samedi 17 août 2024

Drame à la cour d'Orthez


Août 1380 - L'Ange de Foix ne sera jamais Gaston IV


Que s'est-il donc passé au château Moncade d'Orthez entre le 16 juillet et le 17 août 1380 ?
Gaston Fébus, prince solaire, à la fois stratège et lettré, aurait tué de ses propres mains son fils,
unique héritier, le jeune Gaston surnommé l'Ange de Foix.

Le drame d'Orthez selon Froissart, Bruxelles

Ça s'est passé il y a 644 ans.

Le "jeune Gaston" est le fils que Gaston III de Foix-Béarn, dit Fébus a eu avec Agnès de Navarre, petite-fille du roi de France, Louis X le Hutin et sœur de Charles II, roi consort de Navarre.

Au départ, Gaston Fébus et son beau-frère s'entendent comme larrons en foire. Signe de leur proximité : ils complotent ensemble contre le roi de France.

Mais en septembre 1362 de retour chez lui en Béarn, après plusieurs campagnes militaires, Gaston Fébus répudie sa femme, la pauvre Agnès qui venait de mettre au monde un héritier, un fils, sous prétexte d'une dot non payée. Suite à cette manière peu élégante, et il se met à dos son beau-frère, Charles de Navarre.

Agnès de Navarre rejoint sa famille à Pampelune, en Espagne. Il semble que Fébus éprouve quelques regrets après cette séparation : il rédige alors la célèbre "canso": "Se canto" où un oiseau sous sa fenêtre chante pour sa mie qui est loin de lui et où ces fières montagnes si hautes l’empêchent de voir son amour.

Charles II, mécontent du sort fait à sa sœur, réfugiée à sa cour de Pampelune, aurait donc retourné son goût du complot contre Fébus, aidé en cela de l'évêque de Lescar, Odon de Mendousse. Allant jusqu'à manipuler le jeune Gaston et l'accueillant en Navarre, ils remettent au garçon une bourse censée contenir un "filtre d'amour". S'il l'administre à Fébus à son insu, il aimera à nouveau sa mère, promet-t-on au jeune homme.(*)

De retour en Béarn, l'innocent s'exécute. Mais Fébus, prévenu par un fils bâtard de ce que le jeune Gaston s’apprêtait à faire lui arrache, lors d’un repas, la bourse qu’il avait autour du cou, en fait goûter le contenu à son chien. La quadrupède trépasse sur le champ.

Le complot navarrais est démasqué. Pour le jeune Gaston, c'est le cachot, immédiat et sans aucun procès. Il est emprisonné au château de Moncade d’Orthez entre fin juillet et début août 1380, tandis qu'Odon de Mendousse et le baron d'Andoins partent en exil auprès de Charles II.

Le Jeune Gaston, dit l'Ange de Foix, tableau de Claudius Jacquand (1838)

C'est alors que survient le drame. La suite des événements ne peut être racontée avec certitude, mais le jeune Gaston décède probablement mi-août 1380 sous la main de son père Fébus. La tragédie bouleverse Fébus qui dit : "Jamais je n'aurai de joie aussi parfaite qu'avant". Il rédige son Livre des oraisons, accréditant la thèse du geste involontaire, et quitte Orthez pour Pau, ne revenant au château de Moncade que quatre ans plus tard.


* Il est à noter qu'en 1380, le jeune Gaston a 18 ans. Il est marié depuis 1379 à Béatrice d'Armagnac, fille de Jean II d'Armagnac. C'est donc un homme, plus un enfant, selon les critères médiévaux.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.

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vendredi 2 août 2024

Mort d'Henri III


2 août 1589 - Le poignard de Jacques Clément.


Le 1er août 1589, tandis que l'armée royale assiège Paris, aux mains de la Sainte Ligue catholique et de ses alliés espagnols, un moine dominicain, Jacques Clément (22 ans), sollicite une audience auprès du roi Henri III (38 ans).

Assassinat d'Henri III par Jacques Clément (BnF)

Ça s'est passé il y a quatre cent trente-cinq ans.

