2 août 1589 - Le poignard de Jacques Clément.
Le 1er août 1589, tandis que l'armée royale assiège Paris, aux mains de la Sainte Ligue catholique et de ses alliés espagnols, un moine dominicain, Jacques Clément (22 ans), sollicite une audience auprès du roi Henri III (38 ans).
Assassinat d'Henri III par Jacques Clément (BnF) |
Ça s'est passé il y a quatre cent trente-cinq ans.
Ce matin du 1er août, Henri III se réveille tranquillement dans son château de Saint-Cloud. Depuis quelques jours, un moine demande à le voir.
Ce moine, appelé Jacques Clément, natif du village de Sorbonne, près de Sens, était un jeune homme d’environ vingt-deux ans, sans lettres, vivant dans le libertinage et l’oisiveté, et toujours mêlé avec la canaille ; les déclamations furieuses des prédicateurs de la ligue exaltèrent l’imagination de cet esprit faible, et lui donnèrent l’idée du plus horrible projet : aller tuer le tyran accusé d’inversion sexuelle.
Aujourd’hui, Henri III consent à le rencontrer alors qu’il n’est pas encore habillé. C’est surtout qu’il ne veut pas que dans toute la ville, on s’écrie que "le roi ne veut pas recevoir des prêtres"…
Assis sur sa chaise percée, le roi tient la lettre, que venait de lui remettre le moine et qu'il disait écrite par le premier président Achille de Harlay. Soudain, alors que le roi remonte ses chausses, le moine sort un couteau de sa manche et frappe le bas-ventre du roi. Le roi, étourdi sur le coup, "Ah ! le méchant moine, il m'a tué", gémit-il. Puis retirant lui-même le couteau qui était resté dans la plaie le retourne contre Jacques Clément, le blessant au dessus de l’œil gauche. En même temps, les seigneurs qui étaient dans la chambre, se jettent sur le monstre qui levait les mains et les yeux vers le ciel, et le font expirer sous mille coups.
Les médecins du roi, après avoir observé la blessure, la juge bénigne et la pansent. Ils vont aussi lui faire un lavement. Par.. précaution ? En réalité, Henri III fait une hémorragie externe, car le péritoine a été sectionné, et une hémorragie interne, car ce même péritoine est en train de s’infecter.
Le roi est conscient, il écrit des courriers à sa femme pour lui annoncer que ce n’est rien de grave. Mais dans le doute, sur ce qui va être son lit de mort, Henri III convoque en urgence son cousin et héritier légitime, le roi Henri III de Navarre (36 ans). Il ordonne aux nobles de son entourage de lui prêter serment de fidélité. dans une dernière déclaration :
"Je vous prie comme mes amis et vous ordonne comme votre roi, que vous reconnaissiez après ma mort mon frère que voilà, et que pour ma satisfaction et votre propre devoir, vous lui prêtiez le serment en ma présence".
Pendant toute l’après-midi, le roi se vide de son sang et la fièvre commence à le gagner. Il s’endort et meurt, le 2 août, vers 3 h du matin à l’âge de 38 ans.
Le jugement de Clément ne peut être que posthume, aussi, on décide de faire écarteler le cadavre par quatre chevaux, puis on le brûle, et enfin, ses cendres sont jetées dans la Seine. Mais s’il avait été vivant, ça aurait été la même chose.
On dit que le régicide a été commandité par le père Edme Bourgoing, qui lui conseilla de prier et de jeûner pour connaître la volonté de Dieu. On lui fit entendre pendant les nuits précédentes une voix qui semblait venir du ciel, et qui lui ordonnait de tuer le tyran. Le prieurl sera aussi écartelé aussi. La duchesse de Montpensier, sœur du duc de Guise, acheva de le déterminer, en l’assurant, que s’il échappait, le pape le ferait cardinal, et que s’il périssait, il serait canonisé . On dit même qu’elle en vint jusqu’à lui promettre tout ce qu’il y avait de plus capable de tenter un moine.
De leur côté, les conjurés catholiques, avec l'accord secret du pape, proclament l'avènement du vieux cardinal Charles de Bourbon (61 ans), oncle d'Henri IV, sous le nom de Charles X. La tentative reste sans lendemain, le vieux cardinal préférant reconnaître Henri IV. C'est à ce dernier que reviendra la gloire de mettre fin aux guerres de religion...
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Pour les curieux : Pierre Chevallier, "Henri III : roi shakespearien", Paris, éditions Fayard, 1985.
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