusqu’à lui promettre tout ce qu’il y avait de plus capable de tenter un moine.

De leur côté, les conjurés catholiques, avec l'accord secret du pape, proclament l'avènement du vieux cardinal Charles de Bourbon (61 ans), oncle d'Henri IV, sous le nom de Charles X. La tentative reste sans lendemain, le vieux cardinal préférant reconnaître Henri IV. C'est à ce dernier que reviendra la gloire de mettre fin aux guerres de religion...


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Pierre Chevallier, "Henri III : roi shakespearien", Paris, éditions Fayard, 1985.

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lundi 24 juin 2024

L'assassinat de Sadi Carnot


24 juin 1894 - Le poignard de Caserio.


Le 24 juin 1894, à Lyon, le président de la République Sadi Carnot est poignardé mortellement par Caserio, un anarchiste italien. L'événement provoque un choc dans tout le pays.

La une du quotidien Le Petit Journal, où un illustrateur
a reconstitué l'assassinat du président Carnot.

Ça s'est passé il y a 130 ans.

Sadi Carnot a été poignardé en pleine rue, alors qu'il quittait un banquet organisé en son honneur par la Chambre de commerce au palais de la Bourse, place des Cordeliers, en marge de l'Exposition universelle, internationale et coloniale qui se déroulait au parc de la Tête d'Or à Lyon.

"Le banquet a fini à neuf heures dix. Le cortège s'était reformé pour se diriger vers le théâtre où avait lieu une représentation de gala. M. Carnot avait pris place dans la première voiture. Il était arrivé à moitié de la façade du palais du Commerce donnant sur la rue de la République [...] lorsqu'un individu s'est précipité sur son landau et en a gravi brusquement le marchepied [...].

Je jetai instinctivement les yeux du côté du cortège, j'aperçus M. Carnot, dont le visage était devenu livide, s'affaisser sur le dossier du landau. La foule se rua aussitôt sur l'individu qui s'était jeté sur le landau présidentiel et que le préfet, M. Rivaud, assis à côté de M. Carnot, avait d'un coup de poing envoyé rouler sur la chaussée. On criait : “Le président de la République vient d'être victime d'un attentat ! Il a été frappé d'un coup de poignard !” [...]

Ceux qui l'avaient arrêté menaçaient de l'écharper sur place. Les sergents de ville ont eu la plus grande peine à le tirer de leurs mains. Il n'a pas fallu moins de dix gardiens de la paix pour protéger le coupable contre l'exaspération de la population. "

La nouvelle cause un choc dans toute la France, déjà secouée par plusieurs attentats anarchistes. Le nom du meurtrier est bientôt connu : Sante Geronimo Caserio, un Italien âgé de 20 ans. Un cet anarchiste originaire de Lombardie, dont les activités politiques lui ont valu une condamnation puis l'exil hors d'Italie un an plus tôt. " Sante, quand il était enfant, était joli comme un amour, raconte son frère, interviewé. Mais il y a deux ans, il commença à fréquenter les anarchistes. Ce fut alors que son cerveau commença à s’exalter. Il lisait, sermonnait, on eût dit un avocat. "

Caserio, conduit à la prison Saint-Paul de Lyon, est interrogé le 26 juin par le juge d'instruction Benoist :
"— Voyons, Caserio, pourquoi avez-vous voulu tuer le président de la République ? Le connaissiez-vous ? Aviez-vous un grief particulier contre lui ?
— Non, répond Caserio. C’était un tyran, je l’ai tué pour cela.
— Vous êtes anarchiste ?
— Oui, je m’en vante ! [...]
— Comment avez-vous frappé M. Carnot ?
— Je me suis avancé, repoussant le cheval d’un cuirassier. J’avais mon poignard ouvert dans ma manche. Je n’ai eu qu’à lever la main. J’ai visé le bas-ventre et ai laissé retomber le bras en criant : “Vive l’anarchie !” La foule s’est jetée sur moi, m’a terrassé, roué de coups. Les agents m’ont emmené au poste.
— Vous persistez à dire que vous n’avez pas de complice ?
— Oui. Mais, à propos, le président est-il mort ?
M. Benoist ne répond pas. Caserio semble penser que sa victime a succombé et ne dissimule pas sa satisfaction. Il sourit et, levant la main, fait le simulacre de frapper.
"

Pendant les quatre jours suivant l'attentat, des émeutes anti-italiennes se produisent à Lyon. Les maisons, magasins et commerces de la communauté italienne sont incendiés et pillés et des immigrés italiens sont molestés.

