jeudi 29 décembre 2022

Meurtre à la Cathédrale...

 

29 décembre 1170 - L'archevêque de Cantorbéry est assassiné


Le 29 décembre 1170, l'archevêque Thomas Becket (né le 21 décembre 1118 ou 1120?) est assassiné pendant qu'il célèbre la messe dans sa cathédrale de Cantorbéry*. Il s'était attiré la vindicte du roi Henri II Plantagenêt par son refus d'accepter les Constitutions de Clarendon, qui plaçaient l'Église d'Angleterre sous la tutelle du trône.
Représentation du XIXe siècle de Saint Thomas Becket
montrant une épée lui transperçant la tête.
Né à Londres d'une famille d'origine normande, Thomas Becket étudie à Paris. Rentré en Angleterre, il devient clerc à Cantorbéry, jouissant de la confiance du vieil archevêque. Il se rend pour affaires à Rome et va étudier le droit à Bologne et à Auxerre.

En 1154, il devient archidiacre et chancelier du royaume par la faveur du jeune roi Henri II. Il se montre bon administrateur et, bien que clerc, homme de guerre.

En 1159, il combat vaillamment devant Toulouse et en Normandie. Après un an de vacance du siège, Thomas est élu, en mai 1162, archevêque de Cantorbéry. Il est ordonné prêtre le 2 juin, évêque le lendemain. Sans abandonner ses goûts de faste, il se pose en défenseur des droits de l'Église contre le roi, étonné des réactions de son ancien familier.

Les relations se gâtent à tel point que le roi fait condamner l'archevêque par une assemblée tenue à Northampton en octobre 1162.

Thomas Becket a le courage de comparaître pour récuser la sentence. Il s'enfuit clandestinement en France, se fixe à l'abbaye cistercienne de Pontigny, puis, quand le roi d'Angleterre menace de se venger sur les cisterciens de ses États, à Sens.

Dans son exil, Thomas Becket mène une vie austère, mais n'abdique aucun de ses droits, qu'il défend en lançant des excommunications contre les évêques et les clercs qui ne le soutiennent pas avec assez de vigueur. Les efforts du pape pour apaiser le conflit restent vains.

Au début de décembre 1170, Thomas Becket rentre en Angleterre pour agir directement. Selon la tradition, une phrase du roi exaspéré aurait été prononcée: "N'y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ?" fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers anglo-normands : Reginald Fitzurse, Hugues de Morville, Guillaume de Tracy et Richard le Breton. Ces quatre chevaliers projetèrent donc immédiatement le meurtre de l'archevêque, et le perpétrèrent près de l'autel.
Enluminure du XIIIe siècle
représentant le meurtre de Thomas Becket.
Au soir du 29 décembre 1170, ils se présentent au palais épiscopal. Les clercs et les moines conduisent l'archevêque dans la cathédrale.  Les chevaliers l'y poursuivent et veulent l'entraîner au dehors. Très fort, Thomas Becket les repousse. Ils sortent leurs épées et, au troisième coup, l'archevêque tombe devant l'autel de Notre-Dame.

Acclamé comme un martyr et canonisé le 21 février 1173, dès lors le culte du nouveau saint thaumaturge se propagea rapidement dans toute l'Europe chrétienne ; de nombreux sanctuaires lui furent dédiés et les pèlerins affluèrent vers son tombeau. Les moines du prieuré de Christ Church, qui étaient chargés des services de la cathédrale, distribuèrent largement des reliques du saint, ce qui leur permit en 1220, grâce aux offrandes des pèlerins, de transférer les restes du martyr dans une somptueuse châsse d'orfèvrerie.
Chasse conservée au Victoria and Albert
Museum de Londres.
Au début du XVIe siècle le roi Henri VIII détruit les reliques de saint Thomas Becket présentes au sein de la cathédrale de Cantorbéry2. Elles étaient placées dans des châsses réalisées à cette intention à Limoges, centre de production d'objets en émail champlevé.

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* Cantorbéry en français, Canterbury en anglais
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