30 juin 1559 - Le tournoi fatal
C'était au tour de la joute des reines, dernier tournoi de la journée, dernière festivité avant le départ d'Elisabeth pour l'Espagne à la rencontre de son futur époux Philippe II. Le roi portait son armure d'apparat, argent et noir, les couleurs de sa maitresse Diane de Poitiers, pourtant c'est à son épouse Catherine qu'il dédia cette dernière passe d'armes. Une Catherine de Médicis, pleine d'appréhension. Nostradamus avait prédit la veille la mort du roi, dans ces dernières Centuries :
Le tournoi fatal |
En champ bellique par singulier duel;
Dans cage d'or les yeux lui crèvera,
Deux classes une, puis mort cruelle.
Par deux fois, dans la journée, le jeune Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, avait déjà failli désarçonner le roi et demanda lui-même d'annuler la joute. Henri II passa outre.
L'ambassadeur d'Angleterre présent dans la tribune royale raconte : "Lorsque la trompette retentit, le jeune de Montgomery lui donna un contrecoup tel qu'il s'abattit sur le tête du Roi, fit sauter son panache, orné de grandes plumes, qui était fixé au heaume par du fer, cassa sa lance, et avec ce qu'il en restait, frappant le visage du Roi, il en envoya un morceau juste au-dessus de son oeil droit avec tellement de force et de violence qu'il eut beaucoup de mal à rester à cheval."
Les deux chevaliers se chargèrent si furieusement que leurs lances se rompirent et que leurs chevaux se dressèrent sur leurs jambes arrière. Montgomery n'eut pas le réflexe d'abaisser le tronçon de sa lance, ou n'en eut pas le temps. Le tronçon souleva la visière mal attachée et entra dans l'oeil, où il demeura fiché. Le roi resta en selle. On le vit soudain lâcher la brise, vaciller, étreindre l'encolure de son cheval qui galopait vers l'entrée de la Lice. On descendit le blessé avec précaution. On lui enleva son heaume. Le visage apparut ensanglanté, avec des esquilles plantées dans l'oeil et dans la tempe.
Le roi avait repris connaissance. Il était parvenu à monter dans sa chambre, avec l'aide de Guise et de Montmorency. Ils l'avaient étendu sur son lit. Les médecins arrivèrent. Ils parvinrent à retirer cinq éclats de bois et firent un pansement. L'agonie du roi dura dix jours. Ambroise Paré, qui avait guéri le duc de Guise d'une blessure presque aussi grave, ne put juguler l'infection. Le 9 juillet, à minuit, on célébra le mariage de la princesse Marguerite, sœur du roi et d'Emmanuel-Philibert, duc de Savoie : la cérémonie, selon Vieilleville, ressemblait à des funérailles.
Henri II mourut le lendemain, vers une heure de l'après-midi.
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