"La foule se presse compacte sur le parcours que doit suivre la dépouille mortelle de M. Carnot. Elle reste morne et silencieuse pendant le passage du cortège. Mais à peine le convoi s’est-il éloigné, que la foule devient houleuse. Des cris de haine sont proférés de tous côtés. On entend surtout ceux de “Vengeance ! Vengeance ! Nous vengerons Carnot ! À la porte les étrangers !

"Dès ce moment, des bandes d’hommes, de femmes, d’enfants, se forment et se dirigent, drapeaux en tête, sur le pont de la Guillotière. En un instant, le cours Gambetta, les rues Montebello, Montesquieu sont envahis et la foule, de plus en plus furieuse, met à sac toutes les boutiques dont les propriétaires ont une désinence italienne."

Un policier et deux émeutiers (non italiens) périront dans ces émeutes. Caserio, l' assassin, est jugé les 2 et 3 août suivants, et condamné à la peine capitale. Il sera guillotiné à la prison Saint-Paul le 16 août. Ses derniers mots, sur l'échafaud, sont : "Courage, les amis ! Vive l'anarchie !".

Quant à Sadi Carnot, il recevra des funérailles nationales : il est inhumé au Panthéon le 1er juillet 1894.

Le cortège funèbre débouchant de l'avenue des Champs-Élysées
sur la place de la Concorde.

L'assassinat de Sadi Carnot conduira à l'adoption, le 28 juillet, de la troisième et dernière des "lois scélérates" visant à réprimer le mouvement anarchiste.


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Sources : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia et l'article de Pierre Ancery publié le 16 février 2018 sur le site de la presse BnF Retronews - https://www.retronews.fr/justice/echo-de-presse/2018/02/16/lassassinat-de-sadi-carnot-lyon.
Pour les curieux : Patrick Harismendy, "Sadi Carnot, l'ingénieur de la République", Paris, Perrin, 1995

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vendredi 7 juin 2024

La "Journée des tuiles"


7 juin 1788 - Les prémices de la Révolution française.


Le 7 juin 1788, les habitants de Grenoble, défient les troupes du roi. Juchés sur les toits de leurs maisons, ils jettent des tuiles sur les soldats qui avaient reçu l'ordre de disperser les parlementaires de la province.

La journée des Tuiles par Alexandre Debelle
(musée de la Révolution française).

Ça s'est passé il y a deux cent trente-six ans.

Cet accès de colère résulte d'un bras de fer entre le gouvernement de Louis XVI, ruiné, et une poignée de privilégiés, dont les parlementaires eux-mêmes, hostiles à toute réforme... Ce sont les prémices de la Révolution française.

À son avènement, en 1774, le roi Louis XVI a choisi un ministre des finances compétent, Turgot, pour faire face à la crise financière et réformer l'État. Mais, sous la pression des privilégiés et de la Cour, il a été obligé de le renvoyer.

D'année en année, la situation financière de l'État n'a fait que s'aggraver, cependant que se durcissait la résistance des privilégiés, au premier rang desquels les magistrats des parlements.

Non sans raison, les parlementaires rappellent qu'un impôt perpétuel ne peut être édicté que par les états généraux. Et voilà qu'ils réclament la convocation de cette assemblée d'origine médiévale, qui réunit des représentants des trois ordres du royaume (clergé, noblesse et tiers état) !

Le nouveau ministre Loménie de Brienne, embarrassé, obtient du roi qu'il exile les parlementaires parisiens à Troyes le 10 août 1787. L'exil vaut aux parlementaires un surcroît de popularité.

Finalement, ils reviennent à Paris sous les applaudissements et reprennent les débats en vue d'une simple prolongation de l'impôt des "deux vingtièmes" créé quelques années plus tôt pour les besoins de la guerre contre l'Angleterre. Le gouvernement, qui a besoin d'eux pour enregistrer la loi, n'a pas le choix.

Le 19 septembre, les parlementaires reviennent à Paris sous les applaudissements. Dans l'obligation de combler au plus vite le déficit des finances, le roi leur demande d'enregistrer un édit établissant un emprunt de 420 millions de livres (la monnaie de l'époque).

Comme les discussions s'éternisent, Louis XVI transforme la séance du 19 novembre 1787 en "lit de justice". Cette procédure exceptionnelle lui permet d'imposer l'enregistrement de l'édit. À son cousin, le duc d'Orléans, qui conteste avec effronterie la légalité de la décision, Louis XVI répond : "C'est légal parce que je le veux". Et par une lettre de cachet, il exile le duc à Villers-Cotterêts.

