samedi 31 décembre 2022

Quatrième bataille de Machecoul

 

31 décembre 1793 - Naudy contre Charette


Nous sommes en 1793, à Machecoul, en pleine guerre de Vendée. C’est la quatrième fois cette année que la ville est le théâtre de faits sanglants. Le 10 mars à l'entrée du bourg, la foule armée de fourches fait face aux gendarmes et aux gardes nationaux, c’est le «massacre». Le 22 avril ce sont les républicains (les bleus) qui s'emparent de la ville, et le 10 juin, les Vendéens reprennent possession de leur ville.
François Athanase de Charette de La Contrie
(1763-fusillé en 1796)
Huile sur toile de Paulin Guérin  (1819)
Musée de Chomet

Prélude
Le 31 décembre de cet an de grâce 1793, de retour de son expédition dans l'Anjou, Charrette (François Athanase Charrette de La Contrie, 1763-fusillé en 1796) se doute que les républicains ont profité de son absence pour planifier l'attaque de l'île de Noirmoutier. Il se porte d'abord au bourg de La Ferrière, où il envisage d'attaquer La Roche-sur-Yon, mais renonce. Il traverse alors la commune Le Poiré, puis déloge un bataillon en garnison au Pont-James, à Saint-Colombin, après un petit combat où les républicains ne perdent que trois ou quatre hommes. Le 31 décembre, Charette attaque Machecoul.
Carte de la Vendée (Bas Poitou et Pays de Retz)
Forces en présence
Au matin, la ville est encore occupée par la troupe de l'adjudant-général François Carpantier (1751-1813), mais celle-ci se porte sur Challans sur ordre du général suisse Jacques Dutruy (1762-1836).

Seuls 200 à 300 hommes du 3e bataillon de volontaires d'Ille-et-Vilaine commandés par le capitaine Naudy sont laissés à Machecoul.

L'estimation des forces vendéennes commandées par Charrette varie selon les sources. Le royaliste Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers (1739-1827 - homme de lettre, premier biographe de Charrette) donne 1100 hommes. L'historien Lionel Dumarcet évoque plutôt 6000 à 7000 combattants. Les mémoires anonymes d'un administrateur militaire font état de 8000 hommes. 

Déroulement
Peu sur leurs gardes, les républicains sont complètement écrasés. D'après l'administrateur militaire, les Vendéens lancent l'attaque à 4 heures de l'après-midi avec deux colonnes : l'une menée par Charrette au sud-est par la route de Legé, l'autre menée par Jean-Baptiste de Couëtus (1743-1796), bras droit de Charrette, et Hyacinthe Hervouët de La Robrie (1771-1832) au nord par la route de Nantes du côté de Saint-Même-le-Tenu. Les troupes de Charette surprennent les sentinelles, puis franchissent le pont près du château (Château de Gilles de Rais) et entrent à l'intérieur de la ville.
Le Château de Marchecoul,
gravure de Thomas Drake, vers 1850
Totalement surpris, les républicains prennent la fuite et se rallient hors de la ville, aux Moulins. Un nouveau combat s'engage mais les patriotes doivent céder au nombre. La colonne de Jean-Baptiste de Couëtus échoue à leur couper la retraite et les rescapés s'enfuient en direction du nord-ouest, vers Sainte-Pazanne et Bourgneuf-en-Retz. D'après Jean-Julien Savary, le général Michel Beaupuy (1755-1796) rallie une partie des fuyards en déroute. 

Pertes
Les pertes républicaines sont de 80 hommes selon l'administrateur militaire. Après avoir repris la ville le 2 janvier, l'adjudant-général François Carpantier fait état dans son rapport au général Jacques Dutruy, de plus de cent morts et d'un canon perdu pour le combat du 31 décembre. Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers donne quant à lui un bilan de 739 morts. Dans ses mémoires, l'officier vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière (1769-1828) écrit que "Le surlendemain M. Charette attaqua Machecoul : il n'y était pas attendu et les républicains étaient peu sur leurs gardes. Un de leurs officiers disait à une femme de l'endroit : je désirerais bien voir Charette ; le voilà s'écria cette femme ; en effet, l'armée Vendéenne entrait dans Machecoul, sans qu'on s'aperçut de son arrivée. Néanmoins la résistance fut vigoureuse au dehors de la ville, mais il fallut céder au nombre ; l'ennemi abandonna une pièce de canon et s'étant jeté de droite et de gauche dans sa fuite, il fut massacré de toute part.".


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Petite histoire : il existe une chanson écrite et composée par Paul Féval en 1853 à la gloire de François-Athanase Charette de La Contrie, général de l'Armée catholique et royale du Bas-Poitou et du Pays de Retz intitulée Monsieur de Charrette, également connue sous le nom de Prends ton fusil Grégoire.
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