mardi 30 avril 2024

Mort de Bayard


30 avril 1524 - "Hélas, mon Dieu, je suis mort !".


Le 30 avril 1524, en couvrant la retraite des Français à la bataille de Sesia, en Lombardie, contre les troupes de Charles Quint, Bayard, héros des guerres d'Italie, est atteint par le tir d’une escopette dans le dos.

30 avril 1524, mort de Bayard

Ça s'est passé il y a cinq cents ans.

Depuis la fin août 1523, les troupes de François 1er stationnent en Italie du Nord pour reprendre le Milanais perdu l'année précédente. Menées par l'amiral de France Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, elles y affrontent l'armée impériale conduite par Hernando de Alarcon, le marquis de Pescara, Charles de Lannoy et le connétable de Bourbon, passé au service de Charles Quint. L'hiver a été terrible. La faim, le froid, la maladie et le manque d'argent ont affaibli les rangs. Nombre de gentilshommes sont repartis, et il faut négocier sans cesse avec les mercenaires suisses, sous les ordres de François 1er depuis 1516.

Fin mars, la pression impériale s'intensifie. Tentant de rejoindre les renforts promis par les Suisses, les troupes françaises prennent la route de Gattinara le 29 avril, harcelées par le détachement de cavaliers lourds et légers du condottiere Paolo Luzzasco.

Dans l'après-midi, les Français perdent six chariots de poudre, quelques paires de bœufs et les étendards de trois compagnies. Aux nombreux prisonniers, s'ajoutent la mort de 300 mercenaires suisses et les blessures des seigneurs de Bonnivet et de Vandenesse. La retraite est alors décidée. L'amiral laisse le commandement de l'armée à Saint-Pol et la direction de l'arrière-garde à Pierre Terrail, seigneur de Bayard. Après le souper, les Français quittent Gattinara et viennent camper près du village de Rosavenda. Le lendemain matin dès l'aube, Luzzasco reprend son harcèlement bientôt rejoint par un millier de cavaliers dont beaucoup portent des arquebusiers en croupe.

C'est là, sur la route de Buronzo, entre la Sesia et le Cervo, dans les dernières plaines avant les contreforts des Alpes, que, vers midi, le gentil chevalier est frappé d'un coup d'arquebuse qui lui brise la colonne vertébrale.

Tombé de cheval, Bayard est fait prisonnier par le soldat qui l'a blessé. Ses pages et écuyers l'étendent sous un arbre et le soulagent d'une partie de son armure.

Conscient, il se confesse, faute de prêtre, à Jacques Joffrey, son écuyer, et, faute de notaire, teste auprès de Gabriel d'Alègre, prévôt de Paris. Après avoir refusé d'être déplacé et alors que les ennemis se rapprochent, il demande à ses compagnons de se retirer. Laissé seul, il est rejoint par le marquis de Pescara qui fait dresser une tente au-dessus de lui.

Vers la fin de l'après-midi, le chevalier se confesse une seconde fois et rend l'âme entre 20 et 21 heures. Pescara fait transporter son corps dans une église, sans doute celle de Roasio, à une dizaine de kilomètres au nord de Rovasenda, pour les derniers honneurs. Le service est suivi par les capitaines espagnols, avant qu'un convoi de gentilshommes escorte sa dépouille vers Ivrée où elle est remise à Bonnivet, puis vers Grenoble. Le cercueil arrivé le 20 mai est exposé jusqu'au 26 août à Notre-Dame de Grenoble. Puis, Bayard est inhumé au couvent des Minimes de la plaine fondé en 1494 par son oncle Laurent Alleman, et où dès le mois de mai le prieur général avait institué un service annuel et perpétuel pour le repos de son âme. Son corps y est déposé sous une simple pierre, sans épitaphe ni nom. Sa sépulture est profanée à la Révolution.


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Qui était Pierre Terrail, seigneur de Bayard ?

Pierre Terrail de Bayard, "portrait d'Uriage", XVIe siècle..

Pierre Terrail, seigneur de Bayard, plus connu sous le nom de Bayard ou de chevalier Bayard, nait en 1475 ou 1476 au château Bayard (à Pontcharra). Il débute dans le métier des armes à 13 ans, comme page du duc Charles de Savoie, puis entre au service du roi de France Charles VIII et participe avec éclat aux guerres d’Italie. Il combat plus tard les Anglais et les Impériaux.

Sur le champ de bataille de Marignan, le jeune François 1er, admiratif de la conduite au combat du capitaine, lui demande de l’adouber. Bayard le sacre chevalier selon un rituel féodal alors tombé en désuétude.

Modèle des vertus de courage et d’honneur militaire, il fut surnommé le "chevalier sans peur et sans reproches".

Invincible à l’épée, Bayard n’a rien pu contre le mortel hasard d’une rencontre avec une balle ennemie. Avec lui meurt l’idéal du combat chevaleresque favorisant l’affrontement des vertus, des honneurs et des valeurs individuelles.

L’admiration suscitée par le chevalier Bayard, à la fois de son vivant et longtemps après sa mort, peut être rapprochée de celle inspirée par les épopées de Jeanne d’Arc ou Bertrand Du Guesclin.


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Source : Article partiellement ou en totalité issu de l'article de Benjamin Deruelle dans collections 68, daté juillet - septembre 2015. (https://www.lhistoire.fr/la-mort-héroïque-du-chevalier-bayard)
Pour les curieux : Max Gallo, François 1er, Roi de France, Roi-Chevalier, Prince de la Renaissance française, XO Editions, 2014.
Didier Le Fur, Marignan : 13-14 septembre 1515, Perrin, 2004,

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