Le 4 janvier 1788, Adrien Duport, conseiller au Parlement, émet un réquisitoire contre les lettres de cachet, qui permettent au roi d'emprisonner quelqu'un sans jugement. Il forme aussi un comité de 30 membres en vue de promouvoir les états généraux et de les démocratiser, par l'abolition de la distinction des trois ordres. Mais son initiative reste pour l'heure isolée.

Le 3 mai 1788, le Parlement de Paris entre en rébellion. Il publie une "déclaration des droits de la Nation" et réclame la convocation des états généraux. En attendant, il invite les contribuables à refuser d'acquitter les "deux vingtièmes". C'en est trop pour le roi et ses ministres qui envisagent d'en finir et de renvoyer une bonne fois pour toutes les parlements.

Adrien Duport anime le "parti des Américains, Anglomanes ou Patriotes". Il s'agit d'un groupe de libéraux qui se recrute dans les hautes classes de la société (grande noblesse, haute bourgeoisie, robins ou parlementaires). Parmi eux le marquis de La Fayette, le président du Parlement de Paris Lepelletier de Saint-Fargeau, l'avocat Hérault de Séchelles, le marquis de Condorcet, le comte de Mirabeau ou encore l'abbé Sieyès. Ces personnages se réunissent tantôt chez Duport, tantôt chez La Fayette et forment le projet de mettre en place une monarchie constitutionnelle à l'anglaise...

Là-dessus, le garde des sceaux Lamoignon fait passer plusieurs édits qui humanisent et modernisent la justice. Ces édits irritent au plus haut point les parlements qui craignent une nouvelle fois pour leurs privilèges. La colère gagne tout le pays et s'étend à la petite bourgeoisie des villes. Cette colère est particulièrement vive dans le Dauphiné, au cœur des Alpes, où l'activité industrielle a engendré une bourgeoisie dynamique.

Le Parlement de Grenoble ayant protesté contre les édits de Lamoignon, il est mis en vacances. Le président Bérulle réunit néanmoins chez lui le 20 mai 1788 les magistrats. Il leur fait valoir la menace qui pèse sur leurs privilèges. Il en vient à affirmer que que si les édits de Lamoignon étaient maintenus, "le parlement du Dauphiné se regarderait comme entièrement dégagé de sa fidélité envers son souverain" . Les bourgeois crient alors : "Vive la Nation !"

Qu'à cela ne tienne, le 7 juin 1788, le duc de Clermont-Tonnerre, lieutenant général de la province, confie à des patrouilles de soldats du régiment Royal-Marine des lettres de cachet à remettre aux parlementaires en vue de les envoyer sur leurs terres.

Les soldats n'ont pas si tôt quitté l'hôtel du gouverneur que le tocsin se met à sonner. La population est rameutée par les avocats, tabellions, clercs et autres auxiliaires de justice qui gravitent autour du Parlement, particulièrement fâchés de perdre celui-ci, qui est leur gagne-pain.

Des Grenoblois s'emparent des portes de la ville. D'autres, montés sur les toits, jettent des tuiles et divers objets sur les soldats. L'hôtel du gouverneur est saccagé. Vers la fin de l'après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallent les parlementaires dans le palais de justice.

De leur propre initiative, les avocats Mounier et Barnave tentent de réunir à Grenoble une assemblée des trois ordres (clergé, noblesse, tiers état). Mais le maréchal de Vaux, qui a remplacé Clermont-Tonnerre, les en empêche avec des troupes corses et suisses. Qu'à cela ne tienne ! Les délégués décident de se réunir au château de Vizille, à quelques coudées de Grenoble. C'est la propriété d'un industriel libéral, Claude Perier (ses fils et petits-fils accèderont à des fonctions de premier plan).

Assemblée de Vizille, 1788 (Alexandre Debelle),
Musée de la Révolution française de Vizille.

Réunis le 21 juillet 1788 dans la salle du jeu de paume du château, ces états généraux du Dauphiné comptent 165 nobles, 50 ecclésiastiques et 325 bourgeois. Ils décident de voter par tête et non par ordre. Ils appellent à refuser le paiement de l'impôt et demandent aux autres assemblées provinciales d'en faire autant. Enfin, ils appellent à la réunion des états généraux du royaume. C'est la première manifestation de révolte contre l'autorité royale.

