13 vendémiaire an IV - Insurrection royaliste à Paris
Ca s'est passé il y a deux cent vingt-quatre ans.
La nouvelle constitution sur laquelle se penche la Convention durant l'été 1795 promet de satisfaire presque en tout point les attentes des royalistes constitutionnels, les " monarchiens". Le régime qui se dessine est censitaire, non parlementaire, avec un pouvoir exécutif confié à un Directoire de cinq membres. Remplacer ce collège par un roi suffirait pour en faire une monarchie constitutionnelle. Or, ce changement peut être envisagé s'ils obtiennent la majorité dans les deux chambres créées par la nouvelle constitution : celle des Cinq-Cents et celle des Anciens, ce qui n'est pas un espoir insensé dans l'état présent de l'opinion.
Mais la majorité de la Convention ne veut pas d'une restauration monarchique. Les régicides, en particulier, en ont tout à craindre. Elle vote donc, le 4 fructidor an III (21 août 1795), un décret par lequel les deux tiers des futurs députés devront être d'anciens conventionnels.
Soumis au vote des électeurs en même temps que la nouvelle Constitution, le décret est adopté par 167 758 oui contre 95 373 non, malgré les consignes données par les monarchiens qui prescrivent de le rejeter tout en acceptant le nouveau texte constitutionnel (qui est ratifié par 914 853 contre 41 892).
Convaincus que le vote a été truqué, les monarchiens se décident à tenter un coup de force pour le faire annuler. Mais alors que les sections royalistes, au premier rang desquelles la section Le Peletier avec l'appui de journalistes Fiévée, Lacretelle et d'écrivains La Harpe, Marmontel, se réunissent le 11 vendémiaire an IV (3 octobre 1795) sans grand enthousiasme, la Convention, réagit avec énergie : elle se déclare en permanence, se dote d'une commission extraordinaire de cinq membres, parmi lesquels Paul Barras, et recrute pour se défendre des officiers sans emploi, les choisissant parmi ceux connus pour leurs convictions républicaines, parfois même terroristes.
Le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795), la commission des cinq fait marcher le général Jacques de Menou de Boussay contre les sections royalistes. La mollesse de son action lui vaut une révocation immédiate, et la commission se tourne vers un autre général, sans emploi mais bien connu de Barras depuis le siège de Toulon : Napoléon Bonaparte.
Dans la nuit du 12 au 13 vendémiaire, les sections royalistes s'arment et se radicalisent. Ce sont maintenant les royalistes absolutistes qui dirigent le mouvement. Le coup d'État est prévu pour le lendemain.
Les royalistes, disposant de 25 000 hommes, commandés par Auguste Danican, ont une supériorité numérique écrasante sur Bonaparte qui n'en a que 5 000 à 6 000. Mais ses dispositions sont prises. Il s'est adjoint Joachim Murat, qu'il a envoyé chercher des canons au camp des Sablons. Maintenant, toutes les rues qui mènent à la Convention sont sous leur feu.
Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre), vers quinze heures, les sections royalistes investissent la Convention. Barras, commandant en chef, donne l'ordre de tirer et Bonaparte, en second s'exécute et fait ouvrir le feu.
"Dans les rues, c’est la débandade, les corps fauchés par la mitraille. La fumée des départs masque la chaussée et les façades. Des sectionnaires organisent la résistance sur les marches de l’église Saint-Roch, d’autres se rassemblent au palais-Royal. Napoléon monte à cheval. Il faut être là où l’on se bat. Il s’approche du bâtiment des Feuillants, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le cheval tombe, tué. Napoléon se relève indemne, cependant que des soldats se précipitent. Il ordonne d’ouvrir le feu contre les sectionnaires rassemblés. Les marches de l’église Saint-Roch sont bientôt couvertes de corps et de sang. Les rues sont vides. Il n’a fallu que moins de deux heures pour remporter la victoire."(*)
La répression sera légère, selon les critères du temps. Point de vengeance, d’exécutions ou même d’arrestation des insurges d’hier. Le général Jacques de Menou sera acquitté. Seules dix condamnations à mort seront prononcées dans les jours qui suivront. Quelques semaines plus tard, la Convention se sépare aux cris de "Vive la République !" La Convention est sauvée.
Le 6 octobre (14 vendémiaire), Napoléon Bonaparte, est nommé au grade de général de division et le 26 la Convention, avant de se séparer, le désigne comme commandement en chef de l'armée de l'Intérieur.
