29 décembre 1721 - Une future Marquise "is born"
Une voyante lui avait prédit son destin mais personne n’y croyait, sauf elle. Le 10 septembre 1745, Jeanne-Antoinette Poisson s'installe à Versailles dans un appartement situé juste au-dessus de celui de Louis XV et devient la Favorite du roi alors qu'elle n'est qu'une roturière. Elle restera auprès de lui jusqu’à sa mort en 1764. Par amour, Louis XV fera construire pour elle le Petit Trianon, véritable havre de paix.
La Marquise de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour (Musée du Louvre, Paris) |
Future marquise de Pompadour, Jeanne-Antoinette Lenormant d’Étiolles, née le 29 décembre 1721 dans une famille simplement bourgeoise, sous le nom de Jeanne-Antoinette Poisson, rencontre Louis XV à Versailles en 1745. Elle est invitée au grand bal masqué donné pour le mariage du dauphin Louis-Ferdinand. Le Roi s’éprend d’elle et l’installe la même année au château de Versailles, dans un appartement situé au-dessus du sien. Un escalier secret permet à Louis XV de s’y rendre, à l’abri des regards. En juillet, il lui offre le domaine de Pompadour, la favorite devient marquise et est officiellement présentée à la Cour en septembre 1745. Mais ses origines bourgeoises et non nobles – elle est la fille d’un conducteur du service des vivres – lui attirent rapidement les critiques des milieux aristocratiques. Pour Versailles, elle n’est qu’une parvenue infréquentable. Toute la Cour n’espère qu’une chose : qu’elle ne reste pas longtemps dans les bras du roi. Pourtant, elle arrive à faire nommer son frère, le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du roi.
Elle apporte à Versailles, l’esprit de Paris, et apprend au roi à aimer le théâtre. Elle est d’une telle intelligente que Louis XV lui laisse distribuer les places centrales dans l’organisation de la monarchie et elle gagne même le respect de la reine Marie Leszczynska. Mais le Dauphin Louis-Ferdinand ne s’y fait pas et lui reste très hostile jusqu’à la surnommer "Maman Putain !".
La Marquise est une grande protectrice des Arts et des Lettres. Elle fait d’ailleurs tout son possible pour éviter la censure à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert dont elle fait publier des deux premiers tomes en 1751. Elle protège Voltaire (qui lui doit son fauteuil d'académicien) de la critique, Montesquieu et permet aux philosophes de critiquer le régime en place en faisant l'éloge du système politique anglais et en prônant une monarchie éclairée. Si on la voit sur un tableau, ce n'est pas une fleur en main, mais à côté d'un globe, d'une partition de musique ou d'une pile de livres.
Cela dit, si la marquise a les faveurs du roi, elle sait que sa position ne tient qu’à l'amour qu'il lui porte. Et il commence à lui reprocher son manque de sensualité. Elle décide donc de se gaver de chocolats, d’aphrodisiaques, de truffes. Mais rien n’y fait puisqu’il s’agit en réalité d’un problème gynécologique qui lui rend les rapports sexuels douloureux. D’amante, elle décide donc de devenir l’amie nécessaire, la confidente précieuse qui s’éloignera du corps du roi, pour mieux le dominer par l’esprit. Et pour ne pas être éclipsée par une autre femme, elle choisit elle-même les maîtresses de Louis XV : des fillettes douces et belles, légèrement instruites, mais jamais aussi intelligentes qu'elle. Résultat : moins elle est traitée en maîtresse, plus elle agit en souveraine : elle contrôle les ministres, conseille les ambassadeurs, parlent aux généraux et finit par tenir, le rôle de ministre de la Culture.
En 1753, Louis XV lui achète l’hôtel d’Évreux, aujourd’hui palais de l’Élysée, pour ses séjours parisiens. Elle partage alors son temps entre la capitale et son château de Bellevue, à Meudon.
Le 5 janvier 1757, le roi est poignardé. Et si l’accident est sans gravité il rappelle à La Marquise la précarité de sa situation. Ne sachant pas si le roi va survivre, on la somme de quitter Versailles sur le champ. Mais la maréchale Mirepoix, son amie, la retient "Qui quitte la partie la perd". Elle reste donc et finit par apprendre que le roi va bien.
Louis XV, roi de France et de Navarre de 1715 à 1774 pastel de Quentin de La Tour (1748) |
À 42 ans, la Marquise meurt de la tuberculose après s'être plaint des dizaines de fois des courants d'air à Versailles et du froid qu'il y règne. Sa mort la ramène une dernière fois à sa condition : l’étiquette interdit au roi de se rendre à ses funérailles. Le roi regrette déjà son "amie de vingt ans".
La légende raconte d’ailleurs, que c’est depuis une fenêtre du château qu’il voit passer le convoi funèbre les larmes aux yeux tout en déclarant avec plein d'amertume : "Voilà les seuls devoirs que j’ai pu lui rendre".
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