Dans l'impasse, Loménie de Brienne ne voit bientôt plus d'autre issue que de convoquer les fameux états généraux. Il pense que seule cette assemblée des délégués de tout le pays pourra imposer des réformes aux privilégiés et au Parlement. C'est ce qu'il suggère au roi avant de suspendre les paiements de l'État.

Louis XVI, qui a été affecté par une dépression à la suite de tous ces événements, se résout donc le 8 août 1788 à convoquer les états généraux. Leur ouverture est prévue le 27 avril 1789 avant d'être reportée in fine au 5 mai suivant.

Le Parlement de Paris commence à s'inquiéter des conséquences de l'orage qu'il a provoqué. Il prend un arrêt le 25 septembre 1788 par lequel il réclame que les états généraux soient convoqués "suivant la forme observée en 1614", autrement dit par ordre (clergé, noblesse et tiers état), dans des conditions excessivement défavorables pour le tiers état !

Le 25 août 1788, en attendant les états généraux, le roi renvoie Loménie de Brienne, exécré par le peuple et les parlementaires en raison de ses expédients financiers. Il ne trouve rien de mieux que de rappeler le banquier suisse Jacques Necker au contrôle général des Finances pour faire face à la panique.

"Le débat public a changé de face. Il ne s'agit plus que très secondairement du roi, du despotisme et de la Constitution ; c'est une guerre entre le tiers état et les deux autres ordres", écrit avec clairvoyance le journaliste suisse Jacques Mallet du Pan en janvier 1789.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Jean Favier, Chronique de la Révolution, Éditeur Chronique, Paris, 2000

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mardi 28 mai 2024

L'Affaire Jumonville


28 mai 1754 - La bataille de Jumonville Glen.


Première guerre de dimension mondiale, la guerre de Sept Ans (1756-1763) débute en Amérique du Nord, en Pennsylvanie, deux ans avant la déclaration de guerre officielle.

La mort de Jumonville vue par un illustrateur du XIXe siècle.

Ça s'est passé il y a deux cent soixante-dix ans.

Cette guerre que les Anglais appellent de leur côté "French and Indian War" (la guerre contre les Français et les Indiens), commence avec l'affaire Jumonville, le 28 mai 1754.

Les colons français de la Nouvelle-France ambitionnent au milieu du XVIII° siècle de coloniser la vallée de l'Ohio, la "Belle Rivière",aux confins des rivières Ohio, Allegheny et Monongahela, quoiqu'ils ne soient que quelques dizaines de milliers en tout. Pour surmonter leur infériorité numérique, ils s'assurent l'alliance des tribus indiennes, à l'exception des Iroquois. Enfin et surtout, ils érigent un solide fortin dénommé Fort-Duquesne à l'endroit où deux rivières se rejoignent pour former l'Ohio.

Irrités, les colons anglais de Virginie, qui revendiquent également la vallée, répliquent avec la construction d'un autre fort à proximité immédiate : Fort Necessity.

Le commandant de Fort-Duquesne Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur envoie l'un de ses adjoints, Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, en délégation auprès de l'officier virginien, un certain... George Washington, en vue de le prier de quitter les terres du roi de France. Le futur président des États-Unis, qui a alors 22 ans, attend avec ses alliés iroquois, la petite troupe.

Les Français arrivent avec le drapeau blanc et Joseph Coulon de Villiers, sans méfiance, se dispose à lire son ultimatum. À ce moment-là, semble-t-il, les soldats anglais tirent sur la troupe, Joseph Coulon de Villiers, blessé, est achevé d'un coup de tomahawk par le chef iroquois Tanaghrisson, surnommé Half King. Neuf de ses hommes sont aussi tués, parfois après avoir été torturés, les autres soldats, au nombre d'une vingtaine, sont capturés.

En fait, on n'a pas de preuve que Jumonville ait été tué d'un coup de tomahawk. Selon d'autres récits, Joseph Coulon de Villiers n'aurait pas été capturé mais aurait fait partie des victimes de l'attaque de Washington. Adam Stephen, officier qui accompagnait Washington lors de l'événement, rapporte que Joseph Coulon de Villiers fut tué le premier. Il ne fait aucune référence à la capture de Joseph Coulon de Villiers, ni à son interrogatoire par le colonel Washington. Les Canadiens ont affirmé qu'il a été exécuté alors qu'il protestait pour avoir été pris en embuscade. Washington se justifiera par la suite en disant l'avoir pris pour un espion plutôt qu'un émissaire.

Ce qui est sûre est que George Washington assiste à toute l'opération sans descendre de son cheval.