Le 13 vendémiaire an IV date sa fortune politique. Les "honnêtes gens" le trouvant "jacobins à l’excès" l'appelleront longtemps le général Vendémiaire. "Je tiens à ce surnom, disait-il, ce sera dans l’avenir mon premier titre de gloire".
Source : Texte inspiré du site internet Napoléon & Empire
Mais la majorité de la Convention ne veut pas d'une restauration monarchique. Les régicides, en particulier, en ont tout à craindre. Elle vote donc, le 4 fructidor an III (21 août 1795), un décret par lequel les deux tiers des futurs députés devront être d'anciens conventionnels.
Soumis au vote des électeurs en même temps que la nouvelle Constitution, le décret est adopté par 167 758 oui contre 95 373 non, malgré les consignes données par les monarchiens qui prescrivent de le rejeter tout en acceptant le nouveau texte constitutionnel (qui est ratifié par 914 853 contre 41 892).
Convaincus que le vote a été truqué, les monarchiens se décident à tenter un coup de force pour le faire annuler. Mais alors que les sections royalistes, au premier rang desquelles la section Le Peletier avec l'appui de journalistes Fiévée, Lacretelle et d'écrivains La Harpe, Marmontel, se réunissent le 11 vendémiaire an IV (3 octobre 1795) sans grand enthousiasme, la Convention, réagit avec énergie : elle se déclare en permanence, se dote d'une commission extraordinaire de cinq membres, parmi lesquels Paul Barras, et recrute pour se défendre des officiers sans emploi, les choisissant parmi ceux connus pour leurs convictions républicaines, parfois même terroristes.
Le Général Napoléon Bonaparte |
Dans la nuit du 12 au 13 vendémiaire, les sections royalistes s'arment et se radicalisent. Ce sont maintenant les royalistes absolutistes qui dirigent le mouvement. Le coup d'État est prévu pour le lendemain.
Les royalistes, disposant de 25 000 hommes, commandés par Auguste Danican, ont une supériorité numérique écrasante sur Bonaparte qui n'en a que 5 000 à 6 000. Mais ses dispositions sont prises. Il s'est adjoint Joachim Murat, qu'il a envoyé chercher des canons au camp des Sablons. Maintenant, toutes les rues qui mènent à la Convention sont sous leur feu.
Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre), vers quinze heures, les sections royalistes investissent la Convention. Barras, commandant en chef, donne l'ordre de tirer et Bonaparte, en second s'exécute et fait ouvrir le feu.
"Dans les rues, c’est la débandade, les corps fauchés par la mitraille. La fumée des départs masque la chaussée et les façades. Des sectionnaires organisent la résistance sur les marches de l’église Saint-Roch, d’autres se rassemblent au palais-Royal. Napoléon monte à cheval. Il faut être là où l’on se bat. Il s’approche du bâtiment des Feuillants, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le cheval tombe, tué. Napoléon se relève indemne, cependant que des soldats se précipitent. Il ordonne d’ouvrir le feu contre les sectionnaires rassemblés. Les marches de l’église Saint-Roch sont bientôt couvertes de corps et de sang. Les rues sont vides. Il n’a fallu que moins de deux heures pour remporter la victoire."(*)
La répression sera légère, selon les critères du temps. Point de vengeance, d’exécutions ou même d’arrestation des insurges d’hier. Le général Jacques de Menou sera acquitté. Seules dix condamnations à mort seront prononcées dans les jours qui suivront. Quelques semaines plus tard, la Convention se sépare aux cris de "Vive la République !" La Convention est sauvée.
Le 6 octobre (14 vendémiaire), Napoléon Bonaparte, est nommé au grade de général de division et le 26 la Convention, avant de se séparer, le désigne comme commandement en chef de l'armée de l'Intérieur.
Le 13 vendémiaire an IV date sa fortune politique. Les "honnêtes gens" le trouvant "jacobins à l’excès" l'appelleront longtemps le général Vendémiaire. "Je tiens à ce surnom, disait-il, ce sera dans l’avenir mon premier titre de gloire".
Source : Texte inspiré du site internet Napoléon & Empire
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* Extrait du Napoléon de Max Gallo - Tome 1 : Le chant du départ. (Robert Laffont)
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* Extrait du Napoléon de Max Gallo - Tome 1 : Le chant du départ. (Robert Laffont)
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