26 février 1815 - Napoléon quitte l'île d'Elbe
Napoléon fait ses adieux aux habitants de l'Ile d'Elbe, le 26 février 1815 (Joseph Beaume, 1836, Château de Versailles) |
Dix mois après son arrivée, après avoir mûrement réfléchi, Napoléon est bien décidé à quitter cette île, d’abord par exaspération, mais surtout il s’estime en danger, sur ce lopin de terre. On sait aujourd’hui que des complots étaient fomentés contre lui : Louis XVIII, le premier, n’aurait pas été fâché de le voir disparaître. Napoléon prépare donc son départ ; il est renseigné par des espions qui lui rapportent des nouvelles de France et le rassurent sur sa popularité. On sait aussi que lors de la visite de l'ancien ministre Hugues Bernard Maret venu pour le solliciter à revenir en France, il avait trouvé l'Empereur déjà prêt à tenter l'aventure : "le ridicule empire réduit à l'île d'Elbe sur lequel il régnait ne pouvait contenir bien longtemps ses ambitions demeurées intactes, d'autant qu'il avait perdu tout espoir d'y être rejoint par sa femme Marie-Louise et par son fils".
Loin d'être une fuite, son départ est organisé minutieusement depuis longtemps. Dès le 16 février 1815, il adresse une note au général comte Drouot, gouverneur de l’île d’Elbe : "Donnez l’ordre que le brick entre dans la darse, qu’il soit viré sur quille, qu’on revoie son cuivre, que les voies d’eau soient bouchées, qu’on refasse son carénage, et qu’on y fasse enfin tout ce qui est nécessaire pour qu’il puisse tenir la mer. Il sera peint comme un brick anglais. On fera de tout cela un devis que vous me présenterez demain. On réarmera le brick, on lui donnera du biscuit, du riz, des légumes, du fromage, moitié de l’approvisionnement en eau-de-vie et l’autre moitié en vin, et de l’eau pour 120 hommes pendant trois mois. Quant à la viande salée, on en donnera pour quinze jours. Vous aurez soin qu’il ait le bois, et enfin qu’il ne lui manque absolument rien. Je désire que, du 24 au 25 de ce mois, il soit en rade et prêt comme il est dit ci-dessus. Pour économiser, le vin sera fourni de ma cave; le riz, le biscuit et l’huile seront fournis des magasins. Faites-moi connaître le nombre de chaloupes qu’il peut porter. Je désire qu’il en ait autant que possible ". Le même jour une seconde note à Drouot : "Donnez l’ordre au sieur Pons de noliser par mois deux gros bâtiments , bricks ou chebecs de Rio, au-dessus de 90 tonneaux et les plus grands possible; un ira à la Marine de Giove embarquer le bois et l’apporter ici, l’autre ira à Porto-Longone évacuer tout ce qu’il y a, pour ici. Vous vous ferez donner les noms des patrons et les rôles d’équipages".
Il lui faut trouver le bon moment... ce sera le 26 février 1815.
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