L'affaire fait du bruit jusqu'en Europe, où la guerre s'emballe en même temps que l'arrivée de la nouvelle. Le meurtre de Joseph de Jumonville fait scandale en France et même l'anglophile Voltaire se fend d'un communiqué indigné : "Je ne suis plus Anglais depuis que les Anglais sont pirates sur mer et assassinent nos officiers en Nouvelle-France". En Angleterre, le politicien et écrivain Horace Walpole dépeint laconiquement l'affaire : "The volley fired by a young Virginian in the backwoods of America set the world on fire." ("Ce coup de feu tiré par un jeune Virginien dans les forêts d'Amérique a mis le Monde en feu").

La réputation de George Washington en est ternie - momentanément.

Le mois suivant, le frère de Joseph Coulon de Villiers, Louis, réplique en attaquant le fort virginien avec 500 hommes. Il reçoit la reddition de George Washington, qui est fait prisonnier, mais celui-ci quitte les lieux sans autre dommage, après avoir signé des aveux par lesquels il s'accuse d'être l'assassin de l'officier français. Il est remis en liberté

Les Virginiens ne se tiennent pas pour battus, le général Edward Braddock attaque à son tour Fort-Duquesne avec 1.850 hommes, y compris George Washington. Mais son armée est proprement décimée le 8 juillet 1755 à la bataille de la Monongahela, par seulement un millier de Français et d'Indiens. Le général est lui-même tué et c'est à George Washington que revient la responsabilité d'organiser la retraite.

George Washington tenant conseil dans la nuit précédant
sa reddition à Fort Necessity en 1754.

Là-dessus, 3.000 soldats français arrivent en renfort de France sous le commandement du baron de Dieskau. Celui-ci repousse les Anglais au sud du lac Champlain, mais ses troupes sont épuisées et il ne peut poursuivre son avantage.

Le gouvernement anglais, qui bénéficie d'une écrasante supériorité numérique en Amérique du Nord, n'entend pas lâcher prise. Il franchit un nouveau degré dans l'escalade et, faute de l'emporter sur terre, il ordonne la saisie de 300 navires de commerce français dans différents ports, partout dans le monde.

La guerre générale devient dès lors inéluctable... elle durera sept ans !

Après le conflit, les Anglais victorieux rebaptiseront Fort-Duquesne du nom de Fort-Pitt ou Pittsburgh, en l'honneur de leur Premier ministre. Le nom des frères de Coulon de Villiers sieur de Jumonville se retrouve quant à lui dans plusieurs artères de Montréal et d'autres villes du Québec.

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Il est très difficile de critiquer les grands personnages de l’histoire quand ils bénéficient d’une grande popularité. Il est malvenu de rappeler que le président Lincoln avait pour idée fixe de rapatrier en Afrique les esclaves noirs libérés une fois la guerre civile terminée ou bien d’évoquer l’alcoolisme chronique de Churchill.

De même, le rôle de George Washington dans la mort de l’officier français Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, reste dans une zone d’ombre que peu d’historiens contemporains cherchent à éclairer.

Il est fort probable que l’on ne puisse jamais connaître la vérité car chacune des parties en présence avait de bonnes raisons de mentir. La thèse française a été bâtie à partir du récit du survivant canadien et du témoignage des prisonniers libérés. Leur intérêt était de diaboliser les Anglais afin d’effacer une faute tactique de leur part (ne pas avoir pris les précautions nécessaires à leur protection).

Les Anglais ont privilégié la thèse de l’attaque au petit matin car elle évitait toute accusation de traîtrise lors de la rencontre diplomatique.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia et du du Dictionnaire biographique du Canada.
Pour les curieux : Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), "La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France", Québec, Septentrion (Canada) et PUPS (France), 2012, 360 p.

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mercredi 8 mai 2024

Antoine Laurent de Lavoisier


8 mai 1794 - La guillotine est passée par là !


"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Pour Lavoisier, cette loi de conservation de la matière, est applicable à toutes les sciences, et, bien entendu, à la chimie. Elle avait déjà été formulée par le grec Anaxagore de Clazomènes, en 450 av. JC.

Antoine Laurent Lavoisier (1743-1794)

Ça s'est passé il y a deux cent trente ans.

Antoine Laurent de Lavoisier est un des plus grands chimistes que la terre ait jamais porté. C'est de lui qu'on doit la très célèbre phrase: "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Lavoisier scientifique d'origine française, est né 26 août 1743 à Paris et décédé 50 ans plus tard, précisément un 8 mai.

