15 février 1575 - Mariage d'Henri et Louise
Rentré de Pologne, Henri, duc d'Anjou, avait décidé de se rendre à Reims pour y être sacré et de se marier dans les moindres délais. Il redoutait la perfidie de son frère François d'Alençon, qui jaloux, était prêt à tout pour s'emparer du trône laissé vacant depuis le décès de Charles IX.
La cérémonie du sacre était programmée pour le dimanche 13 février 1575 et celle du mariage le 15, soit deux jours après.
Autant les préparatifs du sacre furent sans problème, autant le nom de l'heureuse élue pour le mariage suscita de nombreuses interrogations.
On savait qu'Henri avait refusé la main d'Elisabeth d'Autriche (sa belle-sœur, veuve de Charles) et celle d'une princesse suédoise présentée par sa mère Catherine de Médicis et de bien d'autres beaux partis. En vérité il était prêt à refuser toutes prétendantes. Il ne tenait pas à se marier. Le souvenir de son grand amour, décédée en couches depuis à peine cinq mois, Marie de Clèves l'obsédait toujours, mais la raison d'Etat lui "faisait obligation de se hater".
Il n'avait pas oublié Louise de Vaudémont, rencontrée en Lorraine, peu de temps avant son départ pour la Pologne. Elle ressemblait à Marie de Clèves. "La foi de Louise s'accordait à la sienne et sa modestie le rassurait, comme aussi l'admiration qu'elle lui vouait et dont il ne suspectait pas un instant la sincérité. Elle serait la compagne pieuse et paisible dont il avait besoin et que Marie de Clèves eût été, si elle avait vécu."
Sa décision était prise. Il épouserai Louise de Vaudémont. Mais restait une dernière formalité : faire part de ses intentions à sa mère et obtenir son consentement. Henri chargea le fidèle Hurault de Cheverny de cette délicate mission. Apprenant la nouvelle, la reine-mère en fut stupéfaite. Elle pensait que depuis la mort de Marie de Clèves, son fils ne songeait plus à se marier. Ne pouvant rien empêcher, elle pris le parti d'approuver chaudement; bien qu'elle redoutait que les Guise, apparentés à la future reine, profiteraient de la situation. Mais, renseignements pris, elle fut conquise et rassurée par le caractère "doux et dévot de cette princesse plus propre à prier Dieu qu'à se mêler des affaires".
Hurault de Cheverny fut aussi du voyage en Lorraine pour demander par procuration pour Henri la "main" de Louise à son père. La surprise du comte de Vaudémont fut totale! C'est dans un récit à la manière d'un conte de fées que les biographes de Louise de Lorraine ont relaté comment la jeune fille avait appris qu'elle allait épouser Henri III et devenir reine de France. "Dans le triste palais de son père le comte Nicolas de Vaudémont, Louise jouait les Cendrillon. Sa marâtre, Catherine d'Aumale, ne daignait lui adresser la parole et encore moins la visiter. Un matin, quelle ne fut pas sa surprise, lorsque sa belle-mère pénétra chez elle et exécuta les trois révérences réservées aux reines de France. Pensant que Catherine d'Aumale se moquait d'elle, Louise s'empressa de s'excuser d'être encore au lit et de ne pas avoir été à son lever. Avec une douceur imprévue, la marâtre s'excusa à son tour et lui annonça qu'elle allait épouser Henri III. Stupéfaite, Louise crut à une mauvaise plaisanterie. Mais le comte de Vaudémont arriva sur ces entrefaites et confirma l'incroyable nouvelle. Louise se crut alors touchée par une baguette magique". C'était vraiment pour tous, le mariage de Cendrillon et du Prince charmant ! Dès cet instant, Louise voua à Henri un amour absolu.
Mais qui était Louise de Vaudémont ? Née le 30 avril 1553, au château de Nomény, Louise est l'aînée des quatorze enfants de Nicolas de Mercœur, comte de Vaudémont et cadet peu fortuné de la Maison de Lorraine, qui a assumé la régence du duché pendant la jeunesse, puis les absences, de son neveu Charles III. Louise n'a qu'un an lorsque sa mère, Marguerite d'Egmont, issue d'une grande famille des Pays Bas, décède. Sa belle-mère, Jeanne de Savoie Nemours, la traite avec affection, lui fait donner une solide instruction et l'introduit à la Cour de Nancy quand elle a dix ans. Là, elle apprend les bonnes manières, brille dans le monde, assiste même, en Bavière, aux noces de sa cousine Renée de Lorraine avec le duc Guillaume V. Mais de nouveau veuf, son père se remarie avec Catherine d'Aumale. Cette marâtre, hautaine et jalouse, confine la jeune fille dans un isolement rompu, à de rares occasions, par la duchesse Claude, épouse du duc de Lorraine et fille d'Henri II et de Catherine de Médicis.
Elevée simplement et fort pieuse, Louise n'a ni rang ni fortune. Justement, cette absence de dot, qui dans le passé a fait échouer plusieurs projets de mariage, rassure Henri III : la future reine n'existera que par lui et sera toute à lui. Il confia à son chancelier, Philippe Hurault, comte de Cheverny, que s'il se mariait un jour, "qu'il voulait prendre une femme de sa nation qui fut belle et agréable, disant qu'il en désirait une pour la bien aimer et avoir des enfants". De tels propos surprennent, surtout à une époque où mariage et amour ne font pas bon ménage.
Bien sure qu'au fond d'elle-même Catherine aurait préféré une princesse de sang royal, mais c'était le choix de son fils préféré et de plus n'était-il pas préférable à celui de la dernière prétendante Marie d'Elbeuf, de la Maison de Guise, ou de celui de sa maitresse en titre, la jeune Renée de Châteauneuf, qui se flattait toujours d'épouser le roi, surtout depuis la mort de Marie de Clèves.