Ce matin du 1er août, Henri III se réveille tranquillement dans son château de Saint-Cloud. Depuis quelques jours, un moine demande à le voir.

Ce moine, appelé Jacques Clément, natif du village de Sorbonne, près de Sens, était un jeune homme d’environ vingt-deux ans, sans lettres, vivant dans le libertinage et l’oisiveté, et toujours mêlé avec la canaille ; les déclamations furieuses des prédicateurs de la ligue exaltèrent l’imagination de cet esprit faible, et lui donnèrent l’idée du plus horrible projet : aller tuer le tyran accusé d’inversion sexuelle.

Aujourd’hui, Henri III consent à le rencontrer alors qu’il n’est pas encore habillé. C’est surtout qu’il ne veut pas que dans toute la ville, on s’écrie que "le roi ne veut pas recevoir des prêtres"…

Assis sur sa chaise percée, le roi tient la lettre, que venait de lui remettre le moine et qu'il disait écrite par le premier président Achille de Harlay. Soudain, alors que le roi remonte ses chausses, le moine sort un couteau de sa manche et frappe le bas-ventre du roi. Le roi, étourdi sur le coup, "Ah ! le méchant moine, il m'a tué", gémit-il. Puis retirant lui-même le couteau qui était resté dans la plaie le retourne contre Jacques Clément, le blessant au dessus de l’œil gauche. En même temps, les seigneurs qui étaient dans la chambre, se jettent sur le monstre qui levait les mains et les yeux vers le ciel, et le font expirer sous mille coups.

Les médecins du roi, après avoir observé la blessure, la juge bénigne et la pansent. Ils vont aussi lui faire un lavement. Par.. précaution ? En réalité, Henri III fait une hémorragie externe, car le péritoine a été sectionné, et une hémorragie interne, car ce même péritoine est en train de s’infecter.

Le roi est conscient, il écrit des courriers à sa femme pour lui annoncer que ce n’est rien de grave. Mais dans le doute, sur ce qui va être son lit de mort, Henri III convoque en urgence son cousin et héritier légitime, le roi Henri III de Navarre (36 ans). Il ordonne aux nobles de son entourage de lui prêter serment de fidélité. dans une dernière déclaration  :

"Je vous prie comme mes amis et vous ordonne comme votre roi, que vous reconnaissiez après ma mort mon frère que voilà, et que pour ma satisfaction et votre propre devoir, vous lui prêtiez le serment en ma présence".

Pendant toute l’après-midi, le roi se vide de son sang et la fièvre commence à le gagner. Il s’endort et meurt, le 2 août, vers 3 h du matin à l’âge de 38 ans.

Le jugement de Clément ne peut être que posthume, aussi, on décide de faire écarteler le cadavre par quatre chevaux, puis on le brûle, et enfin, ses cendres sont jetées dans la Seine. Mais s’il avait été vivant, ça aurait été la même chose.

On dit que le régicide a été commandité par le père Edme Bourgoing, qui lui conseilla de prier et de jeûner pour connaître la volonté de Dieu. On lui fit entendre pendant les nuits précédentes une voix qui semblait venir du ciel, et qui lui ordonnait de tuer le tyran. Le prieurl sera aussi écartelé aussi. La duchesse de Montpensier, sœur du duc de Guise, acheva de le déterminer, en l’assurant, que s’il échappait, le pape le ferait cardinal, et que s’il périssait, il serait canonisé . On dit même qu’elle en vint jusqu’à lui promettre tout ce qu’il y avait de plus capable de tenter un moine.

De leur côté, les conjurés catholiques, avec l'accord secret du pape, proclament l'avènement du vieux cardinal Charles de Bourbon (61 ans), oncle d'Henri IV, sous le nom de Charles X. La tentative reste sans lendemain, le vieux cardinal préférant reconnaître Henri IV. C'est à ce dernier que reviendra la gloire de mettre fin aux guerres de religion...


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de Wikimédia.
Pour les curieux : Pierre Chevallier, "Henri III : roi shakespearien", Paris, éditions Fayard, 1985.

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