Ce serait malhonnête de qualifier Lavoisier comme étant uniquement un homme de science. Il était aussi connu comme étant un polymathe aguerri doté de connaissances très variées et approfondies. Il était avocat, économiste, chimiste, physicien, astronome, philosophe, biologiste, écrivain et météorologue.

En tant qu'homme d'esprit universel, il a révolutionné la chimie en devenant le père de la chimie moderne.

Il est celui qui est arrivé à changer notre conception de la chimie, au moment où il a découvert que l'oxydation rapide dite aussi combustion est la combinaison d'une substande avec le dioxygène.

Mais Antoine Laurent de Lavoisier est aussi un "businessman". Il achète en 1770 une charge de fermier général (collecteur d'impôts) qui lui vaudra de devenir très riche, de mener un train de vie fastueux. Son nouveau poste lui permet de financer toutes ses expériences. En effet avant la Révolution, un fermier général est celui qui avance une somme au roi de France qui devrait être celle de l’impôt. Il se rembourse ensuite en percevant le véritable impôt avec un net bénéfice.

Une situation curieuse qui fait donc que l’impôt n’est pas perçu par l’État mais par des personnes privées qui gagnent énormément d’argent. C’est une des premières choses que la Révolution Française va faire sauter. Lavoisier est d’ailleurs plutôt partant au départ pour la révolution.

Quand éclate la Terreur, la crise de l’assignat et le passé de Fermier Général de Lavoisier comptent bien plus que ses recherches.

Arrêté en novembre 1793, après un procès qui dure moins d'une journée, il est condamné à mort. Au moment de la sentence, Lavoisier, qui n’a jamais cessé ses recherches, demande un délai pour terminer une expérience importante. Jean Baptiste Coffinhal, le président du tribunal révolutionnaire lui répond vertement "la République n’a pas besoin de savants !".

Il est guillotiné place de la Concorde le 8 mai 1794 (19 floréal an II) sans avoir fini ses recherches, avec vingt-sept autres fermiers généraux. Ce qui fera dire à Louis de la Grange, éminent mathématicien "Lavoisier est mort. Il ne leur aura fallu qu’un moment pour faire tomber cette tête, et cent années, peut-être, ne suffiront pas à en reproduire une semblable".

Son corps, dépouillé, est empilé dans la fosse commune des Errancis, avant d'être transferé aux Catacombes de Paris.

Pour honorer Lavoisier, les Français ont mis son nom parmi les Soixante-douze (72) noms de savants inscrits sur la tour Eiffel, façade Trocadéro. il est, aussi, représenté sur l'hôtel de ville de Paris.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Édouard Grimaux, La Mort de Lavoisier, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 79, 1887 (p. 884-930).

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mardi 30 avril 2024

Mort de Bayard


30 avril 1524 - "Hélas, mon Dieu, je suis mort !".


Le 30 avril 1524, en couvrant la retraite des Français à la bataille de Sesia, en Lombardie, contre les troupes de Charles Quint, Bayard, héros des guerres d'Italie, est atteint par le tir d’une escopette dans le dos.

30 avril 1524, mort de Bayard

Ça s'est passé il y a cinq cents ans.

Depuis la fin août 1523, les troupes de François 1er stationnent en Italie du Nord pour reprendre le Milanais perdu l'année précédente. Menées par l'amiral de France Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, elles y affrontent l'armée impériale conduite par Hernando de Alarcon, le marquis de Pescara, Charles de Lannoy et le connétable de Bourbon, passé au service de Charles Quint. L'hiver a été terrible. La faim, le froid, la maladie et le manque d'argent ont affaibli les rangs. Nombre de gentilshommes sont repartis, et il faut négocier sans cesse avec les mercenaires suisses, sous les ordres de François 1er depuis 1516.

Fin mars, la pression impériale s'intensifie. Tentant de rejoindre les renforts promis par les Suisses, les troupes françaises prennent la route de Gattinara le 29 avril, harcelées par le détachement de cavaliers lourds et légers du condottiere Paolo Luzzasco.

Dans l'après-midi, les Français perdent six chariots de poudre, quelques paires de bœufs et les étendards de trois compagnies. Aux nombreux prisonniers, s'ajoutent la mort de 300 mercenaires suisses et les blessures des seigneurs de Bonnivet et de Vandenesse. La retraite est alors décidée. L'amiral laisse le commandement de l'armée à Saint-Pol et la direction de l'arrière-garde à Pierre Terrail, seigneur de Bayard. Après le souper, les Français quittent Gattinara et viennent camper près du village de Rosavenda. Le lendemain matin dès l'aube, Luzzasco reprend son harcèlement bientôt rejoint par un millier de cavaliers dont beaucoup portent des arquebusiers en croupe.