Le mardi 15 février, Reims est en fête, Louise aux anges et Henri, fraichement couronné, épouse Louise de Vaudémont.
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La cérémonie du sacre était programmée pour le dimanche 13 février 1575 et celle du mariage le 15, soit deux jours après.
Autant les préparatifs du sacre furent sans problème, autant le nom de l'heureuse élue pour le mariage suscita de nombreuses interrogations.
On savait qu'Henri avait refusé la main d'Elisabeth d'Autriche (sa belle-sœur, veuve de Charles) et celle d'une princesse suédoise présentée par sa mère Catherine de Médicis et de bien d'autres beaux partis. En vérité il était prêt à refuser toutes prétendantes. Il ne tenait pas à se marier. Le souvenir de son grand amour, décédée en couches depuis à peine cinq mois, Marie de Clèves l'obsédait toujours, mais la raison d'Etat lui "faisait obligation de se hater".
Il n'avait pas oublié Louise de Vaudémont, rencontrée en Lorraine, peu de temps avant son départ pour la Pologne. Elle ressemblait à Marie de Clèves. "La foi de Louise s'accordait à la sienne et sa modestie le rassurait, comme aussi l'admiration qu'elle lui vouait et dont il ne suspectait pas un instant la sincérité. Elle serait la compagne pieuse et paisible dont il avait besoin et que Marie de Clèves eût été, si elle avait vécu."
Sa décision était prise. Il épouserai Louise de Vaudémont. Mais restait une dernière formalité : faire part de ses intentions à sa mère et obtenir son consentement. Henri chargea le fidèle Hurault de Cheverny de cette délicate mission. Apprenant la nouvelle, la reine-mère en fut stupéfaite. Elle pensait que depuis la mort de Marie de Clèves, son fils ne songeait plus à se marier. Ne pouvant rien empêcher, elle pris le parti d'approuver chaudement; bien qu'elle redoutait que les Guise, apparentés à la future reine, profiteraient de la situation. Mais, renseignements pris, elle fut conquise et rassurée par le caractère "doux et dévot de cette princesse plus propre à prier Dieu qu'à se mêler des affaires".
Hurault de Cheverny fut aussi du voyage en Lorraine pour demander par procuration pour Henri la "main" de Louise à son père. La surprise du comte de Vaudémont fut totale! C'est dans un récit à la manière d'un conte de fées que les biographes de Louise de Lorraine ont relaté comment la jeune fille avait appris qu'elle allait épouser Henri III et devenir reine de France. "Dans le triste palais de son père le comte Nicolas de Vaudémont, Louise jouait les Cendrillon. Sa marâtre, Catherine d'Aumale, ne daignait lui adresser la parole et encore moins la visiter. Un matin, quelle ne fut pas sa surprise, lorsque sa belle-mère pénétra chez elle et exécuta les trois révérences réservées aux reines de France. Pensant que Catherine d'Aumale se moquait d'elle, Louise s'empressa de s'excuser d'être encore au lit et de ne pas avoir été à son lever. Avec une douceur imprévue, la marâtre s'excusa à son tour et lui annonça qu'elle allait épouser Henri III. Stupéfaite, Louise crut à une mauvaise plaisanterie. Mais le comte de Vaudémont arriva sur ces entrefaites et confirma l'incroyable nouvelle. Louise se crut alors touchée par une baguette magique". C'était vraiment pour tous, le mariage de Cendrillon et du Prince charmant ! Dès cet instant, Louise voua à Henri un amour absolu.
Mais qui était Louise de Vaudémont ? Née le 30 avril 1553, au château de Nomény, Louise est l'aînée des quatorze enfants de Nicolas de Mercœur, comte de Vaudémont et cadet peu fortuné de la Maison de Lorraine, qui a assumé la régence du duché pendant la jeunesse, puis les absences, de son neveu Charles III. Louise n'a qu'un an lorsque sa mère, Marguerite d'Egmont, issue d'une grande famille des Pays Bas, décède. Sa belle-mère, Jeanne de Savoie Nemours, la traite avec affection, lui fait donner une solide instruction et l'introduit à la Cour de Nancy quand elle a dix ans. Là, elle apprend les bonnes manières, brille dans le monde, assiste même, en Bavière, aux noces de sa cousine Renée de Lorraine avec le duc Guillaume V. Mais de nouveau veuf, son père se remarie avec Catherine d'Aumale. Cette marâtre, hautaine et jalouse, confine la jeune fille dans un isolement rompu, à de rares occasions, par la duchesse Claude, épouse du duc de Lorraine et fille d'Henri II et de Catherine de Médicis.
Elevée simplement et fort pieuse, Louise n'a ni rang ni fortune. Justement, cette absence de dot, qui dans le passé a fait échouer plusieurs projets de mariage, rassure Henri III : la future reine n'existera que par lui et sera toute à lui. Il confia à son chancelier, Philippe Hurault, comte de Cheverny, que s'il se mariait un jour, "qu'il voulait prendre une femme de sa nation qui fut belle et agréable, disant qu'il en désirait une pour la bien aimer et avoir des enfants". De tels propos surprennent, surtout à une époque où mariage et amour ne font pas bon ménage.
Bien sure qu'au fond d'elle-même Catherine aurait préféré une princesse de sang royal, mais c'était le choix de son fils préféré et de plus n'était-il pas préférable à celui de la dernière prétendante Marie d'Elbeuf, de la Maison de Guise, ou de celui de sa maitresse en titre, la jeune Renée de Châteauneuf, qui se flattait toujours d'épouser le roi, surtout depuis la mort de Marie de Clèves.
Le mardi 15 février, Reims est en fête, Louise aux anges et Henri, fraichement couronné, épouse Louise de Vaudémont.
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