C'est là, sur la route de Buronzo, entre la Sesia et le Cervo, dans les dernières plaines avant les contreforts des Alpes, que, vers midi, le gentil chevalier est frappé d'un coup d'arquebuse qui lui brise la colonne vertébrale.

Tombé de cheval, Bayard est fait prisonnier par le soldat qui l'a blessé. Ses pages et écuyers l'étendent sous un arbre et le soulagent d'une partie de son armure.

Conscient, il se confesse, faute de prêtre, à Jacques Joffrey, son écuyer, et, faute de notaire, teste auprès de Gabriel d'Alègre, prévôt de Paris. Après avoir refusé d'être déplacé et alors que les ennemis se rapprochent, il demande à ses compagnons de se retirer. Laissé seul, il est rejoint par le marquis de Pescara qui fait dresser une tente au-dessus de lui.

Vers la fin de l'après-midi, le chevalier se confesse une seconde fois et rend l'âme entre 20 et 21 heures. Pescara fait transporter son corps dans une église, sans doute celle de Roasio, à une dizaine de kilomètres au nord de Rovasenda, pour les derniers honneurs. Le service est suivi par les capitaines espagnols, avant qu'un convoi de gentilshommes escorte sa dépouille vers Ivrée où elle est remise à Bonnivet, puis vers Grenoble. Le cercueil arrivé le 20 mai est exposé jusqu'au 26 août à Notre-Dame de Grenoble. Puis, Bayard est inhumé au couvent des Minimes de la plaine fondé en 1494 par son oncle Laurent Alleman, et où dès le mois de mai le prieur général avait institué un service annuel et perpétuel pour le repos de son âme. Son corps y est déposé sous une simple pierre, sans épitaphe ni nom. Sa sépulture est profanée à la Révolution.


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Qui était Pierre Terrail, seigneur de Bayard ?

Pierre Terrail de Bayard, "portrait d'Uriage", XVIe siècle..

Pierre Terrail, seigneur de Bayard, plus connu sous le nom de Bayard ou de chevalier Bayard, nait en 1475 ou 1476 au château Bayard (à Pontcharra). Il débute dans le métier des armes à 13 ans, comme page du duc Charles de Savoie, puis entre au service du roi de France Charles VIII et participe avec éclat aux guerres d’Italie. Il combat plus tard les Anglais et les Impériaux.

Sur le champ de bataille de Marignan, le jeune François 1er, admiratif de la conduite au combat du capitaine, lui demande de l’adouber. Bayard le sacre chevalier selon un rituel féodal alors tombé en désuétude.

Modèle des vertus de courage et d’honneur militaire, il fut surnommé le "chevalier sans peur et sans reproches".

Invincible à l’épée, Bayard n’a rien pu contre le mortel hasard d’une rencontre avec une balle ennemie. Avec lui meurt l’idéal du combat chevaleresque favorisant l’affrontement des vertus, des honneurs et des valeurs individuelles.

L’admiration suscitée par le chevalier Bayard, à la fois de son vivant et longtemps après sa mort, peut être rapprochée de celle inspirée par les épopées de Jeanne d’Arc ou Bertrand Du Guesclin.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de l'article de Benjamin Deruelle dans collections 68, daté juillet - septembre 2015. (https://www.lhistoire.fr/la-mort-héroïque-du-chevalier-bayard)
Pour les curieux : Max Gallo, François 1er, Roi de France, Roi-Chevalier, Prince de la Renaissance française, XO Editions, 2014.
Didier Le Fur, Marignan : 13-14 septembre 1515, Perrin, 2004,

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vendredi 12 avril 2024

Signature du Traité de Meaux Paris


12 avril 1229 - Raymond VII de Toulouse cède ses domaines à la Couronne.


Au terme de dix sept années de lutte contre le pouvoir royal, le dernier des comtes de Toulouse rend les armes. En 1229, humilié par le traité de Meaux-Paris, Raimond VII abandonne ses terres du Languedoc aux Capétiens. Malgré la persistance de l'hérésie cathare, qui ne sera définitivement vaincue qu'une vingtaine d'années plus tard, la régente Blanche de Castille remporte là une grande victoire politique.

Raimond VII se soumettant à Louis IX (BnF)

C'était il y a sept cent quatre-vingt-quinze ans.

Depuis 1209, lorsque le pape Innocent III a fait prêcher la croisade contre les Cathares (les Albigeois), le midi de la France est ravagé par la guerre. Durant dix sept années, le Languedoc est saigné à blanc par les troupes royales, menées par l'impitoyable Simon de Montfort. Ce dernier ainsi que son fils Amaury, n'ont pu mettre un terme à l'hérésie cathare ni à la rébellion des barons occitans, très attachés à leur indépendance.

Bien au contraire, en 1226, les progrès du "séparatisme" occitan ont poussé Louis VIII à entreprendre une nouvelle croisade. Excommunié, le comte Raimond VII de Toulouse, a vainement tenté de résister. Après trois mois de siège, Avignon est tombée. Puis Nîmes, Castres, Carcassonne et Narbonne se sont rendues. La mort de Louis VIII, en novembre 1226, et la difficile mise en place de la régence du jeune Louis IX, exercée par sa mère, Blanche de Castille, ont permis à Raimond VII de reprendre quelques villes. Mais ce n'est là qu'un feu de paille : ses caisses sont vides, son armée est lasse et la population languedocienne accablée et résignée. L'impasse est telle que le comte de Toulouse se résout à accepter les offres de négociation de Blanche de Castille.

Au mois de décembre 1228, Raimond VII dépêche auprès de la régente le cistercien Elie Guérin pour régler les préliminaires de l'accord. Aussitôt, le ton est donné. Pour la monarchie, il s'agit moins de négocier que de s'assurer la mainmise sur les terres du comte de Toulouse et d'extirper définitivement l'hérésie cathare. 

Raimond VII, qui s'est engagé à accepter par avance les engagements que prendrait en son nom Elie Guérin, est piégé. 

Convoqué à Meaux, puis à Paris, il doit s'humilier devant le légat du pape, l'implacable cardinal Romano Frangipani (ou Romain de Saint-Ange). Le 12 avril 1229, jeudi saint, devant le portail de Notre Dame, en chemise et pieds nus, il jure obéissance à l'Eglise et s'engage à combattre le catharisme. Relevé ensuite de son excommunication, il est conduit devant l'autel pour y faire amende honorable et implorer la protection de Dieu pour la gloire de qui il s'engage à combattre cinq années durant en Terre Sainte.

Les clauses politiques ne sont pas moins rigoureuses. La régente Blanche de Castille, par ailleurs contestée, souhaite mettre un terme à le rébellion des provinces méridionales. Aussi Raimond VII doit-il céder aussitôt toutes ses possessions du Languedoc oriental, du Rhône à la Méditerranée, qui sont aussitôt organisées en sénéchaussées, celles de Beaucaire-Nîmes et de Carcassonne. Il perd aussi le marquisat de Provence au profit de l'Eglise.

Quant au Languedoc occidental, Toulouse et son comté, Raimond VII n'en conserve que l'usufruit. Il accepte de le laisser en héritage à sa fille unique, Jeanne, qui doit épouser Alphonse de Poitiers, le frère de Louis IX.

L'Agenais, le Rouergue, le Quercy et une partie de l'Albigeois lui restent en pleine propriété, mais iront enrichir l'héritage de Jeanne, si, hypothèse la plus probable, il meurt sans laisser d'autre héritier. En attendant, le comte prête au roi le serment de fidélité qui marque sa soumission, s'engage à abattre les remparts de Toulouse et à raser les châteaux de ses vassaux rebelles.

Dans ses domaines, l'Eglise lui impose de s'employer activement à extirper le catharisme, de veiller à la bonne exécution des sentences d'excommunication et à la rentrée des dîmes ecclésiastiques. Enfin, il devra payer d'ici quatre ans 20 000 marcs d'argent au roi et au clergé, et fonder l'Université de Toulouse, qui deviendra un bastion de la lutte contre le catharisme.

De retour dans le Languedoc, isolé et incapable de faire face à ses engagements financiers, Raimond VII boit le calice jusqu'à la lie et doit bientôt céder Cahors et quelques fiefs du Rouergue et du Quercy. Aux termes du traité de Meaux-Paris, il n'est plus qu'un obséquieux valet de l'Eglise et un docile sujet de Sa Majesté Louis IX, ainsi que l'ont voulu Blanche de Castille et le légat Frangipani.

Ce traité ne clôt cependant pas la lutte contre les Cathares, lesquels résisteront pendant encore près de vingt ans.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : de Dominique Baudis : Raimond le Cathare, Éditions Grasset, 1996. et Raimond d'Orient, Éditions Grasset, 1999.

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